Les homosexuels vont pouvoir donner leur sang, mais à certaines conditions

  • L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida
    L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida AFP/Archives - Georges Gobet
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Centre Presse Aveyron

Les homosexuels vont pouvoir donner leur sang à partir du printemps 2016, la "fin d'une discrimination et d'un tabou" selon le gouvernement, mais les associations dénoncent les conditions posées, notamment l'abstinence d'un an.

L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida.

"Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c’est aujourd’hui un tabou, une discrimination qui sont levés", a déclaré la ministre de la Santé Marisol Touraine en présentant mercredi ces mesures aux associations de défense des homosexuels.

La ministre s'était engagée dès 2012 à revenir sur cette interdiction, conformément à la promesse faite par François Hollande avant la présidentielle.

Pour garantir la sécurité des receveurs, le changement se fera "par étape", a-t-elle précisé. La première, au printemps 2016, marquera "la fin de l'exclusion permanente des homosexuels du don".

A partir de cette date, le "don de sang total" - la forme la plus courante où toutes les composantes du sang (cellules et plasma) sont prélevées - sera ouvert aux hommes qui n'auront pas eu de relations homosexuelles depuis douze mois, après un questionnaire et un entretien.

"Cette décision garantit la sécurité du don du sang", a souligné Marisol Touraine qui veut "rassurer les receveurs".

"Le risque sera tout à fait comparable" à celui qui existe aujourd'hui, a renchéri le Dr Benoit Vallet, directeur général de la santé.

Dans le système actuel, dix à quinze donneurs sont diagnostiqués séropositifs chaque année, soit un risque "résiduel" de l'ordre de 1 pour 3.500.000 dons. Mais le dernier cas de contamination d'un receveur date d'il y a 13 ans.

Les hommes qui, au cours des 4 derniers mois, n’ont pas eu de relation homosexuelle ou ont eu un seul partenaire, pourront donner leur plasma (partie liquide du sang qui sert notamment en chirurgie). Celui-ci sera mis en quarantaine pendant deux mois et demi environ pour s'assurer de son innocuité.

- Deuxième étape en 2017 -

Ce dispositif va, en outre, permettre aux autorités sanitaires de mener une étude sur ces nouveaux donneurs. Si l'absence de risques est confirmée, les règles du don pour les homosexuels (ou les hommes ayant eu au moins un rapport avec un autre homme), se rapprocheront en 2017 de celles appliquées aux autres donneurs, selon le ministère.

La fin de l'exclusion des homosexuels permettra d'avoir 21.000 donneurs supplémentaires, soit 37.000 dons de plus (sur la base de trois dons en moyenne par an et par donneur), selon M. Vallet.

"37.000 dons, c'est trois jours d'autonomie supplémentaire et c'est déjà beaucoup", note François Toujas, président de l'Etablissement français du sang (EFS). En 2014, 1,6 million de personnes ont donné leur sang en France.

Les associations ont salué cette "avancée", mais elles déplorent que les conditions du don de sang ne soient pas les mêmes pour tous.

C'est "la fin de l'exclusion systématique et à vie des homosexuels et bisexuels masculins des dons de sang", s'est félicité SOS Homophobie, qui "regrette" toutefois "très fortement le maintien des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle".

"Je me réjouis de la fin de l'exclusion du don du sang des gays, mais n'approuve pas les conditions", a renchéri Jean-Luc Roméro, président d'Elus locaux contre le Sida (ECLS), sur Twitter.

C'est cette dernière condition qui fait débat: si l'Inter-LBGT était en faveur de la proposition retenue par la ministre, prévoyant douze mois d'abstinence sexuelle, d'autres comme la Fédération LGBT ou SOS homophobie réclamaient un délai "de quatre mois à partir du moment où il y a eu relation multipartenariale, pour les hétéros, comme pour les homos", a expliqué à l'AFP Dominique Ganaye, porte-parole de la fédération LGBT.

En optant pour un délai de 12 mois, la France "s'aligne sur la plupart des pays" qui ont abandonné le système d'exclusion des homosexuels, a fait valoir Marisol Touraine, citant notamment le cas des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Australie.

Dans ces pays, on n'a pas constaté d'augmentation du risque de transmission du virus du sida lors des transfusions, rappelle la Direction générale de la santé.

Source : AFP

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