C’est l’histoire du «Caïque», figure du Gua

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Centre Presse Aveyron

Souvenir. Voilà 20 ans, disparaissait Jean Durand, personnage haut en couleurs.

Il y a tout juste 20 ans, à l’aube de l’an 1996, Jean Durand, ou Caïque pour tous ceux qui le connaissaient, artiste peintre du quartier du Gua, à Aubin, et digne représentant de l’art pictural naïf, ne savait pas qu’il entrait dans la dernière ligne droite de sa vie, qui allait se terminer le 13 décembre de cette année-là. Il était alors dans sa 65e année.

«Pagnolesque»

Évoquant très souvent ses innombrables pérégrinations d’artiste qui ont duré plusieurs années, il disait avec son aplomb légendaire avoir côtoyé les plus grands peintres contemporains et ajoutait que pour lui, «son» centre du monde était la gare de Nîmes. Endroit qu’il avait peint sous la forme d’une fresque qui a longtemps trôné dans le hall de la gare nîmoise. Personnage aux accents «pagnolesques», Maître Jean, comme ses «disciples» le surnommaient affectueusement, était fier d’être un enfant du Gua, Un quartier qu’il a peint d’ailleurs sous tous ses angles. On trouve encore l’un de ses tableaux dans le cabinet du docteur Hélian Cabrolier, sur lequel on reconnaît l’actuel établissement médical dans sa version minière, tout à côté du chevalement du Puits 15.

Une malle de diplômes

Peintre jusqu’au bout des doigts, il était également à ses heures - parfois longues - un philosophe éclairé, qui a captivé par ses envolées lyriques plusieurs générations de guasois C’est au Café Busto qu’il a commencé à capter son auditoire, et notamment de jeunes étudiants, abordant une multitude de thèmes sociétaux. Sous les yeux interloqués de ses classards de l’école communale, il avançait qu’au niveau étude, il possédait «10 ans d’avance sur la Sorbonne». Il est vrai qu’en grand amateur de littérature, il avait acquis tout un bagage de connaissances et, au passage, une malle de diplômes… qu’il promettait de montrer à ceux qui l’auraient demandé, ce qui n’est jamais arrivé…

Une narine après l’autre

Mais à vouloir trop en faire, parfois, on se noie. Mais pas dans l’eau pour Caïque, qui était comme un poisson dans cet élément. Il y lisait même le journal sans le mouiller en se baignant dans le bassin du Gua. À la question d’un «touriste» qui lui demandait comment il pouvait ainsi flotter sans bouger, il répondit: «C’est très simple, je respire une narine après l’autre». Devant le scepticisme de son interlocuteur, il complétait en disant: «En fait, un poumon après l’autre.» Du Caïque dans le texte.

Et sa mère hochait la tête

C’est ensuite rue Paul-Lafargue, où il vivait et possédait son atelier, que Maître Jean a atteint ses sommets philosophiques. Tandis que sa mère, accoudée à la fenêtre en écoutant et en regardant son fils déclamer ses grandes théories, hochait la tête d’un air désabusé. Peu importe. Pour ceux qui s’en souviennent, ce n’était que du plaisir de l’entendre raconter la vie, sa vie, ses récits épiques pour la plupart. Et peu importe si parfois, emporté par son élan, il poussait le bouchon un peu trop loin.

Conscient de ces emballements verbaux, il avait toujours à sa disposition un ou plusieurs «faux témoin» pour étayer ses dires. Et puis, sa carrure de déménageur imposait le respect et incitait à ne pas trop le contrarier. Raconter Maître Jean est un exercice sans fin. Et en parlant de lui, on ressuscite aussi tout plein de ses «vieux complices» disparus eux aussi, qui étaient autant de figures du quartier du Gua.

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