L’hôpital Jacques-Puel de Rodez peut enfin investir
Santé. Le directeur du centre hospitalier de Rodez, Frédéric Bonnet, a répondu à nos questions. Toutes nos questions. Sans éluder les problèmes et les difficultés financières. Entre un très lourd endettement de 82 M€ et un déficit budgétaire de 1,1 M€ pour 2015.
Le directeur du centre hospitalier de Rodez, Frédéric Bonnet, a répondu à nos questions. Toutes nos questions. Sans éluder les problèmes et les difficultés financières. Entre un très lourd endettement de 82 M€ et un déficit budgétaire de 1,1 M€ pour 2015.
Depuis sa mise en service, l’établissement traîne un lourd fardeau financier. Qu’en est-il de la dette cumulée et des emprunts dits toxiques ?
La dette financière est passée de 84,7 M€ en 2014 à 82 M€ fin 2015. Nous avons mené une double opération de renégociation de l’emprunt le plus à risque. Avec l’aval de la tutelle, et dans des circonstances relativement favorables, nous avons sécurisé cet emprunt de 12 M€ par un nouvel emprunt à taux fixe. Jusqu’à présent, cet emprunt toxique, indexé sur la parité entre le yen et le dollar, ne nous a pas fait perdre de l’argent. Au contraire, il nous a permis d’en gagner, mais nous ne pouvions maintenir le risque.
Par ailleurs, la Société de financement local (Sfil), qui a repris les actifs « pourris » de Dexia, nous a accordé un emprunt de 3 M€ pour financer les investissements de 2016. Depuis trois ans, les banques fermaient le robinet et c’est ce qui nous handicapait. Nous avions absolument besoin d’emprunter pour investir. Le niveau d’endettement est encore très lourd mais cela va dans le bon sens, même si l’hôpital va devoir continuer à rembourser sa dette au moins jusqu’en 2028. En 10 ans, l’environnement financier a aussi considérablement changé.
Quels sont les investissements programmés pour 2016 ?
Sept ans après l’ouverture de l’hôpital, des matériels sont arrivés à échéance. Nous allons changer l’IRM et le principal scanner par le biais de la location. Cette formule a, bien sûr, des avantages et des inconvénients. Pour ces investissements, nous avons juste pris un an ou deux de retard. Le budget 2015 sera-t-il déficitaire? Selon les comptes établis sur les neuf premiers mois de 2015, le déficit prévisible est de l’ordre de 1,1 M<, soit 0,8% du budget, ce qui reste très modéré. Cela correspond aux objectifs. Si nous avions eu un financement correct pour le Smur héliporté (voir par ailleurs), nous serions à l’équilibre. En 2014, par mécanisme comptable, le budget était excédentaire de 1,1 M€
La fusion avec la clinique Saint-Louis a-t-elle réellement porté ses fruits ?
L’activité orthopédique, qui représentait 20 % de l’activité totale de Saint-Louis, n’a pas été récupérée. Trois ans après la fusion, cela reste quand même une bonne opération, même si la coexistence n’est pas toujours simple. En 2015, 2anesthésistes privés sur 4 sont partis et n’ont pu être remplacés. Le recrutement médical reste un combat perpétuel dans de nombreuses spécialités.
Est-il vrai que certains médecins ne jouent pas le jeu de l’hôpital et que pensez-vous de cette dualité privé-public ?
Ma réponse ne peut être que subjective. Cela ne se mesure pas. On constate des fuites en orthopédie, en cardiologie et en urologie vers Albi et Toulouse. C’est dommage. Nous essayons de développer nos relations avec les médecins de ville. Je regrette parfois qu’on aille chercher loin ce que l’on a à proximité.
Au mois d’août dernier, le départ simultané de trois praticiens du même service aurait obligé l’hôpital à faire appel à des médecins extérieurs à plus de 1000 euros la journée. Dans le contexte actuel, cela fait un peu désordre non ?
Je ne suis pas au courant. Sans dérouler le tapis rouge aux médecins, je souhaite que l’organisation en place leur permette de partir chacun à leur tour, mais il peut y avoir des ratés. Le médecin d’aujourd’hui n’est plus taillable et corvéable à merci. Il faut prendre en compte certaines aspirations.
Votre DRH aurait dénoncé
De nombreux agents vont partir à la retraite dans les années à venir. Seront-ils tous remplacés?
Cela ne se pose pas en ces termes. La grosse majorité du travail hospitalier est du travail posté. On ne peut pas arrêter la machine mais la faire évoluer en fonction des ressources. Il faut adapter l’organisation aux ressources que l’on nous donne.
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