Meurtre de Mayran : «Les choses n’allaient pas, il fallait que je la tue »

  • C'est dans cet étang qu'Elodie Bonnefille a été noyée.
    C'est dans cet étang qu'Elodie Bonnefille a été noyée. José A. Torres
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Centre Presse Aveyron

Xavier Espinasse a été mis en examen pour assassinat, hier à Montpellier. Il aurait en effet prémédité son geste, qui a coûté la vie à Élodie Bonnefille, une technicienne agricole de 26 ans, mercredi aux Farguettes.

Un agriculteur âgé de 46 ans a été mis en examen vendredi après-midi à Montpellier pour l'«assassinat», le 17 février sur son exploitation de Mayran d'une jeune conseillère agricole. L'exploitant est mis en examen pour «assassinat», soit «homicide volontaire avec préméditation», a indiqué le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret.

Xavier Espinasse, l'un des deux frères gérant l'exploitation familiale dans laquelle la jeune femme a été tuée mercredi à Mayran, souffre de «délire interprétatif paranoïaque», selon deux psychiatres qui l'ont examiné en garde à vue, avait expliqué plus tôt M. Barret au cours d'une conférence de presse. Selon ces deux experts, le suspect, interpellé et placé en garde à vue mercredi, «doit relever de soins psychiatriques mais son état de santé est jugé compatible avec un défèrement», avait-t-il précisé.

«Propos incohérents»

Le parquet de Montpellier, chargé du dossier, en l'absence de pôle d'instruction criminelle à Rodez, a requis le placement du suspect en détention provisoire. Le juge d'instruction saisi doit nommer un collège de deux experts en psychiatrie pour déterminer si le discernement du suspect était aboli ou altéré au moment des faits et établir son degré de responsabilité pénale.

Prévenus par le frère du suspect et un voisin, les pompiers et les gendarmes avaient noté «immédiatement» mercredi que l'agriculteur soupçonné tenait «des propos incohérents», faisant état de «motifs irrationnels» pour expliquer son geste, a souligné Christophe Barret. En garde à vue, il avait expliqué «avec calme» que «depuis plusieurs jours, des choses n'allaient pas chez les hommes et les animaux de la ferme. Il fallait qu'il la tue pour que cela cesse».

Des éléments de préméditation

Mais selon le procureur, l'exploitant agricole qui n'avait aucun antécédent psychiatrique, «a mûri son projet, a pris les clefs laissées sur le contact de la voiture par la jeune femme pour l'empêcher de partir». Il l'a ensuite «ceinturée, étranglée et noyée».

L'autopsie de la victime, Elodie Bonnefille, 26 ans, a révélé que sa mort avait été causée par «une combinaison de strangulation et de noyade», a précisé M.Barret. Des éléments de préméditation ont été retenus contre M. Espinasse, notamment la confiscation des clefs. «L'intention homicide n'est pas niée», a dit le procureur. 

La famille dont est issu le suspect «n'a pas une vie marginale ou recluse», a souligné le procureur de Montpellier. «Ce sont des gens qui étaient au coeur de la vie» de ce village de 600 habitants. L'exploitation «fonctionnait bien», a-t-il assuré. La jeune technicienne, qui venait régulièrement dans cette exploitation de 120 vaches dont 60 laitières et de 50 hectares de terres, était arrivée mercredi à 6 heures dans la ferme du hameau des Farguettes.

«Mon frère a fait une connerie !» 

Ses interventions, destinées à rendre plus productive l'exploitation laitière, duraient en moyenne une heure et demie. C'est au moment de son départ que l'agriculteur s'en serait pris à elle. L'autre exploitant, également âgé de 46 ans et qui se trouvait dans la salle de traite auprès de machines bruyantes au moment des faits, n'a rien vu et rien entendu.

Pas plus que son père, âgé et sourd, alité dans la maison à ce moment-là. Le cadet des exploitants a alerté un voisin en lui disant «mon frère a fait une connerie !» 

Ce voisin a prévenu les secours vers 7h50 en pensant à un suicide. Mais c'est le corps sans vie de la jeune femme que les secours trouveront dans l'étang, situé à 150 mètres de la ferme.

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