Attentats de Paris : «Ce qui s’est passé est indescriptible, inhumain…»

  • La plupart des boutiques ont baissé les grilles.
    La plupart des boutiques ont baissé les grilles. PH
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    Attentats de Paris : «Ce qui s’est passé est indescriptible, inhumain…» PH
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    Attentats de Paris : «Ce qui s’est passé est indescriptible, inhumain…» PH
Publié le , mis à jour
A Paris, Philippe Henry avec AFP

Abasourdis devant la "boucherie" du Bataclan, consternés rue de Charonne : samedi, aux abords des lieux des attentats de la veille à Paris, tous décrivent des "scènes de guerre", une attaque sans précédent contre leur "mode de vie". Reportage dans les rues de Paris

«Vous avez vu ma tête aujourd’hui ? Je crois que personne n’a envie de sourire. Ce qui s’est passé est indescriptible, inhumain…» Mohammed, kiosquier sur les Champs-Elysées depuis près de 20 ans a rarement été aussi «affecté». «Pour les habitués que je retrouve tous les matins, c’est la même chose… On a dû mal à trouver les mots. Mais on ne peut pas concevoir que de telles choses soient commises au nom de l’Islam. Ces terroristes sont des malades mentaux ! »

Etat d'urgence

Depuis ce matin, des policiers lourdement armés, équipés de gilets pares-balles, patrouillent devant son kiosque et sur l’avenue la plus touristique du monde. Des CRS sont postés à l’angle de la plupart des carrefours. Conséquence directe de l’état d’urgence en vigueur dans tout le pays, cinq policiers interpellent un automobiliste, non loin de l’Arc-de-Triomphe. Garé sur le côté, il est sommé d’ouvrir le coffre de sa voiture. Il sera retenu plusieurs minutes avant de pouvoir partir. D’ordinaire débordés, même les nombreux restaurateurs ont fermé leurs terrasses.

«Rassurer les gens»

«Ce sont des mesures de sécurité que nous appliquons, mais nous faisons ça surtout pour rassurer les clients », glisse un serveur. L’avenue vit au ralenti. Les touristes se font rares. Les musées sont restés fermés aujourd’hui. Les cinémas, si nombreux sur les Champs-Elysées, ont tiré leurs rideaux. Quelques boutiques de luxe (Guerlain, Tiffany…) ont fait de même. Celles qui sont restées ouvertes ont renforcé leur sécurité en postant au moins deux vigiles à l’entrée, qui fouillent minutieusement chaque sac. «Mais on sait que ces mesures n’empêchent pas les attentats », confie, fataliste, un couple de touristes belges. «Pour l’heure, l’important est de rassurer les gens, mais les Parisiens risquent de vivre de nouvelles nuits d’angoisses. » Des craintes confirmées par un cafetier aveyronnais de la place de Paris. Dans son bar situé dans un arrondissement voisin, des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) viennent faire une pause. C’est à ce moment-là que l’un d’eux lui confie sa peur que des attentats se reproduisent dans la nuit ou les jours à venir. Sur les dents, les policiers reçoivent des signalements de suspects au quatre coins de la capitale. Pour eux aussi, la nuit risque d’être longue.

Dispositif de sécurité

Gares sous surveillance, policiers, gendarmes, démineurs, pompiers et armée sur le pont... le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a exposé samedi le dispositif pour faire face aux attentats: "Toutes nos forces de sécurité sont mobilisées". Dès vendredi soir, "l'ensemble des services de police" de Paris et des départements limitrophes "ont été mobilisés en région parisienne", avec le recours à 5,5 compagnies de CRS supplémentaires. Les contrôles aux frontières ont été rétablis, avec 61 principaux points de passage autorisés strictement contrôlés.

Les autorités ont demandé aux partenaires européens d'"intensifier les contrôles des passagers voyageant vers la France en train ou par avion" et de les aider pour le contrôle routier des frontières. Les gares RER, frontalières ou internationales, sont aussi sous surveillance, tout comme les ports et les axes routiers, notamment les autoroutes. De plus, 230 gendarmes en renfort "ont été mis à la disposition de la préfecture de police (de Paris) et deux sections du GIGN sont pré-positionnées", a détaillé le ministre. Quand aux armées, elles "ont dégagé 1 000 militaires supplémentaires, essentiellement en Île-de-France, qui patrouilleront dans Paris dans les prochains jours" en renfort de l'opération Sentinelle, a-t-il ajouté.

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