L'UE approuve l'étiquetage des produits des colonies israéliennes malgré la colère d'Israël

  • Un homme brandit un drapeau palestinien dans un champs d'oliviers à Hébron en Cisjordanie occupée, le 16 octobre 2010
    Un homme brandit un drapeau palestinien dans un champs d'oliviers à Hébron en Cisjordanie occupée, le 16 octobre 2010 AFP/Archives - Hazem Bader
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Centre Presse Aveyron

L'UE a approuvé mercredi la mise en oeuvre de l'étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, une mesure aussitôt dénoncée par Israël qui a averti qu'elle pourrait endommager ses relations avec l'Union.

La décision controversée, attendue depuis des mois mais reportée à plusieurs reprises, a été approuvée lors d'une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles, selon une source de la Commission.

La Commission a "adopté ce matin la notice interprétative sur l'indication d'origine des marchandises en provenance des Territoires occupés par Israël depuis juin 1967", a précisé la source.

Israël a aussitôt condamné l'annonce de la Commission européenne et convoqué le représentant de l'UE en Israël.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé une "mesure discriminatoire" prise pour des "raisons politiques", qui à ses yeux compliquera encore davantage le processus de paix avec les Palestiniens, au point mort depuis le printemps 2014.

Dans un communiqué, son porte-parole, Emmanuel Nahshon, s'est ému de la politique de "deux poids, deux mesures" pratiquée selon lui par les Européens alors qu'il y a plus de "200 conflits territoriaux" dans le monde et qu'Israël est actuellement confronté à une "vague de terrorisme".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait même affirmé en septembre que l'initiative de l'UE rappelait "une époque où les produits des Juifs étaient étiquetés", en faisant référence à la période nazie.

Les responsables israéliens ont d'ores et déjà mis en garde l'UE contre les "implications" de ses directives relatives à l'étiquetage.

"Depuis l'entrée en fonction de la nouvelle équipe à la tête de l'UE (il y a un an) nous avons clairement dit en Israël que nous nous félicitions des contributions de l'UE au processus de paix. Ce qui arrive pourrait nous forcer à reconsidérer" cette position, a prévenu dès mardi le chef de la mission israélienne auprès de l'UE à Bruxelles, David Walzer.

L'UE cherche à relancer le processus de paix israélo-palestinien par l'intermédiaire du Quartette pour le Proche-Orient (qui regroupe l'Union, les Etats-Unis, l'ONU et la Russie).

- "Mesure technique" -

Face à la colère du gouvernement israélien, l'UE s'est efforcée de minimiser la portée de son geste.

"C'est une question technique, pas une prise de position politique", a insisté mercredi le vice-président de l'exécutif européen Valdis Dombrovskis lors d'un point presse, rappelant que l'UE ne soutenait "aucune forme de boycott ou de sanctions contre Israël".

Débattue depuis 2012, cette décision qui s'impose aux 28 Etats membres vise à informer les consommateurs européens de l'origine des produits qu'ils consomment, conformément à la législation commerciale de l'UE, selon la Commission.

Elle porte désormais l'obligation à l'industrie alimentaire et à la distribution de mentionner spécifiquement sur les étiquettes que les marchandises viennent des colonies, qui pour l'UE comme pour la communauté internationale, ne font pas partie du territoire d'Israël.

Or aujourd'hui les produits des implantations israéliennes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan sont étiquetés comme fabriqués en Israël.

Les marchandises concernées, en majorité des produits agricoles (fruits, légumes, vins) et des cosmétiques, représentent "moins de 1%" du total des échanges commerciaux entre l'UE et Israël, soit 154 millions d'euros en 2014, selon des chiffres de la Commission.

Mais plus que son impact sur la balance commerciale, le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu craint que la mesure européenne ne "soutienne et encourage" le mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l'Etat hébreu, qui monte en puissance.

"Ce que l'UE est en train de faire va soutenir et encourager le BDS contre Israël", a déploré le représentant israélien auprès de l'UE.

Dans un communiqué, le Comité national palestinien pour le BDS s'est réjoui de la décision "qui montre que les gouvernements européens réagissent à l'opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l'intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international".

"Cela dit, mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n'est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus", a souligné Mahmoud Nawajaa, le coordinateur général du BDS palestinien.

Source : AFP

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