Rugby. La carrière de Stéphane Delpuech dans le rugby professionnel n’a pas d’égal en Aveyron. Mais les quinze années au sommet ont laissé des traces sur le corps du pilier. Après un passage à vide, l’homme se remet petit à petit de ses blessures. Il raconte.
Le rugby marque les esprits. Mais aussi les corps. Celui de Stéphane Delpuech est meurtri. Ligaments croisés, hernie discale, genoux, cervicales, lombaires, chevilles, côtes, doigts... Le gaillard ne compte plus ses blessures. «Il y en a tellement que je ne m’en souviens plus!», préfère-t-il en sourire.
Le revers de la médaille d’une carrière exceptionnelle, de quinze longues années au plus haut niveau, au plus près de la mêlée. Et de ses chocs. Sans jamais imaginer la suite, les conséquences. Sans jamais s’économiser. On ne gagne pas le surnom de «sanglier» par hasard. «Je n’ai jamais eu un rugby d’évitement. D’ailleurs, je ne compte plus les matches que j’ai fini sans connaître le score ou encore sans savoir où je campais!», rigole-t-il encore.
«Je souffrais de partout»
Aujourd’hui, l’ex-pilier en parle librement, en rigole et tente de dédramatiser comme il peut. Cela n'a pourtant pas toujours été le cas. Car en raccrochant ses crampons, il y a quatre ans, il n’imaginait pas vivre le plus dur combat de sa vie, encore plus rude qu’un baptême du feu sur la pelouse de Mayol, face au Toulon d’Éric Champ et de Thierry Louvet, un soir de 1993. Pourtant, le natif de Saint-Affrique avait tout prévu pour son après-carrière. Une formation de soudeur en poche, ne restait plus qu’à trouver du travail. Dans le Bassin où il a terminé sa carrière de joueur et où sa gentillesse comme son sens du sacrifice ne sont plus à prouver, cela ne pose pas problème. Mais voilà, le corps lâche une nouvelle fois. La tête aussi.
«Je n’arrivais plus à me concentrer, j’étais très stressé, très fatigué, une de mes jambes se dérobait fréquemment... Bref, je souffrais de partout!», raconte-t-il. Les consultations et autres examens médicaux deviennent alors le quotidien de l’ex-gloire de Colomiers. Les cigarettes, jusqu’à trois paquets par jour (!), se consument tout autant que le moral. Jusqu’au diagnostic, tombé il y a deux ans dans les couloirs de l’hôpital Purpan. Le système nerveux de Stéphane Delpuech est touché, il souffre d’une encéphalopathie. Celle-ci est post-traumatique, comprenez donc que les chocs endurés sur les terrains de France et de Navarre n’y sont pas étrangers...
«Je ne regrette rien»
«Mentalement, c’était très dur. Surtout lorsque je ne savais pas de quoi je souffrais. Aujourd’hui, ça va mieux. J’ai encore quelques passages à vide mais j’ai appris à vivre avec. Petit à petit, je me reconstruis et j’essaie d’avancer», souffle-t-il. Jamais dans ces moments difficiles, l’homme n’a tourné le dos au rugby. S’il ne cache pas avoir été «de la chair à canon pour le rugby professionnel», il répète à l’envi qu’il «ne regrette rien». Et surtout pas ces cigarettes qu’il a récemment lâchées.
«J’ai vécu le revers de la médaille mais le rugby m’a tellement apporté. J’y ai découvert des personnes extraordinaires, j’ai voyagé dans plusieurs pays, j’ai vécu des moments inoubliables. Et j’en suis fier. Si c’était à refaire, je le referai. Je n’ai jamais triché, je ne me suis jamais économisé. Et si ça n’avait pas été pour le rugby, ça aurait été pour autre chose», indique ce fils de paysan, passé du football au rugby après avoir entendu les commentaires du regretté Roger Couderc. Une voix qui lui a montré sa voie. Quitte à y laisser beaucoup. Mais à y gagner bien plus.
SON CV
41 ans, né le 27 avril 1974 à Saint-Affrique.
Réside à Lentillac-Saint-Blaise, dans le Lot.
1,78m, 105 kg.
Plus de 100 matches au plus haut niveau, du Top 16 au Top 14, plus de 20 matches de coupe européenne, sélections dans les équipes de France jeunes, comités régionaux, élu dans le XV de légende de Colomiers...
Palmarès : vice-champion du monde juniors avec l’équipe de France en 1992, vainqueur de la conférence européenne (ancêtre de l’Amlin Cup) avec Colomiers en 1998, vice- champion d’Europe avec Colomiers en 1999.
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