Lucas Tousart : «J'ai du mal à me rendre compte»

  • Reconnu par l’Aveyron, la preuve avec ce trophée, Tousart n’en oublie pas ses racines. «Ma vie est ici», dit-il.
    Reconnu par l’Aveyron, la preuve avec ce trophée, Tousart n’en oublie pas ses racines. «Ma vie est ici», dit-il. MR
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Maxime Raynaud

Entretien. Mardi, le jeune milieu rignacois de l’OL était de passage dans nos locaux pour se faire remettre son trophée d’espoir aveyronnais de l’année, décerné par les rédactions de Centre Presse et Radio Temps Rodez. L’occasion de revenir sur sa folle année qui l’a vu filer de Valenciennes à l’OL, en passant par l’Euro U19. 

Mardi, le jeune milieu rignacois de l’OL était de passage dans nos locaux pour se faire remettre son trophée d’espoir aveyronnais de l’année, décerné par les rédactions de Centre Presse et Radio Temps Rodez. L’occasion de revenir sur sa folle année qui l’a vu filer de Valenciennes à l’OL, en passant par l’Euro U19. Son adaptation à l’un des plus grands clubs français, la mauvaise période lyonnaise et sa relation avec l’Aveyron, Lucas Tousart s’est prêté au jeu. En toute décontraction.

2015 s’achève et pour vous, cela devrait rester comme une année exceptionnelle ?

C’était une année spectaculaire, énorme ! À partir de janvier, j’ai découvert l’équipe professionnelle de Valenciennes (Ligue 2) puis, rapidement, j’ai joué mon premier match de coupe de France. C’était à Moulins je crois (Yzeure en fait, 16es de finale, NDLR) et, même si on avait perdu (2-0), ça a été le début pour moi puisque je ne suis plus sorti de l’équipe ensuite.

Après, il y a eu ce trophée de meilleur joueur de février décerné par les supporters de VA puis ma sélection en Bleu (surclassé en U19) et la demi-finale de l’Euro en Grèce. Et puis c’est devenu un peu fou, puisque pas mal de clubs me suivaient, dont Lyon, le Bac ES à passer, et cette signature à l’OL le dernier jour du mercato...

Justement, racontez-nous ce transfert, conclu le 31 août pour 2,5 M€, des bonus et un contrat de cinq ans après seulement 18 matches de Ligue 2...

... Ça a été très compliqué ! Mais pour faire simple, dès le début, j’étais très sensible à l’intérêt de Lyon. Et d’un autre côté, je voulais continuer à progresser en Ligue 2. En fait, j’étais partagé. Mais j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup parler avec mon coach (David Le Frapper). Il m’a énormément conseillé et a été très humain. Mais le président (Eddy Zdziech) voulait à tout prix me conserver. Alors on a poussé avec l’entraîneur. On lui a expliqué que c’était une très belle somme, que ça ne se refusait pas. C’était un peu un bras de fer (sourire). Et finalement, je m’étais résigné. J’avais même pris un appart’à Valenciennes. Mais une semaine après, tout est allé très vite.

À 18 ans, comment vit-on un tel premier transfert ?

Tout l’été, je me suis retrouvé sous le feu des projecteurs. C’était inhabituel pour moi. Et quand j’ai signé, il y a eu cette première conférence de presse face à tous ces journalistes, la visite médicale. Quand je suis reparti à Valenciennes prendre mes affaires, j’avais des étoiles plein les yeux. Mais trois jours après, j’ai raté mon Bac pour un point au rattrapage ! (rires)  En fait, c’est le seul point noir de mon année. Mais ça s’est bien fini avec cette titularisation face à Angers (0-2, 17e journée), le 5 décembre.

Qu’avez-vous ressenti en jouant ce match, qui était le dernier de l’OL à Gerland, en Ligue 1?

De la fierté ! Jouer devant 38 000 spectateurs, j’étais comme dans un rêve... J’ai essayé de faire abstraction de cet environnement. Heureusement, j’avais déjà connu des matches en pro, avec de l’ambiance, et ça m’a aidé. Mais c’était quand même très particulier. Surtout dans cette période compliquée pour l’équipe. Ce n’était pas forcément un cadeau (rires). Mais je me dis : «C’est fait, je suis lancé!»

