Pierre Boscus, «label» histoire de Saint-Cyprien-sur-Dourdou

  • Pierre Boscus aurait dû faire menuisier dans son village natal de Sénergues... mais la vie le mènera vers le village de Saint-Cyprien-sur-Dourdou, où il exercera entre autres la profession de boucher et traiteur.
    Pierre Boscus aurait dû faire menuisier dans son village natal de Sénergues... mais la vie le mènera vers le village de Saint-Cyprien-sur-Dourdou, où il exercera entre autres la profession de boucher et traiteur. PH.R
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Boucher, charcutier, traiteur, Pierre Boscus est une figure du village. Cédant petit à petit ses affaires, il a participé au développement de ce village niché entre Conques et Marcillac. Rencontre.

À quelques kilomètres du trésor de Conques, village le plus visité de l’Aveyron, à quoi ressemblerait Saint-Cyprien-sur-Dourdou s’il n’y avait pas Pierre Boscus La question ferait sourire l’intéressé, certes! Mais à l’heure de passer la main, en douceur, à un moment où l’envie est irrépressible de se retourner sur le chemin parcouru, son empreinte se dessine un peu plus encore dans le village. Boucher, charcutier, traiteur, chef d’entreprise, marchand de bestiaux... il faillit même être le maire !

Dans cette commune d’un peu moins de 800 habitants, tout le monde connaît donc «Pierrot». Et même au-delà, tant son activité de traiteur a rayonné. C’est toutefois un peu plus haut qu’à Saint-Cyprien, à Sénergues, en 1950, que tout a commencé.

Dans ce village où il est né, il aurait dû devenir... menuisier ! «Les Boscus, il y en a beaucoup à Sénergues. Beaucoup dans le métier du bois. Cela m’intéressait aussi. J’étais allé au Lep d’Aubin pour cela», raconte-t-il. Mais à quinze ans, il a dû lâcher les études et les machines à bois pour aider son père, tombé malade. Il était... boucher. «Et j’ai commencé à faire comme lui. À cet âge-là, je tuais déjà les bêtes».

Pierre Boscus est l’aîné des garçons dans cette fratrie de six. Sans trop se poser de questions, il va foncer au guidon de sa mobylette, pour aller de ferme en ferme acheter les bêtes. «Faut reconnaître que ce n’était pas évident. Mais avec les frères et sœurs, on s’est serré les coudes...».

1988, l’ère du traiteur

Son flair le guide vers le village voisin de Saint-Cyprien. Il s’y installe en 1974. S’y marie avec Jackie en 1975. En 1979, il s’impose comme le boucher du village. «J’ai appris sur le tas, sourit-il. J’ai beaucoup écouté, et beaucoup travaillé pour y arriver. On m’a aidé aussi, comme les Blanquet, à Rodez». Petit à petit, il va bâtir son réseau d’éleveurs. «Que des agriculteurs qui travaillent bien», insiste-t-il.

En 1988, son intuition le mène vers cette usine à tripous construite à la sortie du village et vide depuis quelque temps. Après un an de travaux, il y installe son laboratoire de cuisine. S’ouvre alors l’ère de «Pierre Boscus traiteur». «C’est un cap important que nous avons franchi à cette époque-là. Et mon épouse m’a énormément aidé pour développer cette activité-là.»

 Le nom, qui résonne déjà beaucoup sur les rives du Dourdou, trouve alors un écho de plus en plus large. Gagne le département. Guidé aussi par le flair des affaires, prêtant toujours une oreille attentive à des amis parisiens, il fait de son nom une marque: «PB». Il a même un slogan: «Le goût du vrai». Dans le même temps, il met la main à la pâte pour lancer le restaurant «La table de Jackye», cher à son épouse, qui deviendra une des bonnes adresses de la région, entre Rodez et Conques.

2007, Le petit marché

En 2007, le magasin installé sur l’avenue principale, «devenu trop petit mais qui était vraiment sympa», devient, quelques mètres plus loin, une belle épicerie, avec un laboratoire de boucherie. C’est «Le petit marché». La notion de réussite en s’appuyant sur la proximité ne l’a en fait jamais quitté. C’est un magasin dans lequel il se rend avec beaucoup fierté, y salue chaleureusement ses amis clients.

Parle de ses enfants, Rémy le comptable toulousain et Julien, le chef étoilé des Climats, à Paris, résumant en quelque sorte à eux deux la réussite du père. C’est là aussi que les présidents d’association viennent voir comment «Pierrot» pourrait les aider. Si bien que celui qui fut aussi conseiller municipal puis premier adjoint à la mairie du village, qui au plus fort de son activité employait une trentaine de personnes dans le village, a bien quelques nœuds au ventre en cédant son petit empire saint-cypriennois.

«Quand on voit des gens venir vous serrer la main très fort, avoir parfois les larmes aux yeux, ça fait quelque chose... » Ceci dit, toujours président de l’Union professionnelle artisanale, premier vice-président de la Chambre de métiers, et toujours chargé d’acheter les bêtes, désormais pour celui qui lui a racheté l’entreprise, Alain Prunet, Pierre Boscus a toujours le sourire.

Il se dit toujours prêt à filer un petit conseil à celui qui lui demandera, tout comme il a pu en bénéficier quand il était jeune. Et puis, dans un atelier au cœur du village, quelque chose de précieux l’attend. Des machines avec lesquelles il va pouvoir travailler le bois. Car au milieu de tout cet univers, entre affaires et gastronomie, à 65 ans, il n’a jamais perdu la passion de son enfance. Le travail du bois. Et qui sait ce que serait alors devenu le village ?

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