Tensions sur le rôle de l'Etat: Renault temporise, Nissan s'impatiente

  • Un montage photo, réalisé le 6 avril 2010, montre les logos de Renault (g) et de Nissan
    Un montage photo, réalisé le 6 avril 2010, montre les logos de Renault (g) et de Nissan AFP/Archives - -
  • Le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, le 16 septembre 2015 à Francfort
    Le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, le 16 septembre 2015 à Francfort AFP/Archives - ODD ANDERSEN
  • Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, à Rennes, dans l'ouest de la France, le 6 novembre 2015 Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, à Rennes, dans l'ouest de la France, le 6 novembre 2015
    Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, à Rennes, dans l'ouest de la France, le 6 novembre 2015 AFP - THOMAS BREGARDIS
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Centre Presse Aveyron

Le conseil d'administration de Renault a temporisé vendredi à l'issue d'une semaine de montée des tensions sur le rôle de l'Etat actionnaire, tandis que le partenaire japonais Nissan a manifesté son impatience.

Dans un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion extraordinaire, les 19 membres du conseil de la firme au losange ont dit avoir "décidé de s'organiser pour favoriser la recherche et la formalisation d'une solution préservant l'intérêt social de Renault et renforçant l'alliance" avec Nissan.

Concrètement, selon une source proche des participants, le conseil a décidé "de désigner en son sein une sorte de comité ou cellule chargée de proposer une solution", tandis que de source syndicale, la réunion s'est déroulée avec "la volonté de calmer le jeu".

Cette rencontre s'est en effet déroulée au terme d'une nouvelle semaine de tiraillements entre Nissan et Bercy sur l'influence récemment renforcée de l'Etat chez Renault.

En fin de matinée, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a prévenu qu'il ne "laisserai(t) jamais mettre l'Etat en fragilité, jamais considérer l'Etat comme un actionnaire au rabais ou jamais laisser dire des contre-vérités sur ce que fait l'Etat" chez Renault.

Et Nissan a laissé percevoir son impatience, son directeur de la compétitivité, Hiroto Saikawa, affirmant que son entreprise "voudrait résoudre cette question dès que possible afin de pouvoir rétablir les bases d'une alliance fructueuse".

A la source des tensions, la décision du gouvernement français de monter au capital de l'ancienne Régie nationale au printemps. De 15%, la part de l'Etat est montée à 19,7%.

Le gouvernement a ainsi réussi à imposer, lors de l'assemblée générale des actionnaires le 30 avril, l'application de la loi "Florange" qui récompense les détenteurs d'actions de long terme par l'octroi de droits de vote double.

Le coup de force du gouvernement, qui va pouvoir exercer de tels droits dès la prochaine AG en 2016, a provoqué l'"inquiétude" de Nissan, dirigé, comme Renault, par Carlos Ghosn. Les deux entreprises sont liées depuis 1999.

- Ghosn convoqué à l'Assemblée? -

Vendredi, M. Macron a martelé que "les droits de vote double, c'est l'application de la loi Florange, elle s'est décidée en assemblée générale".

La représentation nationale a aussi donné de la voix. Henri Emmanuelli a souhaité que M. Ghosn, dont il a regretté la "réaction hostile et publique" à la manoeuvre du gouvernement, vienne s'expliquer devant la Commission des finances.

Le député des Landes a souligné que les votes doubles chez Renault permettaient à l'Etat de "peser sur les choix stratégiques de cette société et en particulier la préservation des emplois et des centres de décision et de recherche en France".

De son côté, M. Macron a redit vendredi que l'Etat retrouverait à terme son niveau de 15% dans Renault, sans préciser à quelle échéance.

Renault détient 43,4% de Nissan et une filiale de ce dernier contrôle 15% du groupe français.

Cependant, au titre de règles sur "l'autocontrôle", les actions détenues par Nissan ne lui confèrent pas de droits de vote à l'assemblée générale de Renault, une situation que le constructeur japonais supporte de plus en plus mal.

Nissan, qui traversait de graves difficultés quand l'alliance a été conclue, "pèse" aujourd'hui 42 milliards d'euros en Bourse contre moins de la moitié, 17,6 milliards, pour l'entreprise française.

Ces dernières semaines, les rumeurs ont enflé sur une modification de l'alliance: possibilité de voir Renault passer sous la barre des 40% de Nissan afin de débloquer les droits de vote du japonais chez Renault, voire que Nissan monte au capital de son partenaire pour contrer l'influence de l'Etat.

"Nous ne comprenons pas pourquoi M. Macron est opposé à l'idée de droits de vote pour Nissan", a déclaré à l'AFP une source au courant des discussions, en souhaitant que "les principales parties prenantes puissent avoir la voix au chapitre sur la façon dont l'alliance fonctionne".

"Nous n'allons pas laisser quelqu'un d'autre démolir l'alliance ou atteindre ses ambitions politiques sur le dos des employés de Nissan-Renault", a ajouté cette source s'exprimant sous couvert d'anonymat.

La CGT de Renault a pour sa part dénoncé vendredi "les gesticulations du gouvernement et de Carlos Ghosn amplifiées par la presse" et affirmé dans un communiqué que "les pseudo-différends entre les dirigeants (de) Renault-Nissan et l'Etat occultent les difficultés réelles auxquelles sont confrontés les salariés".

Source : AFP

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