Vous n’êtes effectivement pas arrivé dans la meilleure période de Lyon qui traverse une crise. Est-ce que c’est votre sentiment de l’intérieur ?

Le groupe va mal... La saison dernière, tout lui réussissait. Mais là, des grains de sable ont fait que ça a déraillé. Et c’est une spirale négative. Du coup, ça blague moins, il n’y a pas la même ambiance. Et avec le coach, c’est compliqué. Il est au cœur des critiques alors qu’il n’est quand même pas le seul responsable. C’est nous sur le terrain, pas lui ! Le recrutement aussi est visé. Moi, je suis épargné mais il faut voir ce que prennent les autres. Quand on voit Mapou (Yanga-Mbiwa), c’est trop... On le sent affecté. Mais je suis sûr qu’on va changer tout ça lors de la seconde partie de saison.

On évoque beaucoup le remplacement prochain de votre entraîneur, Hubert Fournier...

Nous, les joueurs, on ne sait pas. On est tous dans l’incertitude et on suit presque ça de l’extérieur, dans les médias. Finalement, on est presque comme tout le monde (rires). Pour moi, tout ça, ce système avec la presse, les fans, c’est une découverte. C’est une autre vie.

Craignez-vous un changement d’entraîneur ?

Non, tout peut arriver. Je ne pense pas que ça influencera la suite de ma saison. J’ai les cartes en mains. D’ailleurs, jouer ce match contre Angers, ça voulait dire quelque chose je pense. On me fait confiance. Et au contact de tels joueurs, je ne peux que progresser. D’ailleurs, je vois déjà la différence. 

Si vous n’avez pas beaucoup joué en Ligue1, vous êtes l’un des cadres, le capitaine même, de l’équipe de Youth League (Ligue des champions de jeunes). Comment le prenez-vous ?

Ça me permet de me montrer ! Les supporters et le club regardent beaucoup cette compétition. En plus, nous sommes qualifiés pour les 8es de finale et on peut aller très loin. Le brassard montre mon importance. Et pour le club, dans cette période, c’est important d’avoir des jeunes qui prouvent qu’ils ont de l’avenir, qu’ils peuvent aider.

Dans quelques semaines, il y a l’inauguration du stade des Lumières (face à Troyes, le 9 janvier). Vous devez avoir hâte d’y être ?

C’est un beau projet de notre président (Jean-Michel Aulas). Et pour l’avoir visité, c’est vraiment impressionnant. Et d’être les premiers à y jouer, c’est énorme ! Ça oblige aussi à être meilleur, à être à la hauteur. Ça peut être une source de motivation supplémentaire pour sortir de la mauvaise période actuelle.

Mesurez-vous tout le chemin parcouru depuis Rignac, les équipes de jeunes du Raf, etc.?

Pas encore très bien. Je suis plutôt posé de nature mais j’avoue que là, j’ai du mal à me rendre compte. Pour l’anecdote, après le match contre Angers, je suis rentré chez moi et il y avait mon père et des potes. On s’est mis à regarder la rediffusion de la rencontre sur BeIn Sport. Et se voir au milieu de tout ça, c’était très bizarre ! Dans la rue, aussi, j’ai l’impression que tout le monde me connaît (rires). Il faut que je m’y fasse.

Et puis il y a cette récompense d’espoir aveyronnais de l’année que nous vous avons décerné. On sait que vous avez été touché ?

Oui car ça prouve tout le travail que j’ai dû fournir, à Valenciennes, à Lyon, en équipe de France. On ne m’oublie pas. Mes racines sont ici, ma mère, mes potes. C’est du 50-50 avec le Nord (il est né à Arras, NDLR), mais ma vie est ici.

Vous n’aurez jamais porté le maillot de l’équipe fanion du Raf en seniors. Est-ce qu’un jour, vous corrigerez cela ?

(sourire) On ne sait jamais ! Beaucoup ont fait carrière et sont revenus. Mais je suis encore jeune et j’ai envie de connaître beaucoup d’aventures avant d’envisager un retour. Mais à la fin de ma carrière, pourquoi pas. S’il faut donner un coup de main, je le ferai. 

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