Portrait. A tout juste 22 ans, Lola Cros a décroché le Prix Varenne pour un reportage sur les bougnats. Une ascension précoce pour cette Ruthénoise, journaliste titulaire à la rédaction de Centre Presse.
Lola Cros ne pouvait pas mieux écrire les premières lignes de sa carrière de journaliste. Sortir major de sa promotion au CFPJ de Paris, l’été dernier, avec félicitations unanimes du jury s’il vous plaît, et recevoir dans la foulée le Prix Varenne, tout ça à même pas 22 ans: la petite n’a pas que les talons qui la font grandir. Elle a le talent aussi. C’est une enquête sur les bougnats du XXIe siècle, ces Auvergnats qui s’accrochent à leur zinc pour résister à la marée asiatique qui a attiré l’attention du jury parisien. Au moment de se glisser dans la peau de l’interviewée pour réaliser cet article qui lui est consacré, elle n’était pas vraiment à l’aise. «Est-on vraiment obligé?» a-t-elle interrogé, un petit sourire en coin. Elle savait qu’elle ne pourrait y échapper. Pour dissiper tout ça, il faut faire appel à un collègue.
«Pour son premier papier, c’était propre!»
Celui qui, le premier l’a emmené, en reportage à l’été 2011. Il a vu débouler une gamine de petite taille, à qui il en faut peu pour déclencher un petit sourire. Charles Leduc : «C’était un article sur un jeu de la JCE de Rodez. Pour son premier papier, c’était propre! Et ça, on s’en souvient!» Cet été-là, Lola Cros était juste venue faire un stage, «un job d’été» comme elle dit. Sans penser à demain comme dit la chanson. Une première année de sociologie en poche, une année à Londres en suivant pour mieux maîtriser l’anglais (bien utile parfois, même dans une rédaction aveyronnaise), tout en poursuivant ses études de sociologie, Centre Presse était loin. À son retour à Rodez, la direction de Centre Presse n’a pas voulu la laisser repartir. Et elle lui a proposé un contrat professionnel. Soit deux ans pour l’aider à faire ses premiers pas dans le métier. Elle mènera de front sa troisième année de sociologie via la fac du Mirail à Toulouse, ses cours au CFPJ de Paris et le travail à la rédaction de Rodez.
Elle n’imaginait pas faire ce métier si tôt
«La première année a été difficile. Surtout parce que je me suis retrouvée à Paris avec des gens qui avaient entre 25 et 30 ans, qui sortaient de Sciences Po ou autres». Elle se sentait un peu petite pour tout dire. Mais comme elle sait le faire parfois pour ses reportages, elle s’est accrochée. Petit à petit, bien dans ses baskets, elle a glissé sur la deuxième année. «AU CFPJ, j’ai beaucoup appris sur la notion d’information» fait-elle remarquer. Papier, web, réseaux sociaux, elle navigue dans cet univers avec une assurance frisant parfois l’insolence. «Mais je n’aurais jamais appris autant si je n’avais pas été à Centre Presse» insiste-t-elle. Des propos convenus, au cas où? Pas vraiment.
Elle explique : «Mes camarades de promotion travaillent pour la plupart dans de grandes rédactions parisiennes, mais n’ont pas eu la liberté dont j’ai pu bénéficier ici. Du coup je me sens en confiance, et l’on me fait confiance». Lola Cros est d’autant plus ravie de ce qui lui arrive aujourd’hui qu’elle n’avait pas imaginé embrasser la profession si tôt. «J’aime vraiment la sociologie, les histoires des gens, et j’ai découvert un métier qui, finalement, est à la croisée de mes passions». Sans surprise, elle apprécie de pouvoir brosser les portraits des gens qu’elle croise. De raconter leurs histoires. Et pour une fois, c’est un peu de la sienne qui est racontée ici. Quitte à en rougir un peu, Lola Cros se retrouve dans le journal, à la place de ceux dont elle tire le portrait parfois. Parce qu’on n’a pas tous les jours un prix Varenne.
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