Decazeville : la maternité fait naître de nouvelles tensions

Plus que l’article paru dans nos colonnes avant-hier, faisant état d’une baisse du nombre des naissances à la maternité de Decazeville (299 en 2014, 265 en 2015), c’est la nature des propos tenus dans ledit article par le docteur Philippe Hélou, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital, qui a fait réagir le personnel de l’établissement. Et pas seulement. En effet, le directeur de l’hôpital Dominique Perrier n’a pas non plus apprécié la sortie du docteur Hélou. Il lui a adressé dans ce sens un courrier particulièrement virulent, avec demande d’explications à l’appui sur plusieurs points, tels que son positionnement et son véritable niveau d’implication dans le fonctionnement et l’avenir de la maternité decazevilloise et autres petits messages pas forcément très sympathiques.

"Se poser les bonnes questions"

Au-delà de cette réaction directoriale, les représentants du syndicat CGT Santé de l’hôpital decazevillois, rejoints par une cinquantaine de salariés, sont également sortis du bois hier pour faire savoir leur mécontentement. Un mécontentement exacerbé par le fait que la maternité est dans l’attente de son autorisation à fonctionner pour cinq ans supplémentaires, qui doit être actée par la tutelle avant le 31 mai 2016. "Nous ne partageons pas du tout l’analyse du chef de service, ont commenté fermement les syndicats. Oui, il y a une baisse du nombre de naissances, mais faut-il se poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses à cette problématique. Sachant, il est bon de le préciser, que la baisse des naissances a été constatée quasiment partout dans le pays, entre 5 et 10% selon les établissements. Cela étant, ont poursuivi les représentants syndicaux, l’une des bonnes questions à se poser est pourquoi certaines parturientes auraient été orientées vers d’autres établissements?"

"Cette maternité a de réels atouts"

Au-delà de cette seule interrogation, les personnels de l’hôpital decazevillois insistent sur le fait que "cette maternité a de réels atouts. Contrairement à ce qu’a dit son chef de service, elle bénéficie toujours d’une bonne image et peut s’appuyer sur un gynécologue-obstétricien à temps complet, le docteur Paoli. Son attractivité est encore réelle, puisque des femmes viennent d’un peu partout pour y accoucher. Et si certaines patientes choisissent d’aller ailleurs, ce n’est pas pour une raison de qualité de service."

À partir de là, les représentants syndicaux demandent, eux aussi, que le docteur Hélou "clarifie son discours alors que des échéances importantes se présentent" et se positionne "très clairement en faveur de la maternité", "qui reste une vitrine pour son activité". Tout en nuançant un peu le propos: "Mais une maternité n’appartient pas à un praticien, c’est un service public qui doit fonctionner comme un service public."

"On se battra encore s’il le faut"

Se disant donc dans l’attente d’un "discours mobilisateur qui amène à se retrousser les manches" de la part du docteur Hélou, les syndicats attendent aussi la position de la tutelle sur le renouvellement de l’autorisation à fonctionner de la maternité. "Pour l’instant, la maternité est ouverte. Et, quelle que puisse être la décision de la tutelle, on s’attachera à ce qu’elle reste ouverte. S’il le faut, on se battra encore pour ça."