Salon de l'agriculture: quinze évêques au chevet du monde rural

  • Préparatifs au Salon de l'agriculture le 25 février 2016 à Paris
    Préparatifs au Salon de l'agriculture le 25 février 2016 à Paris AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • Les évèques en assemblée plénière le 4 novembre 2015 à Lourdes
    Les évèques en assemblée plénière le 4 novembre 2015 à Lourdes AFP - ERIC CABANIS
  • Arrivée d'animaux  au Salon de l'agriculture le 25 février 2016 à Paris
    Arrivée d'animaux au Salon de l'agriculture le 25 février 2016 à Paris AFP - KENZO TRIBOUILLARD
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Centre Presse Aveyron

Des politiques parcourant les allées du Salon de l'agriculture ? Un lieu commun. La visite lundi d'une délégation de quinze évêques catholiques, elle, sera inédite, à la mesure de la crise d'une France agricole à laquelle l'Eglise veut dire sa "solidarité"

Venant de diocèses majoritairement ruraux dispersés dans une dizaine de régions, ces prélats vont passer toute la journée porte de Versailles, déambuler entre les stands et animaux, visiter une ferme de productions végétales, rencontrer les paysans de leurs départements... avant de célébrer ensemble une messe dans la proche église Saint-Antoine-de-Padoue.

L'idée de cette visite collégiale a germé lors de la dernière assemblée plénière des évêques à Lourdes, en novembre, alors que les nuages s'accumulaient sur l'agriculture française, notamment pour l'élevage sous l'effet de la fin des quotas laitiers européens, de l'embargo russe, du recul de la demande chinoise et des épizooties.

"L'un de nous a dit +je vais aller au Salon de l'agriculture+, un autre +moi aussi+... On a donc décidé d'y aller ensemble", explique à l'AFP l'évêque de Saint-Brieuc, Mgr Denis Moutel. "Nous voulons manifester l'attention de l'Eglise envers le monde agricole, notamment dans des territoires - c'est le cas chez moi, avec la production laitière ou porcine - marqués par le travail des agriculteurs", assure le chef de l'Eglise en Côtes-d'Armor. "Il ne faudrait surtout pas voir cette visite comme une mise en scène de l'épiscopat. C'est un coup de coeur".

Cette action de solidarité a été précédée d'autres "signaux". Ainsi, il y a quinze jours, les dix évêques de la province de Rennes - épicentre de la révolte des éleveurs - dont Mgr Moutel, ont témoigné dans une tribune de leur soutien aux agriculteurs, qui "méritent la reconnaissance et la considération de la société".

"Dans cette souffrance, tout regard attentif est le bienvenu", estime Mgr Philippe Mousset (Périgueux), qui conduira la délégation des évêques au parc des expositions.

Tous témoignent de la richesse de leurs échanges avec les paysans, croyants ou non, lors des visites pastorales qu'ils effectuent régulièrement dans leur diocèse. Leurs prêtres sont au contact direct des situations d'endettement, de solitude, des cas de suicide qui minent le monde agricole.

- "Rien à montrer" -

"Des hommes, des familles vivent et doivent pouvoir vivre de ce travail dont ils sont fiers", dit Mgr Moutel. "Ils ont une grande fierté mais attendent un retour qui ne leur est pas toujours manifesté dans la population. Il faut que leur soit reconnue la dignité de ce travail difficile, qui nourrit les hommes et entretient nos paysages", abonde Mgr François Fonlupt (Rodez).

L'Eglise a-t-elle un message à faire passer pour promouvoir un modèle d'agriculture sur un autre ? "Nous ne sommes pas des techniciens qui aurions des solutions", prévient l'évêque de Saint-Brieuc. "Nous n'avons pas la prétention de dire une vérité sur le monde agricole", confirme celui de Périgueux.

"Nous ne sommes pas dans notre domaine de compétence, nous nous positionnons davantage sur des repères éthiques - comment préserver notre maison commune, notre environnement - en posant des questions sur la sécurité alimentaire, l'aménagement des territoires, la préservation de la biodiversité", confie Mgr Jean-Marc Eychenne (Pamiers), qui relève dans l'encyclique écologique du pape, "Laudato si'", des "appels assez forts à s'engager vers une agriculture durable et diversifiée".

L'Eglise catholique, sous l'effet de la crise des vocations, de la sécularisation, de l'urbanisation de la société, a elle-même reculé en zone rurale. "Le risque pour nous serait d'abandonner ces territoires où les services publics disparaissent et où nous-mêmes ne sommes plus en mesure de nommer un prêtre dans chaque village", reconnaît l'évêque ariégeois. Les rangs des mouvements d'action catholique, vieillissants, se sont çà et là clairsemés. "Il faut réinventer des proximités nouvelles", dit ce prélat.

"Pas pour essayer de convertir", relève-t-il, "mais pour comprendre ce que les gens vivent". Sur le terrain comme au Salon de l'agriculture. "On n'a rien à montrer, presque rien à offrir sinon cette foi et cette confiance dans la personne humaine", résume Mgr Moutel.

Source : AFP

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