Espagne: les militants des grands partis déboussolés

  • Les partisans du Parti populaire (PP) rassemblés devant le siège du parti le 20 décembre 2015 à Madrid
    Les partisans du Parti populaire (PP) rassemblés devant le siège du parti le 20 décembre 2015 à Madrid AFP - CESAR MANSO
  • Mariano Rajoy et son épouse Elvira Fernandez au siège du Parti Populaire le 20 décembre 2015 à Madrid
    Mariano Rajoy et son épouse Elvira Fernandez au siège du Parti Populaire le 20 décembre 2015 à Madrid AFP - CESAR MANSO
  • Pedro Sanchez (PSOE) au siège du parti le 20 décembre 2015 à Madrid
    Pedro Sanchez (PSOE) au siège du parti le 20 décembre 2015 à Madrid AFP - JAVIER SORIANO
  • Pablo Iglesias (C) célèbre le score de Podemos aux légisatives le 20 décembre 2015 à Madrid
    Pablo Iglesias (C) célèbre le score de Podemos aux légisatives le 20 décembre 2015 à Madrid AFP - GERARD JULIEN, GERARD JULIEN
  • Des partisans de Podemos rassemblés le 20 décembre 2015 à Madrid
    Des partisans de Podemos rassemblés le 20 décembre 2015 à Madrid AFP - PEDRO ARMESTRE
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Centre Presse Aveyron

Les cris "arriba Espana", dimanche soir au siège du Parti populaire à Madrid, n'ont pas fait passer le goût amer de la victoire pour le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy qui a perdu sa majorité et ne sait pas s'il pourra gouverner.

Au jeu du chamboule-tout, les militants du Parti populaire (PP), arrivé premier, font grise mine, tandis que ceux du Parti socialiste (PSOE), second, comptent leurs pertes. Quant au nouveau parti de gauche radicale, Podemos, arrivé troisième, il se félicite d'avoir raflé un quart des voix avant même son deuxième anniversaire, tandis que Ciudadanos (centre-droit), quatrième, reste sur sa réserve.

Sous le balcon du siège du PP à Madrid, un immense "gracias" en lettres bleues salue son score: il est resté la première force politique d'Espagne" avec 123 sièges sur 350, commente sobrement, Mariano Rajoy, 60 ans. Mais ses militants sont sonnés car leur parti vient de passer pour la première fois depuis 1993 sous la barre des huit millions de voix.

Encaissant le coup, comme il a déjà su le faire en 34 ans de vie politique, Mariano Rajoy a annoncé qu'il allait "tenter de former un gouvernement".

Parmi les militants du PP, Javier Sanchez, étudiant de 17 ans, s'inquiète du succès de Podemos, sûr que "si, à l'arrivée, Podemos s'allie avec le PSOE, l'Espagne ira probablement vers la faillite". "Je crois que l'Espagne doit mûrir, dit-il. C'est un pays qui a besoin de mûrir".

Au siège de la plus ancienne formation du pays, le Parti socialiste fondé en 1879 et qui obtient son pire score avec 90 sièges, Juan Carlos Muñoz, fonctionnaire de 53 ans, se console: "il est clair que le seul qui peut passer des pactes, c'est Pedro Sanchez", son candidat de 43 ans, assure-t-il.

Lui aussi évoque Podemos: "Ils devront démontrer qu'ils sont des hommes d'Etat et non des démagogues", dit-il au sujet de ce parti qui a pris une partie des voix de déçus du PSOE.

- 'Du jamais vu' -

Au même moment, des ballons violets s'envolent dans le ciel de Madrid, d'une place où se sont massés des milliers de partisans de Podemos et de ses alliés, célébrant leur résultat: 20,6% (69 sièges).

"C'est impensable pour n'importe quel parti d'obtenir en moins de deux ans cinq millions de voix, un quart des suffrages", constate - très, très calmement - un commercial de 63 ans, Luis Neira, ayant participé à toutes les assemblées locales de Podemos à Parla, près de Madrid. "Pour moi, c'est du jamais vu dans l'histoire démocratique de l'Espagne et je crois de l'Europe".

Quatre ans après l'occupation de la place de la Puerta del Sol à Madrid en mai 2011 par les "indignés", un mouvement dont Podemos est issu, la foule scande "si se puede", "oui c'est possible".

Pour l'informaticien de 27 ans Alberto Iglesias, homonyme du candidat mais simple militant, ce succès est "la victoire de Pablo Iglesias, de Juan Carlos Monedero ou d'Iñigo Errejón, des politologues et d'excellents stratèges, et d'intellectuels derrière eux, qui ont surtout réussi à canaliser les mouvements sociaux qui exprimaient l'indignation du 15-M".

Grande blonde élégante de 53 ans, Carmen Garcia, administratrice en arts graphiques, affiche un visage encore grave: "La crise, dit-elle, a profité à ceux qui ont déjà le plus. On en a jusque là qu'ils nous volent!"

L'autre nouveau petit parti qui compte, Ciudadanos, qui avait lui fait campagne sur la lutte contre la corruption et l'unité indissoluble de l'Espagne, est quatrième (14%), lui qu'on donnait faiseur de roi et même en deuxième position. Mais il va faire son entrée au Parlement. "Il faut avoir confiance", dit le militant Carlos Portillo, ingénieur de 28 ans: "C'est l'année du changement".

Source : AFP

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