Un numéro vert pour dire "non au harcèlement" à l'école

  • La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, le 31 août 2015 à Dijon
    La ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, le 31 août 2015 à Dijon AFP/Archives - Jean-Philippe Ksiazek
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Centre Presse Aveyron

Pour mieux prévenir et prendre en charge le harcèlement scolaire, le ministère de l’Éducation lance un numéro vert à quatre chiffres, le 3020, et organise une journée dédiée le 5 novembre avec un clip télé destiné aux enfants.

"Certains dans notre société continuent de penser que le harcèlement n'est finalement qu'un jeu d'enfants, un passage obligé", a regretté la ministre Najat Vallaud-Belkacem jeudi, lors d'une conférence de presse. "Quand nous connaissons les drames que le harcèlement peut provoquer, (...) il n'est plus possible de tenir ce discours de banalisation."

Le ministère estime à 700.000 le nombre d'élèves affectés chaque année par du harcèlement modéré à sévère. Ces violences répétées peuvent prendre la forme d'insultes, de menaces, de mise à l'écart, de bousculades, et continuer après la fin des cours sur les portables ou réseaux sociaux. Ce phénomène peut entraîner chez les victimes une perte de l'estime de soi, un sentiment de culpabilité, du décrochage scolaire, voire des troubles psychiques ou des comportements suicidaires.

Le phénomène n'est pas récent, mais en France les pouvoirs publics ne se sont emparés de cette question que depuis trois ans, dans le sillage des travaux de recherche du professeur Éric Debarbieux. Cette lutte, initiée par l'ancien ministre Luc Chatel, a été poursuivie par ses successeurs au-delà des clivages politiques, avec la création sous Vincent Peillon d'une délégation chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire.

Les familles pouvaient depuis 2013 s'adresser à deux numéros verts. Le ministère a souhaité passer maintenant à un numéro à quatre chiffres, plus facile à mémoriser: le 3020, joignable de 09H00 à 18H00 du lundi au vendredi. En cas de "cyber-harcèlement", on peut aussi s'adresser au numéro vert "net écoute" 0 800 200 000.

- Des ambassadeurs lycéens -

Mme Vallaud-Belkacem a également décidé d'instaurer une journée pour dire "non au harcèlement", dont la première édition aura lieu le 5 novembre.

A cette occasion, un clip vidéo d'une minute destiné aux enfants de 7-11 ans et coproduit par la journaliste Mélissa Theuriau sera diffusé sur les chaînes de France Télévisions et Walt Disney. Un écolier roux y est la cible des boulettes et insultes de ses camarades dès que la maîtresse a le dos tourné. Dans le couloir, une camarade lui dit que ça doit s'arrêter, qu'il faut en parler.

Il faut "faire sortir les victimes du silence, car tant qu'on n'en parle pas, le harcèlement ça dure", mais il faut aussi interpeller les témoins, a insisté la ministre.

Mélissa Theuriau a elle-même été victime de mise à l'écart dès l'école primaire. "La situation de honte dans laquelle on peut être plongé empêche un enfant de parler, y compris au sein d'une famille ouverte et aimante", a-t-elle témoigné.

Des émissions de France 2 et France 5, comme "Toute une histoire" et "Les maternelles", seront consacrées le 5 novembre au harcèlement, avec la participation de la ministre. Le clip sera aussi diffusé au cinéma avant le film de Noël de Disney, "Le voyage d'Arlo".

Le ministère a conçu un protocole de prise en charge du harcèlement dans les écoles (qui recommande, par exemple, de ne pas entendre en même temps la victime et le harceleur). Il a aussi élaboré des fiches conseil à destination des personnes concernées. Ces documents sont accessibles sur le site www.nonauharcelement.education.gouv.fr/

Des ambassadeurs lycéens seront formés dans toutes les académies. Ils pourront intervenir dans leur établissement mais aussi dans des écoles et collèges "pour libérer la parole" des élèves.

La jeune Marie, alias "EnjoyPhoenix", connue pour ses vidéos sur YouTube, et elle-même victime de harcèlement, interviendra dans des établissements dans le cadre de la "réserve citoyenne" créée après les attentats de janvier.

Source : AFP

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