Turquie: Erdogan dit aux intellectuels qu'ils paieront le "prix" de leur pétition pour la paix

  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 20 janvier 2016
    Le président turc Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 20 janvier 2016 AFP - ADEM ALTAN
  • Un petit garçon dans les ruines de la ville kurde de Diyarbakir en Turquie, le 14 janvier 2016
    Un petit garçon dans les ruines de la ville kurde de Diyarbakir en Turquie, le 14 janvier 2016 AFP - ILYAS AKENGIN
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Centre Presse Aveyron

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti mercredi les intellectuels qui ont signé une pétition dénonçant la violence des opérations de l'armée dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie qu'ils paieraient le "prix" de leur "trahison".

"Alors vous croyez que vous allez pouvoir remettre en cause l'unité de cette nation et continuer à mener une vie confortable grâce au salaire que vous recevez de l'Etat sans en payer le prix ? Cette période est finie", a tonné M. Erdogan lors d'un discours prononcé devant des élus locaux à Ankara.

"Dans un Etat de droit comme la Turquie, des soi-disant intellectuels qui menacent l'unité de la nation n'ont pas le droit de commettre des crimes. Ils n'ont pas d'immunité", a poursuivi l'homme fort du pays.

Plus de 1.200 intellectuels turcs et étrangers ont signé la semaine dernière une "pétition" pour la paix dénonçant les "massacres" commis par les forces de sécurité turques lors d'opérations en cours contre les rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs villes sous couvre-feu.

M. Erdogan a vivement réagi en les qualifiant de "traîtres" et en les accusant de complicité avec les "terroristes" du PKK.

Mercredi encore, il a répété son "mépris" pour les signataires de la pétition. "Vous pouvez taper tant que vous voulez: l'ère de la +vieille Turquie+, quand tout un pays était dirigé par une poignée de soi-disant intellectuels, est révolue", leur a-t-il lancé.

De nombreuses procédures judiciaires ont été lancées dans tout le pays et plusieurs universités ont engagé des procédures disciplinaires contre les pétitionnaires.

La semaine dernière, une vingtaine d'universitaires avaient été brièvement placés en garde à vue par la police avant d'être relâchés.

Mercredi, trois autres ont encore été arrêtés et interrogés dans le cadre d'une enquête ouverte par le procureur de Sakarya (nord-ouest) pour "propagande terroriste" et "insulte à la Turquie et à ses institutions", a rapporté l'agence de presse Dogan. Deux d'entre eux ont été remis en liberté après leur déposition.

Tous risquent des peines allant d'un à cinq ans de prison.

Ces arrestations ont suscité un tollé en Turquie et à l'étranger, où les critiques de M. Erdogan ont dénoncé une atteinte à la liberté d'expression.

Le chef du Parti républicain du peuple (CHP, opposition socio-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu, qui a qualifié publiquement à deux reprises le chef de l'Etat de "caricature de dictateur", fait désormais l'objet d'une enquête pénale pour "insulte".

M. Erdogan a en outre déposé deux plaintes civiles contre lui, lui réclamant deux fois 100.000 livres turques (30.000 euros environ) de dommages et intérêts.

Le président a raillé son rival mercredi. "Il devrait avoir honte (...) plus personne ne sait s'il est encore sain d'esprit", a-t-il dit. "Le montant de dommages que je reçois de lui augmente de façon exponentielle", s'est encore amusé M. Erdogan.

Source : AFP

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