Marion, "vierge consacrée": une vie à part, mais pas hors du monde

  • Marion chez elle à Paris, le 25 janvier 2016
    Marion chez elle à Paris, le 25 janvier 2016 AFP - JACQUES DEMARTHON
  • Marion chez elle à Paris, le 25 janvier 2016
    Marion chez elle à Paris, le 25 janvier 2016 AFP - JACQUES DEMARTHON
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Centre Presse Aveyron

Elle a un métier, n'habite pas en communauté, et rien dans son apparence vestimentaire ne la distingue. Mais la vie de cette célibataire est singulière: Marion, "épousée mystiquement par le Christ", est une "vierge consacrée".

Cette femme de 40 ans, menue et aux traits juvéniles, est entrée dans l'"ordre des vierges" en décembre, lors d'une messe à Notre-Dame de Clignancourt, son église du nord de Paris.

"J'avais demandé trois jours de disponibilité pour mariage. Mon employeur m'a répondu que, légalement, ce n'était pas vraiment un mariage... Mais pour moi, c'en est un. Ce congé m'a finalement été accordé", explique à l'AFP cette musicienne qui s'exprime avec calme et humilité.

Lors de ses "épousailles", Marion a passé au quatrième doigt de sa main droite l'anneau qui l'unit désormais au Christ. Le symbole de son attachement à lui "sans partage", dit le catéchisme de l'Eglise catholique.

Mise en lumière alors que "l'année de la vie consacrée" touche à sa fin dans le monde catholique, cette vocation, l'une des plus anciennes de l'Eglise, existait avant même que ne se forment les premières communautés de soeurs. Sainte Geneviève, vierge du Ve siècle et patronne de Paris, en était une.

Tombé en désuétude, l'ordre a été restauré en 1970, dans l'élan du concile Vatican II. Aujourd'hui, il compte environ 4.000 membres (620 en France) souvent plus jeunes (50 ans d'âge moyen) que les religieuses et moniales, et jouit d'une certaine dynamique dans son recrutement, en particulier dans une Europe largement sécularisée.

- "Bienveillance" -

Les vierges consacrées affichent des profils professionnels divers: loin d'être toutes employées par l'Eglise, elles peuvent être médecin, commerçante, journaliste, danseuse...

Marion est violoncelliste dans un grand orchestre symphonique parisien. Elle participe avec ferveur à la vie de sa paroisse (catéchèse, chant) mais rien ne l'y oblige. En revanche la prière, des laudes (matin) aux vêpres (soir), est au coeur de son engagement.

"Je le vis comme une présence enfouie dans le monde, mais avec la liberté de parler et de partager. Forcément, à mon âge, les questions +es-tu avec quelqu'un? as-tu des enfants?+ sont constantes. Je dis ce que je vis parce que j'en suis heureuse."

Dans son Béarn natal, Marion a grandi dans une famille non croyante, qui l'a cependant inscrite au catéchisme. Enfant, elle voyait Jésus "comme un ami". A la mort de son père, elle a perçu "le feu de l'amour de Dieu", qui n'a ensuite "cessé de grandir, sans faire de bruit".

Son appartement offre une jolie vue sur le Sacré-Coeur de Montmartre. Sa rencontre avec les bénédictines qui animent la basilique a d'ailleurs été "déterminante": "C'est à travers leur charisme que j'ai découvert mon propre désir de vie consacrée."

Il y a quatre ans, elle a ressenti un appel presque "physique" l'invitant à "donner sa vie consciemment au Christ". Elle s'est alors souvenue de cette femme inconnue qui lui avait parlé deux ans plus tôt de l'ordre des vierges, dont elle ignorait l'existence. "Je pense que c'était ma vocation de rester dans le monde. J'y ai beaucoup d'amis, c'est le tissu de ma vie, c'est ce qu'il a choisi pour moi. J'ai l'impression qu'il me demande de vivre des dons qu'il m'a confiés", analyse la musicienne virtuose en mettant sous le "il" ce dieu dont elle s'assume en "épouse".

Après un discernement, beaucoup de lectures et quelques cours, elle est donc devenue vierge consacrée. "Souvent je reconnais en rigolant que ce nom n'est pas très facile à porter de nos jours... Mais il faut dire les choses comme elles sont."

La radicalité de son état de vie peut susciter des interrogations autour d'elle. "Mais je rencontre plutôt de la bienveillance. Les gens voient que je leur parle de l'amour dont je vis", se réjouit-elle.

Entre ses répétitions, concerts et tournées, sa vie de prière, Marion trouve encore le temps d'étudier l'hébreu biblique. Et elle aimerait se mettre à l'araméen, que Jésus a parlé.

"J'ai toujours trouvé émouvant de voir quelqu'un apprendre la langue maternelle de la personne avec laquelle il fait sa vie", fait-elle valoir.

Source : AFP

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