Interdistribution : «Au début, on nous prenait pour des rigolos»

  • Raymond Sonilhac et Claude Neyrolles, assis au sous-sol, là où tout a commencé pour œuvrer depuis 40 ans à «ID»: «C’est bien la première fois que l’on se retrouve assis à côté sur un canapé!» Avec en prime, un article évoquant leur aventure dans notre quotidien en date du 7-8 décembre 1984.
    Raymond Sonilhac et Claude Neyrolles, assis au sous-sol, là où tout a commencé pour œuvrer depuis 40 ans à «ID»: «C’est bien la première fois que l’on se retrouve assis à côté sur un canapé!» Avec en prime, un article évoquant leur aventure dans notre quotidien en date du 7-8 décembre 1984. Olivier Courtil
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Olivier Courtil

Coup de projecteur. Le magasin Interdistribution fête cette année ses 40 ans. L’occasion de retracer la saga avec Claude Neyrolles, homme d’actes et de paroles.

Il y a la loi du marché et celle humaniste du service rendu. Claude Neyrolles est de cette loi-là. Quarante ans d’existence marqués par des agrandissements sur la forme témoignent sur le fond de cette confiance gagnée auprès de clients fidèles, nombreux à être devenus des amis, des copains à qui l’on parle de la pluie du beau temps et souvent bien plus par affinités. «Mon but n’est pas de gagner de l’argent mais de contenter les gens», dit-il, telle une devise.

Une phrase qu’aurait pu déclarer l’acteur Zinedine Soualem dans le film «Le nom des gens». Justement, qu’importe le nom, ce qui compte c’est le contenu du flacon. Ainsi, l’histoire a commencé un 27 mai -Claude Neyrolles telle une caisse à outils a la mémoire des chiffres comme des visages- sous l’enseigne Bravo. Un nom prédestiné aujourd’hui tend chaque être ayant franchi la porte de son magasin lui tire aujourd’hui un coup de chapeau. À la fois pour sa réussite professionnelle, il connaît son métier sur le bout de ses doigts manuels; et personnel tant sa bienveillance est unanimement reconnue.

«On ne peut vendre que si on connaît un produit. C’est la qualité du service, que ce soit pour les professionnels ou les particuliers. Aujourd’hui, notre taux de notoriété est de 80% sur le Nord-Aveyron». Oui, les chiffres qu’il connaît sur le bout de ses doigts bricoleurs donnent le vertige : 170 000 clients par an et autant à la station-service installée à côté !

«On nous prenait pour des jeunes rigolos»

Une réussite qui ne l’a pas changé. Empreint d’humilité, Claude Neyrolles connaît le travail et les valeurs induites. Et le temps qu’il a fallu pour y parvenir. «Au départ, on nous prenait pour des jeunes rigolos. On a mis longtemps à être pris au sérieux comme on a longtemps eu une image alimentaire», se souvient-il. Car l’homme n’est pas dans le paraître mais dans l’être. Il n’oublie pas d’où il vient ni les personnes qui l’ont fait. Hommage rendu à Raymond Neyrolles, son oncle, fondateur du premier espace commerçant, alimentaire à l’époque, rue Droite à Espalion. Garçon de café, Claude Neyrolles a pris le relais, conjuguant sa passion du bricolage avec profession, lui qui passe son temps à bricoler. «Comme tous les Aveyronnais», précise-t-il.

Et d’ajouter : «Ce qui compte c’est de trouver la pièce rare, le sur-mesure, se démener, commander à Paris pour dénicher le verrou spécial». Le verrou, Claude Neyrolles l’a depuis longtemps brisé, apprivoisé. Avec toujours cette humilité en ligne de mire où s’ajoute l’aspect visionnaire. Et pour être visionnaire, il faut garder la tête sur les épaules, le sens du détail et le passé à l’esprit. «Mon premier produit vendu, c’était le 27 mai, premier jour de travail, il s’agissait d’une tringle à rideaux d’1,30 m que j’ai vendu au grand-père d’un salarié». Tirer le rideau, tout est dit. Claude Neyrolles a la mémoire dans la peau avec tout ce qui va avec: ses émotions et ses réminiscences.

Poumon économique de la Ville

Interdistribution n’a pas seulement répondu aux besoins de la population mais a permis l’aménagement du territoire de la ville d’Espalion pour en être le poumon économique. Son parking, ses extensions, ses trottoirs et bacs à fleurs… Avec plus de 7000 m² en centre-ville, Interdistribution ne peut plus (s’ag)grandir. Lui qui a débuté dans ce qui est le sous-sol aujourd’hui en qualité de quincaillier, voit le chemin parcouru. Comme il voit avec lucidité l’époque actuelle. Cette frénétique consommation et ces ouvertures dominicales. Il n’en est pas question d’ailleurs pour Claude Neyrolles. Et les chiffres lui donnent encore raison: +8% cette année encore, malgré la concurrence accrue des zones commerciales qui grignotent l’espace, de plus en plus proches.

De «Bravo» à «ID»

À l’inverse des chiffres, ce sont les mots mis sur le service rendu, les conseils et les visages qui expliquent cette belle aventure. À «ID» comme disent hommes, femmes, jeunes à Espalion et le nord-Aveyron, chaque salarié (35 actuellement) est considéré comme un confrère, un confident, appelé par son prénom. La proximité à l’instar de la fraternité n’est pas limitée aux clients. Le nom des gens est devenu «ID». Une bonne idée que Claude Neyrolles ait délaissé le garçon de café qui l’était pour prendre les destinées du magasin avec l’apprenti Raymond Sonilhac qui l’a rejoint en 1976. Un autre homme de l’ombre que l’histoire enfin met en lumière, comme un apprenti à force de bricolage devient maître. Et comme un frère, il prend soin de chacun, à commencer par remplir les hottes pleines de cadeaux en cette période de Noël.

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