Brésil: Rousseff affronte un week-end crucial pour sa survie politique

  • Dilma Rousseff à Brasilia, le 11 mars 2016
    Dilma Rousseff à Brasilia, le 11 mars 2016 AFP - EVARISTO SA
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Centre Presse Aveyron

La présidente du Brésil Dilma Rousseff affronte un week-end crucial pour sa survie politique, qui culminera dimanche avec des manifestations convoquées dans tout le pays par l'opposition pour réclamer son départ.

Une première manche importante se joue dès samedi à Brasilia, où le Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB), incontournable allié parlementaire du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, se réunit en congrès national.

Les délégués du grand parti centriste PMDB doivent reconduire à leur tête Michel Temer, le vice-président du Brésil, qui assumerait le pouvoir jusqu'aux prochaines élections de 2018 en cas de destitution de Dilma Rousseff.

Mais ils vont surtout chercher à surmonter leurs profondes divisions entre légalistes prônant le maintien du pacte de gouvernement avec le PT et les partisans, nombreux, d'une rupture totale avec Dilma Rousseff.

Selon les médias brésiliens, ils pourraient adopter une motion médiane: ni rupture avec le gouvernement, ni soutien, ce qui laisserait libre choix aux parlementaires du parti de voter pour ou contre la destitution de la présidente.

Récession économique, scandale de corruption Petrobras: Dilma Rousseff est embourbée dans une crise politique majeure qui a pris depuis une semaine une tournure dramatique avec la mise en cause de son mentor et prédécesseur, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), dans deux enquêtes judiciaires.

L'opposition de droite mise sur l'onde de choc provoquée par les soupçons de malversations pesant sur l’icône charismatique de la gauche brésilienne pour mobiliser massivement ses partisans dimanche dans les rues.

Une participation importante fragiliserait un peu plus la présidente, en faisant pression sur les députés qui hésitent encore à voter pour ou contre la destitution de Dilma Rousseff.

La plus grande manifestation devrait avoir lieu dimanche après-midi à Sao Paulo, capitale économique du pays et fief de l'opposition, où les autorités ont dit se préparer à la participation d'un million de personnes.

- 'Le Brésil en ébullition' -

Dilma Rousseff est sous la menace d'une procédure parlementaire d'impeachment lancée en décembre par l'opposition qui l'accuse d'avoir maquillé les comptes publics de l'Etat en 2014, année de sa réélection, et en 2015, pour minimiser l'ampleur de la crise économique qui frappe le géant émergent d'Amérique du sud.

Cette procédure à l'issue incertaine a été freinée depuis par le Tribunal suprême fédéral (STF). Mais elle devrait rebondir très rapidement, dès que la haute juridiction aura fixé, mercredi, les règles de son cheminement.

Dilma Rousseff a pris vendredi les devants de ce week-end périlleux en écartant toute démission et en affirmant qu'elle n'était "nullement résignée".

Dans une sorte d'aveu d'impuissance, elle a aussi publiquement appelé Lula à la rescousse, en l'invitant à rejoindre son gouvernement au bord du naufrage.

L'inquiétude est d'autant plus vive dans le camp présidentiel que les plus hauts dirigeants du PMDB, le vice-président Michel Temer et le président du Sénat Renan Calheiros, ont noué cette semaine des contacts avec l'opposition pour explorer les possibles issues à la crise.

"Ce que je perçois, c'est que le PMDB sait que le Brésil est en ébullition et qu'il aura des comptes à rendre devant l'Histoire", a commenté le chef de l'opposition Aecio Neves.

"Je vois que d'importants secteurs du PMDB ont compris que, au-delà de la solidarité personnelle qu'ils peuvent avoir avec la présidente, il n'y a pas de solution avec elle", a souligné le président du Parti de la sociale démocratie (PSDB).

Interrogé sur ces discussions avec l'opposition, le président du Sénat est resté très prudent, rappelant que le PMDB, première force parlementaire avec 65 députés sur 513 et 18 sénateurs sur 81, "était le pilier de la gouvernabilité".

"Le PMDB doit tenir son congrès avec beaucoup de responsabilité car toute signalisation de son positionnement dans un sens ou l'autre pourrait diminuer ou augmenter l'ampleur de la crise", a déclaré M. Calheiros.

Source : AFP

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