Crash en Egypte: l'hypothèse d'un attentat à la bombe "fortement privilégiée"

  • Des débris de l'Airbus de la compagnie russe Metrojet dans le Sinaï égyptien le 1er novembre 2015
    Des débris de l'Airbus de la compagnie russe Metrojet dans le Sinaï égyptien le 1er novembre 2015 AFP/Archives - KHALED DESOUKI
  • Des débris de l'avion A321 sur le site du Wadi al-Zolomat dans la péninsule du Sinaï le 1er novembre 2015
    Des débris de l'avion A321 sur le site du Wadi al-Zolomat dans la péninsule du Sinaï le 1er novembre 2015 AFP - KHALED DESOUKI
  • Un morceau de la carlingue de l'airbus de la compagnie russe, le 1er novembre 2015 après qu'il s'est écrasé dans le dans le désert du Sinaï
    Un morceau de la carlingue de l'airbus de la compagnie russe, le 1er novembre 2015 après qu'il s'est écrasé dans le dans le désert du Sinaï RUSSIA'S EMERGENCY MINISTRY/AFP - MAXIM GRIGORYEV
  • Crash de l'avion russe : probablement une bombe
    Crash de l'avion russe : probablement une bombe AFP - INFOGRAPHIE, js/pld/sc
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Centre Presse Aveyron

L'analyse des boîtes noires de l'avion russe qui s'est écrasé dans le Sinaï permet de "privilégier fortement" l'hypothèse d'un attentat à la bombe, selon des sources proches du dossier, alors que la Russie a suspendu vendredi ses vols vers l'Egypte.

Washington a par ailleurs demandé à "certains" aéroports du Moyen-Orient de renforcer leurs mesures de sécurité pour les vols en direction des Etats-Unis, par mesure de "précaution".

Le responsable égyptien de l'enquête ainsi que le ministre de l'Aviation civile doivent tenir une conférence de presse samedi au Caire (15H00 GMT).

Six jours après le crash qui a coûté la vie aux 224 personnes à bord, la thèse d'une bombe ayant explosé dans l'Airbus de la compagnie russe Metrojet 23 minutes après son décollage de Charm el-Cheikh s'imposait vendredi de plus en plus clairement.

Une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que l'analyse des deux boîtes noires de l'avion, croisée avec des relevés sur les lieux du crash et l'expérience des enquêteurs, permettait de "privilégier fortement" l'hypothèse d'un attentat à la bombe.

En effet, le décryptage de l'enregistreur des données de vol (Flight Data Recorder) et de l'enregistreur des voix dans le cockpit (Cockpit Voice Recorder) indique que "tout était normal" jusqu'à la 24e minute de vol quand ces deux boîtes noires ont brutalement cessé de fonctionner, comportement symptomatique d'une "très soudaine dépressurisation explosive", selon cette source qui a requis l'anonymat.

"L'hypothèse d'une explosion avec pour origine une défaillance technique, un incendie ou autre, apparaît hautement improbable", a-t-elle ajouté.

Le groupe Etat islamique (EI), dont la branche égyptienne est active dans le Sinaï, a affirmé être responsable de ce crash mais sans expliquer comment.

- 'Engin pyrotechnique' -

Une autre source proche du dossier a expliqué à l'AFP que l'analyse d'une boîte noire confirmait le caractère "brutal" et "soudain" de l’événement ayant précipité la chute de l'appareil, précisant que des photos montrant certains débris criblés d'impacts allant de l'intérieur vers l'extérieur "accréditent plutôt la thèse d'un engin pyrotechnique".

Jeudi, Londres et Washington avaient ouvertement évoqué la piste d'une bombe.

La Russie est d'abord restée prudente face à cette thèse après ce que constitue la pire catastrophe aérienne ayant frappé la Russie, mais le président Vladimir Poutine, sur recommandation des services secrets, a ordonné vendredi la suspension des vols civils russes vers l'Egypte.

Il a aussi demandé au gouvernement d'"assurer le rapatriement des citoyens russes". Selon le vice-Premier ministre russe Arkady Dvorkovich, en charge de ce dossier, il y aurait actuellement entre 45.000 et 70.000 Russes en Egypte . La Russie n'évacue pas ses ressortissants mais mène une "rapatriement planifié" de ceux qui souhaitent quitter l'Egypte, a-t-il assuré. Ces derniers ne pourront partir qu'avec leur "bagage à mains le plus nécessaire".

A ces fins, la compagnie nationale Aeroflot a envoyé à vide son vol du vendredi soir à destination du Caire, selon un responsable cité par l'agence Interfax.

Le rapatriement a déjà commencé pour les quelque 20.000 citoyens britanniques présents à Charm el-Cheikh, station balnéaire du sud de la péninsule du Sinaï.

Le premier avion envoyé du Royaume-Uni pour rapatrier des touristes a atterri vendredi peu après 16H30 GMT à l'aéroport londonien de Gatwick, selon un journaliste de l'AFP. D'après la compagnie EasyJet, 180 personnes étaient à bord.

- 'Tellement reconnaissante' -

Sept autres avions devaient décoller vendredi de Charm el-Cheikh à destination du Royaume-Uni, d'après les autorités égyptiennes.

"Je suis tellement reconnaissante d'être de retour avec ma famille", a confié aux journalistes une passagère de ce premier vol, Emma Turner, en larmes. "Je ne pensais pas que nous allions réussir à rentrer".

Mais à l'aéroport de Charm el-Cheikh, c'est la confusion et la colère qui dominaient vendredi chez les nombreux touristes britanniques bloqués, qui déploraient le manque de communication de leurs autorités. L'ambassadeur de Grande-Bretagne a d'ailleurs été interpellé par des touristes à son arrivée à l'aéroport.

Des centaines de touristes russes patientaient eux aussi dans des files d'attente au milieu de leurs bagages devant les comptoirs de compagnies russes.

A Washington, le ministre américain de la Sécurité intérieure a annoncé que "certains" aéroports du Moyen-Orient avaient été priés de renforcer leurs mesures de sécurité pour les vols en direction des Etats-Unis, par mesure de "précaution". Il s'agit notamment "d'élargir les contrôles sur les objets" embarqués dans les avions, a-t-il dit.

Après les premières déclarations jugeant probable la thèse de l'attentat, plusieurs compagnies étrangères dont les britanniques avaient suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants de s'y rendre.

Ce drame risque de porter un nouveau coup dur au tourisme en Egypte, un pays déjà affecté par des années d'instabilité depuis la chute de Hosni Moubarak à l'issue d'une révolte populaire en 2011.

Source : AFP

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