Le musée Ingres expose les plus grands portraitistes espagnols

  • Le musée Ingres de Montauban accueille une exposition exceptionnelle. «<ET>Ingres serait très fier<ET>», assure la conservatrice.
    Le musée Ingres de Montauban accueille une exposition exceptionnelle. «Ingres serait très fier», assure la conservatrice. AFP
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Centre Presse Aveyron

Montauban. Pour la première fois en France, des Gréco, Velázquez, Goya et des œuvres d’autres grands portraitistes espagnols sont réunis à Montauban au musée Ingres, dans un hommage à l’amour du peintre français pour le portrait.

«C’est une histoire d’échange», raconte Florence Viguier, la conservatrice. Le musée consacré à l’enfant du pays, Jean-Auguste-Dominique Ingres, né en 1780 à Montauban, a prêté de nombreuses toiles au musée madrilène du Prado pour son exposition phare qui a actuellement lieu sur Ingres, l’un des plus grands portraitistes français du XIXe.

«Pour compenser les vides» laissés sur les cimaises, «est née cette idée» d’emprunter des tableaux représentant «le portrait espagnol dans les collections du Prado», nom de l’exposition qui se poursuivra jusqu’au 3 avril, explique Mme Viguier. «Car le portrait était un thème cher à Ingres», poursuit la conservatrice. Onze emplacements étaient vides. Onze tableaux ont été prêtés par le Prado.

«Des oeuvres tout à fait exceptionnelles qui n’ont jamais été montrées en France», souligne-t-elle. «Ce sont les meilleurs artistes de la tradition espagnole du portrait», explique Carlos Navarro, conservateur au Prado. «C’est une occasion unique pour les Français de découvrir les peintres espagnols du portrait et pour nous une opportunité de faire connaître notre collection», résume-t-il.

«Ingres serait très fier»

Parmi les onze chefs-d’œuvre du XVIe jusqu’au début du XXe siècle, figure le célébrissime «Marie d’Autriche, reine de Hongrie» (vers 1628-30) où Velázquez, «avec une palette de couleurs pourtant extrêmement limitée, arrive à peindre un visage qui irradie de lumière, faisant oublier que la reine n’était pas d’une très grande beauté», explique Mme Viguier.

Le «Portrait d’un jeune chevalier» du Gréco ou encore le «Général Antonio Ricardos» de Francisco de Goya forment un fabuleux panorama aux côtés des plus récents «La Petite Maria de Figueroa» de Joaquin Sorolla (1901), souvent considéré comme le peintre espagnol le plus doué de sa génération, ou «La Monstrua vêtue» (vers 1680) de Juan Carreño de Miranda, le rival de Vélazquez.

«Ingres serait très fier» de voir réunis autant de chefs d’œuvre dans sa ville natale, même si, ironie de l’Histoire, le portraitiste français «avait un peu de mépris pour la peinture espagnole», confesse Mme Viguier. «Il la jugeait bien inférieure à l’italienne. Il disait: “traversez les salles espagnoles jusqu’au (peintre italien) Raphaël”. Le réalisme de Velázquez en particulier le gênait beaucoup: il est dans la recherche de la vérité, en osant par exemple montrer des habits fripés, alors qu’Ingres recherchait la beauté, comme Raphaël», explique la conservatrice. «C’est qu’Ingres méconnaissait la peinture espagnole. À la fin de sa vie, il l’a découverte et il a même envoyé des copistes au Prado», pour qu’ils lui ramènent des reproductions des maîtres espagnols, nuance cependant Carlos Navarro.

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