Le maire de Rome, plein d'amertume, quitte la scène municipale

  • Le maire de Rome Ignazio Marino, le 30 octobre 2015, à Rome
    Le maire de Rome Ignazio Marino, le 30 octobre 2015, à Rome AFP - FILIPPO MONTEFORTE
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Centre Presse Aveyron

Une majorité d'élus de Rome ont démissionné vendredi entraînant de facto la sortie de scène du maire de la ville éternelle, le très impopulaire Ignazio Marino, au terme d'une saga dont la conclusion était inévitable après le lâchage en règle de sa majorité.

La démission de cette majorité des élus, 26 sur 48, entraîne la déchéance de toutes les institutions municipales et la nomination dans de très brefs délais d'un commissaire qui dirigera la ville jusqu'aux prochaines élections, vraisemblablement à l'été 2016.

Si l'on en croit les sondages, c'est le mouvement contestataire Cinq Etoiles, fondé par l'ex-comique Beppe Grillo, qui a le vent en poupe.

Ignazio Marino, 60 ans, n'a pas caché son amertume lors d'une ultime conférence de presse vendredi soir au Capitole, le siège de la mairie de Rome.

Le Parti démocrate (PD) du chef du gouvernement Matteo Renzi, chef de file de la majorité à l'assemblée de Rome, "m'a déçu parce que ses dirigeants ont renoncé à agir dans les limites de la démocratie reniant ainsi le propre nom" du parti, a-t-il déclaré sous les applaudissements de quelques dizaines de ses partisans.

Le torchon brûlait depuis des mois entre cet ancien chirurgien et sa majorité de centre gauche, à mesure qu'augmentait son impopularité et les campagnes de presse le concernant. Matteo Renzi l'avait pratiquement cloué au pilori en juillet, et flanqué d'un préfet chargé de l'"aider" dans la gestion quotidienne de la ville. "Rome ne mérite pas cela", avait alors lancé le président du Conseil dans une tribune publiée par le quotidien romain Il Messaggero, après une série d'articles, y compris dans la presse étrangère, dénonçant le délabrement de la capitale italienne.

- Acharnement et obstination -

"Celui qui m'a poignardé a 26 noms et il me semble un seul commanditaire", a déclaré vendredi soir Ignazio Marino. Il s'est dit aussi étonné de l'acharnement à éviter un débat en assemblée communale en forçant cette dernière à la démission. "Il y a quelque chose qui m'échappe dans une telle obstination à persuader les conseillers élus par le peuple à éviter une confrontation avec le maire élu par le peuple", a-t-il ainsi déclaré.

Reconnaissant certaines erreurs, Ignazio Marino a surtout défendu son bilan, rappelant que la ville qu'il avait conquise en 2013 était criblée de dettes et la proie de bandes mafieuses. "Rome est redevenue vertueuse", a-t-il affirmé.

Ignazio Marino est sorti indemne du scandale Mafia capitale, un vaste réseau criminel d'entrepreneurs et de politiques de tous bords, dont les affaires allaient de la gestion des ordures à l'accueil des réfugiés. Et plus tôt dans la journée, il s'était une nouvelle fois défendu, affirmant n'avoir jamais détourné un seul centime d'argent public.

Mais les Romains ne lui ont pas pardonné sa supposée inaction face aux désordres d'une ville dont ils ne supportent plus les retards dans les transports en commun et la saleté dans les rues.

Elu en 2013 pour cinq ans, le maire a d'abord été accusé d'avoir utilisé sans permis d'accès valide sa Fiat Panda personnelle dans le centre historique. Mais il a été aussi critiqué pour avoir banni les voitures de la grande avenue longeant les forums antiques et limité les terrasses des restaurants sur les places ou trottoirs. Un fait d'armes qui m'a valu l'hostilité de certains pouvoirs établis à Rome, a-t-il assuré vendredi soir.

Le pape lui-même a participé fin septembre à cette offensive, en démentant avoir jamais invité M. Marino lors de sa visite à Philadelphie.

Ce lâchage en règle de la part du Vatican, a quelques semaines du début le 8 décembre d'une année sainte qui devrait attirer des millions de pèlerins à Rome, a sonné le glas pour Ignazio Marino. Il avait présenté sa démission le 12 octobre à la suite d'une énième affaire dans laquelle il s'était trouvé impliqué, qui concernait des notes de frais injustifiées.

Source : AFP

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