Libye: le temps d'un match de football, l'espoir d'un pays sans guerre

  • Des supporteurs libyens viennent assister au match de leur équipe nationale contre les Hearts of Oak ghanéens, le 15 décembre 2015 au Stade international de Tripoli
    Des supporteurs libyens viennent assister au match de leur équipe nationale contre les Hearts of Oak ghanéens, le 15 décembre 2015 au Stade international de Tripoli AFP - MAHMUD TURKIA
  • Les Hearts of Oak ghanéens (d) aux prises avec un joueur libyen d'Al-Ahli (g), lors d'un match amical au stade international de Tripoli, le 15 décembre 2015
    Les Hearts of Oak ghanéens (d) aux prises avec un joueur libyen d'Al-Ahli (g), lors d'un match amical au stade international de Tripoli, le 15 décembre 2015 AFP - MAHMUD TURKIA
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Centre Presse Aveyron

Abdel Hamid, son fils et son neveu ont oublié durant 90 minutes la guerre qui ravage la Libye en criant leur joie d'assister au premier match international de football depuis deux ans et demi.

"Pour nous Libyens, le football est, comme l'eau et l'air, l'essence de la vie", s'enthousiasme Abdel Hamid, son fils dans les bras.

C'est pour cela que, malgré la pluie qui tombait à verse, le stade de la Cité des Sports à Tripoli a vécu mardi une folle soirée pour le match amical entre le club local d'al-Ahly et l'équipe ghanéenne Hearts of Oak.

Brandissant les drapeaux de la "Libye libre", qui a remplacé la bannière verte de l'ère Kadhafi, et d'al-Ahly, les supporteurs ont scandé à tue-tête tout au long du match.

"C'était 90 minutes de joie et cela nous a manqué depuis bien longtemps. La Libye ne mérite pas un tel sort", regrette Abdel Hamid.

Les Libyens sont en effet privés de leur sport préféré car le championnat national a été annulé et l'équipe nationale dispute ses rencontres au Maroc ou en Tunisie. La faute au chaos dans lequel est tombé peu à peu le pays après la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.

Depuis un an et demi, deux autorités rivales, dont une basée à Tripoli, se disputent le pouvoir, et l’émergence du groupe extrémiste sunnite Etat islamique (EI) a encore accru l'instabilité.

- "Message au monde" -

Dans les tribunes, de nombreux supporteurs étaient torse nu ou avaient peint leur visage en blanc et vert, les couleurs de l'équipe jadis dirigée par Saadi, le fils passionné de football de Mouammar Kadhafi.

Au premier but marqué par al-Ahly, des milliers d'entre eux ont accouru près du terrain pour féliciter l'auteur du but, qui a retiré de joie son maillot.

"J'ai ressenti une énorme joie lorsque le premier but a été marqué", raconte Mohamed al-Qassem, 17 ans. "Les Libyens sont de grands amateurs du football mais cela fait quatre ans que les choses ont tellement été bouleversées que l'on semble avoir oublié le plaisir du jeu".

Ce bonheur a été renouvelé deux fois puisque la rencontre s'est terminée sur une nette victoire des locaux 3 à 0.

"Aujourd'hui nous avons redonné la joie à des milliers de Libyens qui sont fous de foot. Les hommes politiques doivent être plus attentifs à cela", a réagi Jamal Abou Nawwar, l'entraîneur d'al-Ahly.

"Ce n'était pas simplement un match mais un message que la Libye adresse au monde entier pour donner une image différente" de celle d'un pays en guerre, a-t-il insisté.

"Le peuple veut que des équipes africaines viennent jouer en Libye", ont scandé en choeur les supporteurs.

Pour cela, il faudrait que les négociations en cours débouchent sur le retour de la paix. Des représentants des deux parlements rivaux doivent se retrouver jeudi au Maroc, pour signer un accord controversé de sortie de crise sous l'égide de l'ONU.

Source : AFP

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