Pour le Front national, l’Aveyron est à portée de voix

  • Louis Aliot avec Jean-Guillaume Remise.
    Louis Aliot avec Jean-Guillaume Remise. Rachid Benarab
Publié le , mis à jour
Pascal Laversenne

Régionales. Insignifiante en 2010, la section locale du Front national a profité de ce scrutin pour s’inscrire un peu plus dans le paysage.

Les Albres, Creissels, Lescure-Jaoul, La Cavalerie, Vailhourles... Les électeurs de 33communes aveyronnaises, du nord au sud en passant par l’ouest, ont porté le Front national à la première place, dimanche, lors de ce premier tour des élections régionales. Dans 22communes, Louis Aliot dépasse les 30% de suffrages avec des pointes notables à Arnac/Dourdou (47,22%), La Bastide-Pradines (42,37%) ou encore Saint-Jean- de-Bruel (42,34%): autant de coins où l’insécurité ne saute pas aux yeux. Le FN, en Aveyron comme ailleurs, n’a évidemment pas besoin de ça pour prospérer.

Porté tout à la fois par un élan national indéniable, une abstention record, un sentiment d’abandon ou encore une lisibilité territoriale peu évidente aux yeux des Aveyronnais, il a dépassé pour la première fois les 20% (21,74%). Le voilà tout proche des 22%, objectif que s’était assigné Jean-Guillaume Remise, le secrétaire départemental, soit 4points de mieux que lors des départementales 2014. L’Aveyron, terre conservatrice que l’aventure ne tente guerre, cède donc à son tour quelques contrées, même si le FN n’apparaît ici qu’en troisième position derrière les partis traditionnels. La droite conduite par un «local» a résisté cette fois, comme l’attelage PS-PRG.

«Il y a ici des pesanteurs, mais les verrous vont sauter les uns après les autres», avait prédit Louis Aliot, candidat régional et vice-président du parti, courant octobre quand on lui évoquait l’absence du FN au 2e tour des départementales l’année dernière ainsi que lors de la législative partielle de septembre, autour de Millau.

«On bosse !»

Si ce scrutin s’affiche comme une étape supplémentaire dans l’avancée du FN en Aveyron, c’est aussi et surtout parce qu’il vient capitaliser sur des terres où on ne l’y voyait pas bien. C’est le cas à Saint-Affrique où il gagne 10 points par rapport au dernier scrutin, probablement aidé par la révélation de la présence du terroriste assigné à résidence, Merouane Benhamed et de l’émotion qu’elle suscite. Avec sa pétition, appuyée par l’onde de choc des attentats, le Front a raflé la mise. Il a marqué des points également sur le Millavois, mais aussi sur des terres plus «roses» (sic) telles le Naucellois et le Baraquevillois, où il partait de loin.

«On bosse, on fait les marchés, on “boite”», explique Jean-Guillaume Remise. Si Rodez se refuse pour le moment à basculer, la progression enregistrée dimanche sur certains bureaux de vote laisse penser que les électeurs du piton ne sont pas plus insensibles aux sirènes d’un parti qui pose patiemment ses jalons, comme il l’a fait prudemment lors des dernières élections municipales. Il le doit sans doute à l’équipe en place, et notamment à celui qui, à 37 ans, a naturellement endossé le rôle de tête de la liste départementale, relayant avec force et conviction le discours frontiste.

«Lorsqu’on est arrivé aux manettes en Aveyron il y a 5 ans, le FN faisait 6%. Il y avait une galette de rois, et même pas un compte bancaire», résume-t-il avant de se (re)lancer dans la campagne de ces régionales, qui vont amener au parti ses premiers élus locaux aveyronnais. Une étape de plus, selon Jean- Guillaume Remise, qui dit percevoir depuis dimanche des changements d’attitude. «Les élus locaux ont bien compris que pour Reynié, c’était fini...»

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