Le suicide d'un cardiologue à Georges-Pompidou "révélateur de dysfonctionnements"

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Centre Presse Aveyron

Le suicide en décembre d'un cardiologue à l'hôpital Georges-Pompidou est "révélateur de dysfonctionnements" qui ont nourri un "grave conflit" entre médecins, selon une note d'étape de la commission mise en place par le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris et le doyen de la faculté de médecine Paris-Descartes, rendue publique dimanche.

Le professeur Jean-Louis Mégnien s'est suicidé le 17 décembre sur son lieu de travail, se jetant par la fenêtre du 7e étage de l'hôpital. Outre cette commission, une enquête préliminaire pour harcèlement moral a été ouverte par le parquet de Paris, sur fond d'accusations de "luttes claniques" au sein du prestigieux établissement.

Dans une lettre rendue publique en décembre, un chef de service de psychiatrie, le Pr Bernard Granger, avait mis l'accent sur "la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité". Les proches du professeur Mégnien ont affirmé qu'il était victime de harcèlement de la part de sa hiérarchie et ont dénoncé dans les médias sa descente aux enfers depuis que le poste de chef de service de médecine préventive cardio-vasculaire, qu'il convoitait, lui avait échappé.

Au nombre des dysfonctionnements relevés par la commission, constituée de trois personnalités extérieures à l'hôpital, figure la procédure "ayant conduit au choix du responsable" de l'unité de médecine préventive cardio-vasculaire, avec un "arrangement initial inhabituel" entre les médecins de cette unité pour mettre en place une "chefferie tournante".

"Plus largement, ce drame est révélateur de difficultés d’ordre statutaire et organisationnel", estime la commission, qui va poursuivre ses auditions. Elle note ainsi "l'absence d'instances responsables et de procédures adaptées au traitement des conflits entre personnels médicaux".

Ce sont ces dysfonctionnements qui "ont nourri le grave conflit qui a opposé des médecins entre eux au sein" de l'unité de médecine préventive cardio-vasculaire, souligne la commission, qui a pris connaissance de plusieurs autres conflits dans cet établissement ayant eu "pour origine la succession de chefs de service ou de département".

Elle observe aussi que l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) n'a "pas organisé un dispositif structuré centré sur la prévention de la souffrance psychique et la réaction à l’alerte suicidaire des personnels médicaux".

Un collègue du cardiologue avait averti la direction en décembre 2014 de la fragilité du médecin. Une alerte restée sans réponse. Le suicide du professeur Mégnien est intervenu quatre jours après sa reprise du travail, au terme d'un arrêt maladie de plusieurs mois.

"Les conséquences de la souffrance psychique, notamment lorsqu’elle survient dans un contexte conflictuel ou d’échec professionnel, et leurs liens avec le travail à l’hôpital, son arrêt ou sa reprise ne sont pas suffisamment pris en compte", déplore la commission.

Elle préconise donc la mise en place "sans délai" d'un "dispositif structuré" associant les parties concernées (AP-HP, universités, médecine du travail) pour la prévention de la souffrance psychique et la réaction à l'alerte suicidaire.

Concernant les personnes, elle "ne voit pas d'argument qui justifierait le remplacement" de la directrice de l'HEGP, réclamé par "certains médecins".

Cette note d'étape, rendue publique sur décision du directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch et du doyen de la faculté de médecine Paris-Descartes Gérard Friedlander, a été transmise au directeur général de l’Agence régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France, à la ministre de la Santé et des Affaires sociales, ainsi qu'à la ministre chargée de l’Enseignement supérieur, précise l'AP-HP dans un communiqué.

Source : AFP

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