Attaque jihadiste au Burkina: l'enquête se poursuit pour lever les zones d'ombre

  • Un soldat derrière un cordon de sécurité à Ouagadougou, le 17 janvier 2016, au Burkina Faso
    Un soldat derrière un cordon de sécurité à Ouagadougou, le 17 janvier 2016, au Burkina Faso AFP - ISSOUF SANOGO
  • MOKHTAR BELMOKHTAR
    MOKHTAR BELMOKHTAR AFP - Jonathan JACOBSEN, Kun TIAN
  • Le président du Burkina Fasso, Roch Marc Christian Kabore (G) et son homologue béninois Thomas Boni Yayi , le 18 janvier 2016 à Ouagadougou
    Le président du Burkina Fasso, Roch Marc Christian Kabore (G) et son homologue béninois Thomas Boni Yayi , le 18 janvier 2016 à Ouagadougou AFP - ISSOUF SANOGO
  • Le président du Burkina Fasso, Roch Marc Christian Kabore (G) et son homologue béninois Thomas Boni Yayi , le 18 janvier 2016 à Ouagadougou
    Le président du Burkina Fasso, Roch Marc Christian Kabore (G) et son homologue béninois Thomas Boni Yayi , le 18 janvier 2016 à Ouagadougou AFP - ISSOUF SANOGO
  • Un enquêteur burkinabè passe à côté de véhicules calcinés devant l'hôtel Splendid, le 17 janvier 2016 à Ouagadougou
    Un enquêteur burkinabè passe à côté de véhicules calcinés devant l'hôtel Splendid, le 17 janvier 2016 à Ouagadougou AFP - ISSOUF SANOGO
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'enquête se poursuivait lundi au Burkina pour déterminer les circonstances précises de l'assaut jihadiste qui a fait 29 morts à Ouagadougou, où l'armée s'est déployée après cette attaque d'une ampleur inédite dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Sur le théâtre de l'attaque, des enquêteurs, dont certains en blouse blanche, poursuivaient leur travail de collecte d'informations. Dix-huit enquêteurs français, dont des magistrats et des membres de la police scientifique, étaient sur place pour épauler les Burkinabé.

Quatorze ou 15 étrangers, dont un enfant de neuf ans, et sept ou huit Burkinabè figurent parmi les victimes du raid qui a frappé vendredi soir plusieurs hôtels et restaurants de Ouagadougou, selon deux bilans divergents communiqués par les autorités du Burkina Faso.

Vingt-cinq des 29 victimes ont été identifiées, après la l'identification de trois nouveaux corps lundi, a affirmé la procureure Maïza Sérémé à l'AFP, confirmant la mort de 6 Canadiens.

sécurité "Trois nouveaux corps ont été identifiés. On passe donc de 4 à 6 Canadiens tués, et de 7 à 8 Burkinabè tués", a déclaré la procureure.

Après ce raid meurtrier, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la capitale avec une surveillance accrue des hôtels et de plusieurs points stratégiques. Des barrages ont été installés aux entrées et sorties des principales villes du pays, selon une source sécuritaire.

L'ambassadeur de France au Burkina Faso Gilles Thibault a affirmé lundi lors d'une conférence de presse que la sécurité avait été renforcée autour des sites français.

"Il n'est pas raisonnable de penser que d'autres attaques ne pourraient pas se passer", a-t-il précisé.

Le lycée français de Ouagadougou a notamment été fermé en attendant une sécurisation plus importante.

- "Vraie barbarie" -

L'attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

Les corps de trois jihadistes ont été retrouvés, sans avoir pu encore être identifiés, selon le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré.

Aqmi a publié la photo de trois membres du commando, âgés tout au plus de 25 ans, en les qualifiant d'"al-Ansari", vocable utilisé pour désigner des combattants autochtones dans la terminologie jihadiste.

De nombreux témoignages ont cependant fait état de plus de trois assaillants.

Avant de passer à l'attaque, les jihadistes ont prié dans une mosquée près de l'hôtel, selon le ministère de l'Intérieur. La police burkinabé cherche à établir si les jihadistes ont bénéficié de complicités.

"Une vingtaines de personnes ont été arrêtées depuis hier (dimanche) dans le cadre de l'enquête. Certains ont été relâchés, d'autres sont encore en train d'être entendus", a affirmé une source proche du dossier sous couvert de l’anonymat.

Selon cette source, "il y a certainement une cellule dormante basée à Ouagadougou qui les a aidés (les jihadistes) dans cette opération".

Selon une source sécuritaire, des opérations de police ont eu lieu dans le quartier musulman Hamdalaye dans l'ouest de Ouagadougou.

"C'est de la vraie barbarie. Qu'est ce qui peut conduire à une telle haine, c'est inimaginable", a commenté lundi en découvrant le lieu de l'attaque le président béninois Thomas Boni Yayi, venu témoigner de la solidarité de l'Afrique de l'Ouest.

- "Guerre asymétrique" -

"Ce n'est pas le Burkina seul qui a été frappé. C'est toute une sous-région (...) La question, aujourd'hui, c'est à qui le tour?", a-t-il déclaré.

Le président burkinabé M. Kaboré a lui réitéré sa volonté que les pays travaillent ensemble: "Nous devons mutualiser nos moyens d’information et militaires".

"Nous sommes dans une guerre asymétrique. et il faut que nous puissions former notre armée à ce nouveau type de combat", a-t-il conclu.

Côté français, une source militaire et l'ambassadeur ont confirmé que les forces spéciales françaises étaient intervenues à l'appel du Burkina.

"Des trous dans la raquette (sécuritaire), il peut en exister. Au Mali le processus politique n'a pas encore abouti, au Burkina ils se relèvent d'un coup d'Etat. Forcément ce sont des périodes de vulnérabilité dont les terroristes peuvent tirer parti", a souligné cette source.

"Nous sommes dans une logique permanente d'adaptation. L'adaptation entre +la cuirasse et le boulet+, c'est l'histoire militaire permanente. On doit comprendre que l'adversaire est là de façon durable, militarisée et manœuvrière. A nous d'aller encore plus vite que lui, au côté de nos partenaires africains", a souligné cette source.

Source : AFP

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