La justice turque confirme que l'attentat d'Ankara a été ordonné par l'EI

  • Des membres de la police scientifique recueillent des indices après un attentat suicide devant la gare d'Ankara, le 10 octobre 2015 en Turquie
    Des membres de la police scientifique recueillent des indices après un attentat suicide devant la gare d'Ankara, le 10 octobre 2015 en Turquie AFP - Adem Altan
  • Enterrement de Korkmaz Tedik, membre du parti travailliste turc (EMEP) tué dans les attentats d'Ankara la veille, le 11 octobre 2015 à Ankara
    Enterrement de Korkmaz Tedik, membre du parti travailliste turc (EMEP) tué dans les attentats d'Ankara la veille, le 11 octobre 2015 à Ankara AFP/Archives - ADEM ALTAN
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 27 octobre 2015
    Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 27 octobre 2015 AFP/Archives - Adem Altan
  • Manifestants et policiers anti-émeutes s'affrontent à Istanbul le 13 octobre 2015 lors d'un rassemblement pour dénoncer le double attentat du 10 octobre 2015
    Manifestants et policiers anti-émeutes s'affrontent à Istanbul le 13 octobre 2015 lors d'un rassemblement pour dénoncer le double attentat du 10 octobre 2015 AFP - YASIN AKGUL
Publié le
Centre Presse Aveyron

La justice turque a confirmé mercredi que l'attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre à Ankara avait été commandité par le groupe Etat islamique (EI), dans le cadre d'une campagne de "terreur" destinée à faire annuler les élections législatives.

Deux semaines et demie après l'attaque la plus meurtrière de l'histoire de la Turquie, le bureau du procureur général d'Ankara chargé de l'enquête a affirmé détenir des "preuves sérieuses" qu'elle avait été perpétrée par une cellule jihadiste turque sur ordre direct du quartier général de l'EI en Syrie.

"Cette organisation terroriste a mené l'attaque contre le la gare centrale d'Ankara sur l'ordre du groupe terroriste en Syrie", a indiqué le parquet dans une déclaration.

Deux jours après l'attentat, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu avait lui-même publiquement présenté l'EI comme le "suspect numéro 1", mais sans exclure la responsabilité des rebelles kurdes ou de l'extrême gauche.

Le bureau du procureur général a précisé que la cellule jihadiste qui a opéré à Ankara, formée dans la ville de Gaziantep (sud) près de la frontière syrienne, "avait planifié des attentats en Turquie après avoir reçu des instructions directes de l'organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI) en Syrie".

La cellule turque s'est vu intimer l'ordre d'"attaquer des cibles du PKK (les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan) et antiDaech en Turquie" avec l'objectif de "repousser les élections législatives du 1er novembre", selon les magistrats.

Le PKK et les milices kurdes de Syrie dont il est proche constituent le fer de lance des combattants qui luttent contre l'EI en Syrie et en Irak.

Le 10 octobre, deux kamikazes se sont fait exploser au milieu d'une foule de militants de gauche et de la cause kurde qui dénonçaient la reprise des affrontements entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes du PKK.

L'un d'entre eux a été identifié par les enquêteurs comme étant Yunus Emre Alagöz. Il faisait partie d'un groupe de jeunes radicaux originaire de la ville conservatrice d'Adiyaman (sud), avait combattu en Syrie et était le frère de l'auteur présumé d'un précédent attentat attribué aux jihadistes qui a fait 34 morts en juillet à Suruç (sud).

- 'Liste rouge' -

Le bureau du procureur a confirmé que la cellule de Gaziantep était responsable de l'attentat de Suruç et de celui qui avait fait 5 morts lors d'un meeting du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) à Diyarbakir (sud-est), à l'avant-veille des élections législatives du 7 juin.

Quatre personnes soupçonnées d'avoir participé à l'organisation de l'attentat d'Ankara ont été inculpées et écrouées la semaine dernière, dont le chauffeur du véhicule qui a convoyé les deux kamikazes vers la capitale turque.

La police turque a procédé depuis à de nombreux coups de filet dans les milieux jihadistes, afin d'éviter de nouveaux attentats.

Lundi, deux policiers qui donnaient l'assaut sur plusieurs "planques" jihadistes ont été tués à Diyarbakir par un kamikaze. Sept militants présumés de l'EI ont été tués dans la fusillade qui a suivi et douze autres arrêtés.

Mardi, les forces de l'ordre ont interpellé une soixantaine d'autres suspects à Istanbul, Konya (centre) et Kocaeli (nord-ouest).

Le ministère de l'Intérieur turc a publié mercredi sur son site internet une "liste rouge" de 32 "terroristes" particulièrement recherchés, pour l'essentiel des membres du PKK. Seuls deux d'entre eux sont présentés comme appartenant à l'EI.

A quelques jours des élections législatives, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a promis de continuer la lutte contre "toutes les organisations terroristes" qui menacent la Turquie. Lui-même a attribué l'attentat d'Ankara à un "collectif" incluant l'EI, le PKK, les Kurdes de Syrie et le régime de Damas.

Mais, depuis l'attentat, l'opposition accuse M. Erdogan d'encourager la violence contre le HDP, son adversaire favori dans la course aux législatives, et d'être au mieux complaisant avec le groupe EI, qui combat le président syrien Bachar al-Assad, bête noire d'Ankara.

Après l'attentat de Suruç, le régime turc a toutefois déclenché plusieurs attaques contre l'EI en Syrie et rejoint, sous la pression de ses alliés, la coalition militaire antijihadiste.

Source : AFP

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