L'Iran accuse Ryad d'avoir attaqué son ambassade au Yémen, interdit les produits saoudiens

  • Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hossein Jaberi Ansari à Téhéran le 14 décembre 2015
    Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hossein Jaberi Ansari à Téhéran le 14 décembre 2015 AFP/Archives - ATTA KENARE
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Centre Presse Aveyron

L'Iran a accusé jeudi l'aviation saoudienne d'avoir bombardé son ambassade au Yémen et a interdit l'entrée de tous les produits saoudiens, nouvel épisode dans la flambée de tensions entre les deux pays après l'exécution par Ryad d'un religieux chiite saoudien.

Selon Téhéran, le bombardement de son ambassade au Yémen est "une action délibérée de l'Arabie saoudite" et viole "les conventions internationales pour protéger les missions diplomatiques (...)".

L'Arabie est à la tête d'une coalition arabe qui intervient au Yémen en soutien au président Mansour Abd Rabbo Mansour Hadi contre des rebelles chiites appuyés par l'Iran.

"Le gouvernement saoudien est responsable des dégâts causés et de la situation des membres du personnel qui ont été blessés", a accusé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, cité par la télévision d’État.

"La République islamique d'Iran se réserve le droit de défendre ses droits dans cette affaire", a-t-il ajouté.

l'Iran a dans le même temps annoncé l'interdiction de l'entrée de tous les produits saoudiens ou en transit depuis l'Arabie saoudite.

L'interdiction du petit pèlerinage de La Mecque (omra), auquel se rendaient d'habitude quelque 500.00 pèlerins iraniens et parfois jusqu'à 850.000, est également "maintenue jusqu'à nouvel ordre".

Déjà tendues, les relations entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite se sont encore détériorées début janvier.

Ces tensions entre les deux poids lourds de la région qui s'opposent depuis des années sur de nombreux dossiers de l'Irak au Liban en passant par les guerres au Yémen et en Syrie inquiètent la communauté internationale qui a appelé à l'apaisement.

Ryad a rompu dimanche ses relations avec l'Iran à la suite de l'attaque de ses missions diplomatiques samedi à Téhéran et à Machhad par des manifestants en colère qui protestaient contre l'exécution du dignitaire religieux chiite saoudien, cheikh Nimr al-Baqer al-Nimr.

L'exécution de ce critique du régime de Ryad a provoqué l'indignation au sein des communautés chiites dans plusieurs pays de la région.

Le gouvernement iranien a condamné l'attaque de l'ambassade et du consulat saoudiens et plus de 40 personnes ont été arrêtées mais ceci n'a pas suffi pour calmer la colère de l'Arabie saoudite.

La décision de Ryad de rompre ses relations avec l'Iran a été suivie par Bahreïn, le Soudan, Djibouti puis la Somalie jeudi. "Les diplomates iraniens ont 72 heures pour quitter la Somalie", a précisé le ministère des Affaires étrangères. L'Iran était un des rares pays à disposer d'une ambassade à Mogadiscio.

Les Émirats arabes unis ont eux réduit leurs relations diplomatiques avec Téhéran tandis que le Koweït et le Qatar ont rappelé leur ambassadeur en Iran.

- Nouvelles manifestations -

L'Irak majoritairement chiite comme l'Iran a proposé d’œuvrer à faire baisser la tension afin de ne "pas entraîner la région dans une guerre qui ne pourrait avoir de vainqueur".

De nouvelles manifestations contre l'exécution du cheikh Nimr ont toutefois été annoncées en Iran à l'occasion de la prière du vendredi.

Les tensions entre Téhéran et Ryad affectent aussi les cours du pétrole.

Le WTI, le pétrole échangé à New York, a atteint jeudi son niveau le plus bas en douze ans (32,10 dollars) dans un marché asphyxié par l'excédent d'offre que les tensions croissantes au Moyen-Orient, les derniers chiffres sur les stocks américains de brut et les mauvaises données chinoises ont plombé.

Sur le plan économique, l'interdiction des importations saoudiennes ou ayant transité par l'Arabie saoudite pourrait avoir un impact de plusieurs millions d'euros.

Les importations en Iran en provenance d'Arabie saoudite se sont élevées à 40 millions de dollars (36,8 millions d'euros) au cours des huit premiers mois de l'année iranienne (qui a débuté le 20 mars), selon des chiffres officiels contre 132 millions de dollars d'exportations (121 millions d'euros).

Les pèlerins iraniens dépensaient eux entre un et deux milliards de dollars (920 millions et 1,84 milliards d'euros) en Arabie saoudite et leur absence pourrait constituer une perte financière pour Ryad.

Source : AFP

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