Climat : aux côtés de la France, la Chine s'engage en vue d'un accord contraignant à Paris

  • Les présidents français François Hollande (g) et chinois Xi Jinping à Pékin, le 2 novembre 2015
    Les présidents français François Hollande (g) et chinois Xi Jinping à Pékin, le 2 novembre 2015 POOL/AFP - JASON LEE
  • Le président français François Hollande (2e à g) et le maire de la ville Huang Qifan (g) le 2 novembre 2015 à Chongqing, en Chine
    Le président français François Hollande (2e à g) et le maire de la ville Huang Qifan (g) le 2 novembre 2015 à Chongqing, en Chine AFP - JOHANNES EISELE
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Centre Presse Aveyron

La Chine et la France se sont entendues lundi à Pékin pour parvenir à un accord contraignant à la conférence de Paris sur le climat, assorti d'une clause de révision tous les cinq ans des engagements pris par les Etats, une nette évolution dans l'attitude de Pékin.

L'accord a été annoncé dans une déclaration commune des présidents chinois et français, MM. Xi Jinping et François Hollande, réunis dans l'enceinte solennelle du Palais du peuple, au premier jour de la visite officielle du président français destinée à convaincre son homologue.

Selon M. Hollande, cette prise de position de la part d'un pays qui avait largement fait capoter la conférence de Copenhague en 2009 marque "un pas majeur" vers un accord à la COP21 (30 novembre-11 décembre) visant à limiter à deux degrés la hausse des températures.

"Avec cette déclaration, nous avons posé les conditions qui nous permettent d'entrevoir un succès", a-t-il dit, ajoutant qu'"un accord est désormais possible" dans la capitale française.

Vendredi, l'ONU avait salué l'effort mondial "sans précédent" mais appelé à des politiques encore plus volontaristes dans les prochaines années pour rester sous les deux degrés, seuil au-delà duquel les experts craignent un emballement du système climatique.

Mécanisme de suivi essentiel aux yeux de Paris, les engagements des Etats devront faire l'objet d'une "revue complète tous les cinq ans sur les progrès accomplis", ont souligné dans leur déclaration les deux présidents, qui ont affiché leur "détermination à oeuvrer ensemble" au succès de la conférence.

La France et la Chine ont en outre souligné l'importance d'adopter à la COP21 un programme de travail et d'"instaurer un dialogue facilitateur" en 2017/2018 pour éventuellement encore renforcer l'action des Etats avant 2020, date de l'entrée en vigueur de l'accord qui sera négocié à la conférence sur le climat.

A un mois de l'ouverture de la COP21, qui doit réunir quelque 195 pays, Pékin et Paris insistent sur des stratégies nationales de développement sobre en carbone pour 2050 et se sont prononcés pour que l'accord global attendu soit "juridiquement contraignant".

Selon une source diplomatique française, ce terme ne recouvre pas de sanctions internationales mais "à partir du moment où un pays ne remplira pas ses obligations, la pression politique sera extrêmement forte".

- Révolution chinoise sur le climat -

"Nous sommes optimistes quant au succès de cette conférence", a assuré Xi Jinping, ajoutant que son pays "poursuivait ses efforts" dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Greenpeace a salué cette déclaration, jugeant "encourageant de voir s'agiter la diplomatie. Avec le récent déclin de la consommation de charbon et le robuste développement des énergies renouvelables, la Chine se place en première ligne sur le climat", estime l'organisation.

Selon une source diplomatique française, "on peut en effet parler d'une évolution de la Chine. Les Chinois font preuve d'une bonne volonté car ils ont compris leur intérêt, y compris économique (sur le développement de la croissance verte, nldr). Il y a eu une prise de conscience; à Pékin, chaque habitant inhale tous les jours l'équivalent de 40 cigarettes".

Responsable de quelque 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'engagement de la Chine fait d'elle un arbitre majeur dans les négociations, dont la dernière session de travail à Bonn a ravivé la traditionnelle fracture entre pays développés et en développement.

Les premiers doivent continuer à "prendre l'initiative en adoptant des objectifs ambitieux chiffrés", souligne la déclaration commune.

Les pays en développement, de leur côté, doivent en même temps "s'orienter progressivement vers des objectifs chiffrés de réduction et de limitation des émissions", et ce "en fonction de leurs situations nationales".

Le président Hollande était arrivé lundi en Chine dans l'espoir d'obtenir de Xi Jinping une forte déclaration commune, dont la préparation achoppait notamment sur le caractère contraignant des accords attendus à Paris et sur les mécanismes de suivi.

En tant que chef de file du "groupe des 77" (qui rassemble les pays en développement), la Chine peut exercer des pressions considérables sur ses partenaires à la conférence, en particulier sur l'Inde, quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre.

Une série d'accords de coopération ont en outre été signés lundi. La compagnie française Areva a ainsi annoncé avoir signé à Pékin un protocole d'accord avec CNNC prévoyant une possible prise de participation minoritaire du groupe nucléaire chinois à son capital après son recentrage sur le cycle du combustible.

Source : AFP

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