Politique en 2015 : les Aveyronnais ne savent plus où donner de la tête

  • Une année riche en élections.
    Une année riche en élections. Illustration Charles Leduc / Centre Presse Aveyron
Publié le
Centre Presse Aveyron

Rétrospective 2015 : politique. Cette année 2015 aura été dense électoralement parlant. En Aveyron en particulier où en sus des élections départementales de mars, et régionales de décembre, s’est aussi intercalée une élection législative partielle. De ces 3 rendez-vous avec les urnes il ressort une leçon évidente: le sol de la Ve République a perdu de sa stabilité…

  • En mars, la droite conforte son assise locale

Si l’année 2015 s’était réduite à un seul scrutin, celui qui devait désigner les 22 et 29 mars les nouveaux conseillers départementaux, la droite aveyronnaise aurait pu la marquer d’une pierre blanche au regard de son emprise il est vrai historique en Aveyron. Tout avait donc commencé dans le meilleur des Rouergue possible pour "l’équipe Luche", ainsi que l’avait alors lui-même baptisée son leader et président sortant Jean-Claude Luche.

Ainsi, dès le soir du premier tour, la majorité sortante raflait pas moins de 8 cantons, et se trouvait en ballottage très favorable dans 9 autres, soit un total de 17 à même de poser une solide assise pour garder une majorité plus que confortable à l’issue du second tour. Et les vainqueurs de ce premier tour se prenaient même à rêver de déboulonner quelques autres fiefs historiquement acquis à la gauche, alors qu’ils venaient de faire vaciller des secteurs réputés aussi imprenables que Decazeville, Onet-le-Château, Millau ou Saint-Affrique…

Sur fond de dispersion locale et dans un contexte national peu favorable à la gauche, tous les espoirs semblaient donc permis à "l’équipe Luche". Sauf que le second tour, sans rebattre les cartes, n’en a pas moins dévoilé un nouveau rapport de force, grâce à une résistance réelle des forces de gauche. Certes, au final, celle-ci s’est trouvée quelque peu abîmée, en se retrouvant dès le premier tour sérieusement déstabilisée dans quelques-unes de ses bastions. Mais le second tour a aussi été marqué pour la majorité nationale par un bon report des voix, lui permettant de réaliser un réel sursaut. C’est ainsi que du Villefranchois au Réquistanais, en passant par le Céor-Ségala, le Vallon ou le Montbazinois, la gauche est parvenue à se rassembler pour limiter les dégâts.

Au final donc, la droite est sortie indéniablement confortée de ce scrutin, avec 4 cantons pris à la gauche dès le premier tour, puis 7 autres au second, mais sans que cela ne signe la victoire écrasante qu’elle escomptait. Son hégémonie n’en apparaît pas moins évidente, avec son emprise sur 15 cantons, contre seulement 8 pour la gauche. Soit, en nombre d’élus, 30 conseillers départementaux pour l’une et 16 pour l’opposition, puisque cette élection a également été marquée, sur le plan institutionnel, par un redécoupage réduisant à 23 le nombre de cantons, et instaurant dans chacun d’eux le principe paritaire du binôme homme-femme. Difficile par contre de savoir où sont allées, si tant est qu’elles se soient reportées quelque part, les voix acquises par l’extrême droite au soir du premier tour. Avec par endroits des scores annonciateurs d’autres coups de tonnerre…

  • Mais aux régionales, l’Aveyron se retourne sur sa gauche
     

Quarante-quatre pour cent, soit un quart de point de plus que le score obtenu par la candidate socialiste sur l’ensemble du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Tel est le résultat enregistré le 13 décembre dernier en Aveyron par Carole Delga, à l’issue d’un scrutin qui tant du point de vue local que national a sonné la fin du bipartisme. Et même si en Aveyron la montée du vote d’extrême droite a été atténuée par rapport à ce qui a été enregistré sur l’ensemble de la région, et à fortiori dans le reste de la France, n’empêche que dans notre département également, il semble que le tripartisme se soit solidement installé… C’est d’ailleurs à la faveur de cette nouvelle configuration que la gauche a pu sauver une bonne partie des meubles, tant dans notre nouvelle grande région qu’ailleurs en France. Alors pourtant que la poussée du vote FN venait de s’exprimer lors du premier tour d’une manière plus puissante que jamais.

