Mariane Gruel leur coupe le sifflet

  • Comme une dizaine d’autres femmes, Mariane Gruel se place au-dessus de la mêlée chaque dimanche. Et fait presque toujours face à la même surprise.
    Comme une dizaine d’autres femmes, Mariane Gruel se place au-dessus de la mêlée chaque dimanche. Et fait presque toujours face à la même surprise. Max.R.
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Maxime Raynaud

Rugby. Dimanche, le derby de Fédérale 2 entre Figeac et Decazeville a été dirigé par une arbitre. Une rareté qui a d’abord étonné, puis ravi les acteurs.

Un murmure, quelques ricanements. Dimanche, le stade du Calvaire, à Figeac, a vécu un avant-match particulier. Pas à cause de stripteaseuses comme lors du match aller, à Camille- Guibert. Mais les réactions sont encore venues d’une femme. Habillée en vert et en short, celle-ci. Mariane Gruel arbitrait le derby de fédérale 2 et sa prestation a ainsi coupé le sifflet à plus d’un, joueur ou non.

Julian : «Sur le terrain, ça ne parlait pas!»

Dans le monde de l’ovale en particulier, comme généralement dans celui du sport, l’arbitrage se conjugue rarement au féminin. Alors, inévitablement, l’ignorance en appelle aux remises en cause. Souvent graveleuses. Mais la presque trentenaire, arbitre à l’étage fédéral depuis janvier 2014, s’y est faite.

«Ça arrive tous les week-ends, c’est inévitable, racontait-elle au Parisien en mars 2014. Pourtant, je ne me plains pas. Dès que j’arbitre, je me mets dans une bulle et je n’entends plus rien. Une fois, j’ai mis un carton à un joueur. Il m’a dit de retourner faire la vaisselle. Heureusement, la majorité viennent me féliciter. Ils sont surpris.» 

Deux rouges, trois autres cartons, une générale...

Le 3e ligne decazevillois, Anthony Julian, le reconnaît. «J’ai été étonné. C’était la première fois que j’étais arbitré par une femme. Dès l’avant- match, dans les vestiaires, elle a tout de suite très bien expliqué. Et je peux vous dire que, sur le terrain, ça ne parlait pas ! Il y avait plus de respect. Alors que c’était quand même un derby».

Deux rouges, trois autres cartons, une sacrée générale à calmer, un essai litigieux à trancher : Mariane Gruel n’a pas passé un match de tout repos. Mais au final, cette architecte en urbanisme, affiliée au comité Ile-de-France, a retourné l’ensemble des acteurs. Public compris.

«Certains finissent même par m’appeler monsieur...»

«Je lui tire mon chapeau. Ce n’était pas simple du tout, disait ainsi le président aveyronnais, Jean- Luc Delaneau, après la rencontre. Elle a montré qu’elle était largement à la hauteur.» Prouver, tel est en fait le défi permanent de la dizaine de Françaises à oser s’aventurer au milieu de 30 beaux bébés tous les dimanches.«Je pense qu’on met peut-être plus facilement en doute nos compétences, mais il faut s’affirmer et cela se passe bien», répondait à Rugby News Mariane Gruel, venue à l’arbitrage pour prolonger sa passion du rugby.

«Quand l’enjeu du match prend le dessus, ajoutait-elle, dans un article de L’Humanité, certains finissent même par m’appeler Monsieur...» Un lapsus en forme d’adoubement ? C’est certain. Reste maintenant au rugby à suivre le mouvement. Au stade du Calvaire, depuis dimanche, l’idée d’installer des rideaux aux fenêtres des vestiaires réservés aux arbitres fait d’ailleurs son chemin. Preuve que Mariane Gruel n’est sûrement pas la dernière à venir y jouer du sifflet.

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