Vols Rodez-Paris : les grands voyageurs passent à l’offensive

  • En lançant une nouvelle délégation de service public, la Sem Air 12 espère mettre fin à ses (trop) nombreux dysfonctionnements.
    En lançant une nouvelle délégation de service public, la Sem Air 12 espère mettre fin à ses (trop) nombreux dysfonctionnements. José A. Torres
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Lola Cros

Économie. Depuis plusieurs années déjà, ils tirent la sonnette d’alarme. Aujourd’hui excédés, les habitués de la ligne, majoritairement des chefs d’entreprise, s’organisent pour faire pression sur la compagnie.

«Infernal !» Lundi, Denis Saules, directeur général de la mutuelle Viasanté, n’avait pas posé le pied à terre qu’il manifestait son envie furieuse de témoigner. Comme toutes les semaines, il devait se rendre à Paris pour la journée. Après une heure de retard annoncée, le personnel de Hop! demande aux passagers de patienter 50 minutes supplémentaires dans l’avion afin d’obtenir les créneaux de décollage.

Trop tard pour sa réunion parisienne, il demande à être débarqué de l’avion. À ces situations, quasi quotidiennes avec la filiale d’Air France, plus d’une dizaine de «grands voyageurs» a décidé de ne pas s’habituer. Les uns après les autres, chefs d’entreprise et hommes d’affaires aveyronnais -principaux usagers de la ligne Rodez-Paris-, écrivent à la direction de Hop!

«J’envisage un transfert du siège de mon entreprise»

«Ne rien dire, c’est accepter, explique Denis Saules, qui s’est adressé par écrit au directeur général exécutif de la compagnie. Cette problématique pénalise humainement et financièrement notre entreprise, autant que notre territoire.» Dans son courrier, dont Centre Presse s’est procuré une copie, ce dernier évoque «un film cauchemardesque diffusé en boucle» qui lui fait «envisager un transfert de siège (actuellement à Rodez, NDLR) vers d’autres départements», mieux reliés à la capitale, «avec tous les impacts que cela suppose». Depuis janvier, le chef d’entreprise a effectué 70 vols sur la ligne Rodez-Paris, seuls 30 se sont correctement déroulés, à quinze minutes près. Et de déplorer les raisons invoquées : un co-pilote qui s’oublie, une trappe de carburant ouverte, un problème d’étanchéité de la porte, etc.

539 euros l’aller-retour

«À cause de ces dysfonctionnements, mes collaborateurs et moi devons prévoir de monter à Paris la veille au soir avec tous les frais que cela implique, continue-t-il. Et ce, sans compter le prix du billet, sachez qu’en tant qu’abonné je paie 539 euros l’aller-retour. Après, ils s’étonnent de la baisse de fréquentation !» (lire par ailleurs). Excédés par ces annulations et retards à répétition, plusieurs chefs d’entreprise du département ont décidé, de manière informelle, de se fédérer pour peser dans les décisions. La Société d’économie mixte (Sem Air12), qui rassemble Rodez Agglomération, la CCI et le conseil départemental et exploite l’aéroport, entend, de son côté, faire valoir ces témoignages dans les négociations en cours pour la nouvelle délégation de service public lancée récemment.

Situation «exaspérante»

Elle devrait aboutir en décembre : deux compagnies, dont Hop!, sont actuellement en négociation avec le syndicat mixte ,(lire par ailleurs).  En première ligne face aux voyageurs mécontents, Tom Roberts, directeur de l’aéroport, abonde dans le même sens. «Personne de la compagnie n’est présent pour répondre aux clients, c’est nous, le personnel, qui recueillons les doléances et gérons au quotidien, confie-t-il. Nous faisons systématiquement remonter à la direction de Hop! Mais, sincèrement, la situation est exaspérante, aussi, pour nous.» Si jusqu’à fin septembre la ponctualité des rotations semblait s’améliorer, une nette rechute depuis le début du mois désole le directeur. «Hop! est au courant, et répond que les services font de leur mieux, explique-t-il encore. Je ne peux pas m’empêcher de me mettre du côté des clients, et s’ils acceptent des tarifs aussi conséquents, ils méritent un service digne.»

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