Certes, contrairement au résultat obtenu ailleurs en Midi-Languedoc, ce n’est pas dans notre département le candidat d’extrême droite qui au soir du 13 décembre est arrivé en tête. Ici les électeurs lui ont préféré le candidat de la droite républicaine Dominique Reynié, reléguant Louis Aliot à la 3e place (mais avec plus de 20% des voix quand même…) Plus globalement la gauche a d’ailleurs assez bien résisté, malgré un éclatement qui risquait de lui être fatal, mais qui, au final, lui aura peut-être permis de brasser plus large au premier round. Mais c’est sans aucun doute aussi grâce à un sursaut citoyen, provoqué par le choc du premier tour mettant en France le parti de Marine Le Pen en tête, qui aura permis à la gauche de sauver la mise, en lieu et place de la razzia que s’était juré de réaliser le parti de Nicolas Sarkozy.

Ainsi, du premier au second tour, c’est un bond de 10 points qu’on a enregistré en terme de participation, et c’est en outre d’un excellent report des voix dont ont pu bénéficier les candidats de gauche, tant dans notre région que sur le plan national. Voilà comment des facteurs aussi différents que pourtant liés entre eux ont pu jouer en faveur de l’élection de Carole Delga, en lui offrant au final une éclatante victoire, nonobstant le fait d’un tripartisme qui n’a pas fini de bousculer à l’avenir l’échiquier politique… Sachant que sauf imprévu les Aveyronnais ne doivent revenir aux urnes qu’à l’occasion de la présidentielle, en 2017, le nouveau paysage dessiné en décembre est lourd d’inconnues.

Mais aussi...

  • Une législative partielle gagnée sans bavure par Arnaud Viala
     

Avec plus de 63% des voix, Arnaud Viala est brillamment devenu cette année le député de la 3e circonscription de l’Aveyron. C’était le 13 septembre, à la faveur d’une élection législative partielle provoquée par la démission de son prédécesseur Alain Marc, élu sénateur quelques mois auparavant. Au premier tour, sur les 7 candidats qui s’étaient présentés, on pouvait déjà relever la forte avance du candidat LR (Les Républicains) puisqu’Arnaud Viala avait engrangé 46% des voix. Soit plus du double que le résultat obtenu par son principal adversaire à gauche, le socialiste Pierre Pantanella, tandis que devait s’imposer en 3e position le candidat d’extrême droite avec plus de 15% des voix. Ce dernier résultat venait du coup confirmer ce que les élections départementales avaient déjà pointé en mars, avant que 3 mois plus tard les élections régionales ne viennent l’imposer, en bousculant violemment un paysage politique désormais marqué par la montée en puissance du parti de Marine Le Pen. Tandis qu’à la gauche du PS écologistes et Front de gauche venaient témoigner, eux aussi déjà, d’une dispersion délétère…

  • Jean Rigal, figure du radicalisme, s’en est allé

De sa voix tonitruante et de son intelligence fine mais percutante, il aura marqué durant un bon quart de siècle l’histoire politique aveyronnaise. Mais Jean Rigal était d’abord et avant tout un homme de conviction, pétri d’humanisme, solidement ancré dans le Villefranchois, et foncièrement amarré à gauche. Quoi de plus naturel pour ce fils d’instituteur né en 1931 à Rodez, mais dont la carrière tant politique que professionnelle, s’inscrit dans le Villefranchois. Même si c’est à Rodez que finalement il succombera, le 8 février dernier. Car entre 1966 et son entrée au parti radical et 1997, Jean Rigal n’a pas chômé, que ce soit en tant que député et maire, ou en prenant des responsabilités nationales au sein du PRG. Dans le sillage d’un Robert Fabre, le 3e homme à l’oeuvre dans l’union victorieuse de la gauche.