Avalanche: le professeur mis en examen, d'autres responsabilités envisagées

  • Des skieurs rendent hommage aux personnes mortes dans une avalanche, aux Deux-Alpes, le 14 janvier 2016
    Des skieurs rendent hommage aux personnes mortes dans une avalanche, aux Deux-Alpes, le 14 janvier 2016 AFP - PHILIPPE DESMAZES
  • Le maire des Deux-Alpes ski Stéphane Sauvebois le 14 janvier 2016, aux Deux-Alpes
    Le maire des Deux-Alpes ski Stéphane Sauvebois le 14 janvier 2016, aux Deux-Alpes AFP - PHILIPPE DESMAZES
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Centre Presse Aveyron

Trois jours après l'avalanche mortelle des Deux Alpes, le professeur qui a emmené des lycéens sur une piste fermée a été mis en examen mais d'autres responsabilités ne sont pas exclues: lycée, mairie, station ou skieurs ayant déclenché la coulée de neige.

Ce professeur d'EPS de 47 ans au collège-lycée Saint-Exupéry de Lyon a été mis en examen pour les homicides involontaire de deux de ses élèves de 16 ans, en classe de 1ère option sport, qui sont morts ensevelis dans l'avalanche mercredi.

"Il n'a pas souhaité s'exprimer" devant le juge d'instruction, a indiqué à l'AFP le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat.

L'enseignant a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire national et d'exercer la profession de professeur de sport.

Un skieur ukrainien de 56 ans a aussi péri dans l'avalanche mais sans que l'enseignant puisse être mis en cause puisqu'il était extérieur au groupe scolaire.

- "Responsabilités en cascade" -

Le professeur a été gravement blessé dans l'avalanche et était toujours hospitalisé au CHU de Grenoble samedi. Le procureur adjoint, le juge d'instruction et une greffière se sont rendus à son chevet pour lui signifier sa mise en examen.

"Il reconnaît sa responsabilité, il n'est pas dans le déni. Il ne s'est pas rendu compte du danger car beaucoup de monde avait emprunté cette piste depuis deux jours", a déclaré son avocate, Me Bénédicte Tarayre, décrivant un homme "dépité, choqué".

L'enseignant était sorti en novembre d'un séjour à l'hôpital pour dépression et prenait un lourd traitement. Il a reconnu en garde à vue avoir déjà parcouru la piste noire fermée la veille du drame.

"Le fait qu'il soit mis en examen n'exclut pas d'autres mis en examen", a souligné M. Coquillat. "Dans une affaire de cette nature, il peut y avoir des responsabilités en cascade", avait souligné le magistrat dès jeudi.

"Ne pas poursuivre ce prof, ce serait une injustice, mais ne poursuivre que lui en serait une autre", estime aussi Me Édouard Bourgin, avocat au barreau de Grenoble spécialisé dans ces dossiers.

L'instruction devrait ainsi se pencher sur les responsabilités de sa hiérarchie et de l'établissement scolaire afin de déterminer s'il était judicieux de laisser cet enseignant encadrer un groupe d'élèves lors d'une sortie à ski. "Il fallait renforcer l'équipe encadrante. L'encadrement globalement est très coupable", estime Me Bourgin.

- "Mesure de sécurité inopérante" -

La responsabilité des skieurs ayant déclenché l'avalanche pourra aussi être recherchée. Un groupe de touristes hongrois, rejoignant une autre piste, est passé au-dessus de la zone d'avalanche juste avant son déclenchement. Une demi-douzaine d'entre eux ont été identifiés.

"Il est possible qu'ils aient déclenché l'avalanche ou que ça soit pour une autre raison. Il faudra établir s'ils ont commis une faute", a souligné M. Coquillat pour qui il n'y a "pas d'élément permettant d'établir leur responsabilité" à ce stade.

Des expertises nivologiques devront éclaircir ce point, des skieurs ayant déjà été condamnés en correctionnelle dans des affaires similaires. "Un prévenu engage sa responsabilité pénale pour tout déclenchement direct d'avalanche (...) en hors piste (...) ou dans des espaces naturels en montagne en ski de randonnée, provoquant la mort de personnes évoluant en aval", soulignait Marcel Pérès dans l'ouvrage "Droit et responsabilité en montagne", publié en 2006.

Me Édouard Bourgin juge enfin que la responsabilité pénale de la mairie ou de la société des remontées mécaniques peut être engagée car "la mesure de fermeture de la piste était inopérante", des centaines de skieurs l'ayant empruntée en quelques jours.

"Quand une mesure de sécurité est ineffective, on la modifie, on l'améliore. Le maire avait-il pris un arrêté municipal de fermeture, affiché en bas de la station et sur les télésièges menant à cette piste ?", s'interroge l'avocat.

Source : AFP

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