Pakistan/Afghanistan: troisième nuit dehors pour les survivants du séisme

  • Un survivant du tremblement de terre récupère des affaires dans les ruines de sa maison, dans le district de Shangla dans le nord du Pakistan, le 28 octobre 2015
    Un survivant du tremblement de terre récupère des affaires dans les ruines de sa maison, dans le district de Shangla dans le nord du Pakistan, le 28 octobre 2015 AFP - SAJJAD QAYYUM
  • Des femmes afghanes pleurent leurs proches morts dans le séisme, dans un cimetière du district de Behsud dans la province de Nangarhar, dans l'est de l'Afghanistan, le 28 octobre 2015
    Des femmes afghanes pleurent leurs proches morts dans le séisme, dans un cimetière du district de Behsud dans la province de Nangarhar, dans l'est de l'Afghanistan, le 28 octobre 2015 AFP - Noorullah Shirzada
  • Des survivants du tremblement de terre attendent de recevoir des tentes et de la nourriture au centre de distribution de l'armée à Lower Dir, dans le nord du Pakistan, le 28 octobre 2015
    Des survivants du tremblement de terre attendent de recevoir des tentes et de la nourriture au centre de distribution de l'armée à Lower Dir, dans le nord du Pakistan, le 28 octobre 2015 AFP - EHSAN ULLAH
  • Des habitants de Chitral, dans la province de  Khyber Pakhtunkhwa dans le nord du pays examinent les ruines d'un immeuble, le 27 octobre 2015
    Des habitants de Chitral, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa dans le nord du pays examinent les ruines d'un immeuble, le 27 octobre 2015 AFP - GUL HAMAADD FAROOQI
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Centre Presse Aveyron

Des familles entières de survivants du séisme qui a fait plus de 380 morts lundi au Pakistan et en Afghanistan passaient mercredi soir une troisième nuit dehors par des températures glaciales, faute d'aide d'urgence dans ces montagnes reculées.

Les terrains escarpés et difficiles d'accès, les communications coupées et l'insécurité dans certaines zones afghanes en conflit compliquaient l'arrivée des secours dans ces régions où la secousse de magnitude 7,5 a détruit des milliers d'habitations.

Des rescapés privés de toit réclamaient soins, vêtements et nourriture, avant que le froid ne fasse lui aussi des victimes.

"L'hiver arrive, tout sera bientôt enneigé, et les enfants ne résisteront pas au froid", a expliqué à l'AFP Shahroon, un habitant du village d'Usiak, dans le très montagneux district de Chitral, à l'extrême nord-ouest du Pakistan.

Tous les enfants de sa famille, dont le plus jeune est âgé de quatre ans, vont dormir dehors ce soir, a-t-il souligné. "Si nous restons ici les enfants vont mourir... Nous avons déjà tout perdu et nous ne pouvons pas attendre de voir ces enfants succomber devant nous, car ils sont tout ce qui nous reste".

Sa famille restera si le gouvernement l'aide à reconstruire sa maison avant l'arrivée de la neige, a-t-il ajouté. "Sinon, nous irons à Rawalpindi ou Peshawar", dans les plaines plus au sud, "ou dans d'autres villes, où nous mendierons sur les routes".

"Les enfants sont obligés de dormir dehors, dans le froid", et pourtant "personne n'est venu aider", déplorait également un habitant de Shangla, un autre district montagneux du nord-ouest très touché par le séisme.

L'Unicef s'est dit "très inquiet sur le sort des enfants (...) qui sont à la merci des éléments alors que les températures plongent".

- Entraide -

Bien que l'épicentre du séisme se situait en Afghanistan, c'est au Pakistan voisin que la majorité des victimes sont pour l'instant recensées: 267 morts, la vaste majorité dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest). Plus de 1.800 personnes ont été blessées et 11.000 maisons endommagées, selon l'Autorité nationale de gestion des catastrophes naturelles.

L'armée pakistanaise a pris la tête des opérations de secours, envoyant des tentes, des équipes médicales et des rations de survie dans les zones sinistrées, tandis que des hélicoptères évacuaient des blessés vers des hôpitaux urbains.

Mais dans des secteurs plus reculés, les habitants ne comptent que sur eux même pour reconstruire et se protéger de l'hiver qui s'approche.

"Nous n'attendrons pas la venue des autorités", a expliqué à l'AFP Lal Jan, un chauffeur de 29 ans, dont la maison s'est effondrée à Chitral. "Les gens ici s'entraident. Ceux dont la maison a tenu le coup fournissent de la nourriture et de quoi s'abriter à ceux qui sont touchés", a-t-il ajouté, entouré de villageois déblayant les gravats.

Selon l'ONG Médecins sans Frontières Pakistan, les sinistrés devraient avoir en priorité besoin "d'abris, car il neige déjà dans les zones les plus montagneuses, et de produits d'hygiène".

Les secours ont commencé mercredi à arriver au Kohistan, district du nord-ouest jusque là isolé. "Les opérations de secours ont débuté mais à petite échelle, nous ne cessons de recevoir des informations sur des dégâts dans des zones éloignées et inaccessibles", a indiqué un officier de police local, Javed Khan.

- Combats -

En Afghanistan, on décomptait mercredi 115 morts, des centaines de blessés et 7.000 habitations détruites par le séisme, dont l'épicentre se trouvait dans les montagnes du Badakhshan (nord-est).

Une bonne partie de cette province, ainsi que d'autres zones touchées, sont aux mains des rebelles talibans, compliquant les secours.

Le mouvement taliban a appelé mardi ses combattants à apporter leur "aide inconditionnelle" aux secours, mais les combats n'ont pas cessé pour autant, y compris dans le nord-est frappé par le séisme.

Les Etats-Unis ont proposé une assistance humanitaire à l'Afghanistan et les médias officiels chinois rapportent mercredi que Pékin a également offert son aide. L'Inde, frère ennemi du Pakistan, s'était manifestée dès lundi.

Rentré mardi d'une visite aux Etats-Unis, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui s'est rendu sur le terrain, a promis aux familles touchées des compensations de 6.000 dollars par proche tué, et 2.000 dollars par maison détruite.

Mais au Pakistan les autorités sont critiquées pour ne pas avoir tiré les leçons du terrible séisme qui avait fait plus de 75.000 morts le 8 octobre 2005, notamment en matière de respect des normes de construction.

"Nous sommes dans une zone sismique. Si nous n'agissons pas maintenant, il y aura de nouveaux morts dans l'avenir," insistait le quotidien The News.

Source : AFP

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