En Espagne, le socialiste Sanchez va tenter de former un gouvernement

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Centre Presse Aveyron

Le socialiste Pedro Sanchez s'est vu confier mardi par le roi Felipe VI la tâche épineuse de tenter de former un gouvernement en Espagne, après plus d'un mois de blocage politique.

"Je suis conscient de l'immense honneur que suppose le fait d'être chargé de cette tâche et les difficultés qu'elle entraîne", a déclaré mardi soir Pedro Sanchez, désigné après l'échec de son rival de droite, le sortant Mariano Rajoy, qui n'a pas obtenu les soutiens nécessaires.

Se donnant environ un mois, jusqu'à début mars, M. Sanchez, un professeur d'économie de 43 ans, a assuré qu'il dialoguerait avec "toutes les forces politiques". Il a cependant annoncé dès le départ qu'il n'était pas disposé à s'allier à la droite au pouvoir depuis fin 2011, très impopulaire pour ses mesures d'austérité.

Lors des élections législatives du 20 décembre, le Parti socialiste n'est arrivé que deuxième avec 22% des suffrages et 90 sièges derrière les conservateurs du Parti populaire (28,7% et 119 sièges), dans un paysage politique très fragmenté.

Aux partis traditionnels se sont en effet ajoutées deux nouvelles formations, Podemos (gauche radicale, 65 élus avec ses alliés) et Ciudadanos (centre libéral, 40 députés), ayant en commun la dénonciation de la corruption de l'establishment.

Leur émergence a mis fin à un bipartisme en vigueur depuis plus de 30 ans, qui permettait la formation aisée de majorités parlementaires.

Du coup, depuis le scrutin, la situation était bloquée: les conservateurs emmenés par Mariano Rajoy, à l'image très ternie par la corruption, n'avaient aucune chance d'obtenir l'investiture de la Chambre basse où la route leur était barrée à la fois par les socialistes, Podemos et Ciudadanos.

"Le roi a été à la hauteur", a réagi mardi soir Albert Rivera, le leader de Ciudadanos, en estimant que la désignation de M. Sanchez permettait de débloquer enfin la situation. "Ciudadanos souhaite que dès cette semaine démarrent les négociations", a-t-il dit en souhaitant un gouvernement "réformiste" et stable.

- Formule magique -

Le plus dur reste cependant à faire, Pedro Sanchez devant trouver la formule magique pour obtenir l'investiture du Parlement, en n'ayant comme point de départ que les 90 élus de son parti sur 350.

Assurant vouloir parler avec les autres formations d'abord de "programmes" et non des portefeuilles, il a estimé qu'il faudrait prendre à bras le corps quatre priorités: le défi posé par le chômage, les inégalités, la crise indépendantiste en Catalogne et la crise de confiance des citoyens à l'égard de leurs institutions.

"La première et principale priorité que nous mettrons sur la table est celle de la création d'emplois", a-t-il dit. Le taux de chômage dépasse encore les 20%, même si la reprise est au rendez-vous avec une croissance du PIB de 3,2% en 2015.

Il a aussi évoqué une réforme fiscale défendant les classes moyennes, une transition énergétique vers une économie verte et un pacte pour l'Education.

Pedro Sanchez peut soit s'entendre avec sa droite (Ciudadanos) soit négocier sur sa gauche (Podemos). Ces deux partis ont en effet indiqué qu'ils ne feraient jamais partie du même gouvernement car ils sont diamétralement opposés sur les solutions à apporter à la fièvre indépendantiste qui s'est emparée de la Catalogne.

L'alliance avec Podemos paraît davantage réalisable en nombre de voix, mais Pedro Sanchez devra pour ce faire surmonter l'opposition d'une partie des militants socialistes, fermement opposés à Podemos et ses alliés qui défendent un référendum d'autodétermination dans la riche région du nord-est de l'Espagne dirigée par des séparatistes. M. Sanchez a du coup annoncé samedi qu'il soumettrait tout accord à ses militants.

Podemos avait proposé mi-janvier aux socialistes de former un gouvernement où son chef Pablo Iglesias aurait la vice-présidence et où serait créé un ministère consacré aux "pays" formant l'Espagne, un "chantage" selon certains socialistes, qui est resté sans réponse.

"Je ne comprend pas comment on peut faire attendre les Espagnols de la sorte", a déclaré Pablo Iglesias en se plaignant de l'absence de négociations. "Les Espagnols ne veulent plus attendre", a-t-il martelé tandis que M. Sanchez a dénoncé "l'arrogance" de Podemos, laissant entrevoir des discussions ardues.

Source : AFP

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