Déchets : les ambitions de Trifyl

  • ]Dans le cadre d’un partenariat entre Trifyl et le Sydom, un centre de tri, générateur d’une trentaine d’emplois, pourrait voir le jour en Aveyron.
    ]Dans le cadre d’un partenariat entre Trifyl et le Sydom, un centre de tri, générateur d’une trentaine d’emplois, pourrait voir le jour en Aveyron. Repro CP
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Rachid Benarab

Environnement. Face à Sévigné-Séché, Trifyl entre dans la danse pour devenir opérateur du dispositif aveyronnais et dévoile ses ambitions de partenariat avec le Sydom. 

Trifyl ? Sévigné-Séché? Le Sydom (Syndicat départemental des ordures ménagères de l’Aveyron) a aujourd’hui le choix entre deux projets. Un premier à Viviez, porté par l’entité Solena des entreprises Sévigné et Séché et le second proposé par Trifyl, l’homologue du Sydom dans le Tarn, qui traite déjà une grande partie des ordures ménagères de l’Aveyron. L’occasion de demander à Jean-Marc Pastor, son président, pourquoi le Sydom aurait tout intérêt à poursuivre, voire amplifier, son association avec lui.

Qu’est ce que votre projet à de plus que celui de Solena ?

Franchement, je ne connais pas leur projet. Et de toute façon, nos deux projets ne sont pas comparables. Nous sommes un service public, ce sont des entreprises privées. Cela fait déjà 6 ans que nous travaillons ensemble avec le Sydom et ce que nous proposons aujourd’hui c’est d’amplifier cette coopération. Dans le cadre de la loi pour la nouvelle organisation territoriale, transférant aux Régions la compétence de planification en matière de déchets, Trifyl anticipe et propose au Sydom Aveyron d’engager d’abord une réflexion commune sur un projet partagéqui va générer pour nos deux entités de substantielles économies d’échelle et une amélioration de la qualité du service rendu aux populations.Nous disposons déjà d’un site de 130 hectares dans le Tarn. Et le Sydom sait combien il est difficile de trouver le site approprié au traitement des résiduels. Enfin, si Trifyl n’est pas retenu par le Sydom, cela ne voudra en aucun cas dire que c’est Solena qui remportera la mise. Car si le Sydom fait le choix d’un opérateur privé, il faudra en premier lieu passer par une procédure d’appel d’offres qui pourrait révéler d’autres candidats. 

Oui, mais si votre projet est retenu, il y aura toujours les trajets pour transporter les déchets aveyronnais jusqu’à votre site du Tarn (une dizaine de camions quotidiens). Cela ne va-t-il pas trop alourdir la facture des Aveyronnais ?

C’est sûr, cela à un coût. Mais comme tout le reste nous proposons de le mettre dans le pot commun. Dans le cadre de la loi de transition énergétique du 17 août 2015, nous devons revoir certains de nos modes de process. Par exemple, l’enfouissement devra être réduit de 50% en 2025, par rapport à 2010 et la taxe générale sur les activités polluantes viendra frapper durement toute tonne de déchet enfouie. Nous n’allons pas attendre 2025 pour répondre à ces nouvelles exigences. Et c’est, en particulier, le tri des matières plastiques en vue de leur recyclage qui est appelé à évoluer très fortement d’ici 2020. Il nous faut donc bâtir une nouvelle usine et un nouveau centre de tri. C’est un investissement onéreux. Et bien entendu, son dimensionnement ne sera pas le même si le Sydom nous rejoint ou pas. D’ailleurs, dans le cadre de ce partenariat, ce nouveau centre de tri peut très bien se faire en Aveyron.

À quel endroit ?

Il faut encore le définir. Mais cela ne devrait pas poser de problème car cet équipement de revalorisation est beaucoup plus accepté par les populations riveraines. D’autant plus qu’elle sera génératrice d’une trentaine d’emplois. Mais on peut tout aussi le faire chez nous, on a de la place. Quant au traitement des déchets résiduels sur notre site, ils devront être davantage revalorisés. À ce titre Trifyl peut déjà s’appuyer sur 18 années d’expérience dans la récupération et le traitement des biogaz issus de la décomposition des déchets. Mais les techniques évoluent, et à la fin du process il reste les CSR (combustible solide de récupération).

Ces CSR permettent déjà d’alimenter des réseaux de chaleur fonctionnant aussi au bois de récupération transformé en plaquettes. Notre ambition est de développer ces réseaux également en Aveyron pour fournir le chauffage central à divers équipements ou bâtiments publics. C’est l’avenir. Et c’est pourquoi notre projet tient la route. D’ailleurs, pour le concrétiser nous avons reçu le soutien de la Caisse des dépôts et de consignations qui en financera une grande partie. Notre souhait, c’est que l’Aveyron en bénéficie au même niveau. D’où l’idée de créer une Sem, Syndicat d’économie mixte, entre les trois entités afin de bâtir ensemble le schéma le plus approprié à nos besoins.

Tous ces aménagements ne vont-ils pas alourdir davantage la note des Aveyronnais ?

Le tarif de traitement des déchets est aujourd’hui de 57 la tonne. Si l’on reste sans rien faire, à l’horizon 2020-2025 cela passera à 115 la tonne. Or grâce à ses nouvelles techniques de valorisation et le partenariat entre nos deux structures, cela permettrait d’être beaucoup moins cher.

De combien ?

Étant donné que nous sommes dans un domaine concurrentiel et que le Sydom n’a pas encore choisi, je préfère ne rien annoncer pour l’instant. Toutefois, en tant que service public nous ne sommes pas tenus de faire des bénéfices. Par conséquent tous les excédents servent à faire baisser la facture des contribuables ou à ne pas l’augmenter.

Le Sydom a jusqu’à quand pour vous répondre ?

Si l’opération doit se faire, on le saura avant la fin de l’année. Car nos ingénieurs doivent rapidement se mettre au travail. Et pour ce faire ils doivent auparavant connaître le dimensionnement des futurs équipements.

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