"Réveille-toi, Birmanie!": chants de victoire contre silence radio

  • Des partisans d'Aung San Suu Kyi manifestent leur joie le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun
    Des partisans d'Aung San Suu Kyi manifestent leur joie le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun AFP - Ye Aung Thu
  • Des partisans d'Aung San Suu Kyi manifestent leur joie le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun
    Des partisans d'Aung San Suu Kyi manifestent leur joie le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun AFP - Ye Aung Thu
  • Des partisans d'Aung San Suu Kyi rassemblés le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun
    Des partisans d'Aung San Suu Kyi rassemblés le 9 novembre 2015 devant le siège de la LND à Rangoun AFP - Ye Aung Thu
Publié le
Centre Presse Aveyron

"Réveille-toi, Birmanie!". Devant le siège du parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, une foule vêtue de rouge chante sa victoire aux élections historiques de dimanche, tranchant avec le silence radio du régime sortant.

"Réveille-toi, Birmanie! La LND arrive", chantent les partisans de la Ligue nationale pour la démocratie, reprenant en chœur une des chansons phare de la campagne d'Aung San Suu Kyi, interprétée par des stars de la pop birmane.

Massée par centaines devant un écran géant installé devant le siège du parti, en plein Rangoun, la foule s'exclame à chaque fois que s'affichent des résultats, égrenés par la commission électorale en direct à la télévision.

Une telle célébration aurait été encore inimaginable il y a quelques années en Birmanie, un pays qui ne s'ouvre au monde que depuis l'autodissolution de sa junte militaire en 2011.

La population a encore à l'esprit les massacres des manifestations étudiantes de 1988 ou la répression de la révolution de safran de 2007, à une époque où Aung San Suu Kyi était encore en résidence surveillée et ses prises de parole en public impensables.

Ces derniers jours, la diffusion en boucle à la télévision d'un clip mettant en garde contre toute manifestation de type printemps arabe avait inquiété. Nombre craignaient que le pouvoir de transition en place, assumé par des généraux convertis aux réformes, ne tolère pas un tel déchaînement de joie partisane.

"Nous en avons assez des militaires. Mère Suu (le surnom affectueux par lequel nombre de Birmans appellent l'opposante) apporte le changement. Cela commence ce soir", explique Tin Htun Aung, 30 ans, un autocollant de LND collé sur chacune de ses joues, tout en agitant un grand drapeau du parti, dont l'emblème est un paon doré sur fond rouge.

- Suu Kyi, icône providentielle -

"Ma fille a neuf ans, je veux que mon pays soit mieux quand elle sera plus grande... Nous sommes un pays très pauvre. Suu Kyi peut y remédier", dit-il espérer, alors même qu'Aung San Suu Kyi est critiquée pour la faiblesse de son programme de développement économique.

Les partisans du régime sont restés quant à eux étonnamment discrets et le président Thein Sein, un ancien général en charge de la transition post-junte depuis 2011, est resté invisible lundi.

La télévision a diffusé en direct le décompte des voix - une innovation technique et médiatique importante dans un pays où le JT se résume encore largement à des plans fixes d'inaugurations par des officiels.

Quelques plans de la foule rouge rassemblée devant le siège de la LND sont même apparus fugacement sur les écrans, chose rare.

Dans cette foule, les espoirs de vie meilleure reviennent souvent, le pays peinant malgré les récentes réformes à se remettre de décennies de junte ayant laissé l'économie, l'administration et les hôpitaux dans un état désastreux.

La question de l'amélioration du système scolaire, sous-financé pendant des décennies, est également au centre des préoccupations.

"Notre système d'éducation est en lambeaux. Nous ne pouvons pas entrer en compétition avec les autres pays", explique Kaung Htet Thaw, une étudiante en économie de 18 ans, entre deux couplets des chansons de la LND, retransmises par des hauts-parleurs géants.

"Si la LND gagne, ils nous aideront à nous améliorer", dit-elle avec conviction.

Habillée en rouge de la tête aux pieds, Phyo Sin Hyaw, informaticienne travaillant à Singapour, explique être revenue exprès pour voter.

"C'est une foule jeune. Ils ont besoin de changement. Ils veulent des emplois et que le pays se développe. Leur heure est arrivée".

Source : AFP

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