Dans la tourmente, le cardinal Barbarin nie avoir couvert des faits de pédophilie

  • Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016
    Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016 AFP - ERIC CABANIS
  • Les portes fermées de l'église de l'"Immaculée conception à Lyon, le 15mars 2016
    Les portes fermées de l'église de l'"Immaculée conception à Lyon, le 15mars 2016 AFP - JEFF PACHOUD
  • Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016
    Le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, le 15 mars 2016 AFP - ERIC CABANIS
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Centre Presse Aveyron

Le cardinal Philippe Barbarin a nié mardi "avec force" avoir couvert "le moindre acte de pédophilie" dans son diocèse de Lyon, alors que cette figure de l'Église est confrontée à une nouvelle plainte et a été appelée par Manuel Valls à "prendre ses responsabilités".

"Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie", a martelé l'archevêque de Lyon lors d'une conférence de presse en marge de l'assemblée des évêques, qui s'est ouverte mardi à Lourdes.

Le primat des Gaules depuis 2002 était déjà fragilisé par l'affaire Bernard Preynat, du nom du prêtre mis en examen fin janvier pour des agressions pédophiles de scouts lyonnais entre 1986 et 1991. En marge de ce dossier, le cardinal Barbarin est visé par une enquête préliminaire pour non dénonciation d'atteintes sexuelles de mineurs de 15 ans.

Dans cette affaire, le prélat a semblé mardi nuancer sa ligne de défense: "Je ne dis pas que je ne me sois pas trompé, dans l'appréciation pastorale, dans les décisions que j'aurais dû prendre dans telle ou telle chose".

"Je veux bien que la justice me le montre, et même pas seulement la justice d'ailleurs: au fond, mes frères (évêques). Et qu'après nous nous disions +ça ne va pas, ceci nous devons le changer", a-t-il poursuivi, estimant qu'il ne fallait plus s'abriter derrière la prescription en droit français face à des faits anciens dans l'Eglise.

Une nouvelle plainte touchant l'archevêque a été déposée en février, par un haut responsable du ministère de l'Intérieur, concernant des atteintes sexuelles remontant au début des années 1990 commises par un autre prêtre lyonnais.

Cette accusation de mise en danger de la vie d'autrui fait suite à une première plainte déposée en 2009 à l'encontre du prêtre, classée sans suite par la justice pour cause de prescription.

"Ce sont des points très troubles, bien sûr, de la vie d'un prêtre mais qui n'ont plus rien à voir avec de la pédophilie", a commenté le cardinal Barbarin, d'après lequel les actes ont été commis envers un jeune âgé de "16-17 ans" puis "20 ans" au moment des faits. Le prélat a annoncé avoir suspendu mardi ce prêtre de tout ministère.

- La démission, c'est "non" -

Manuel Valls a ajouté à cette pression sur le cardinal Barbarin en lui demandant de "prendre ses responsabilités, de parler et d'agir".

"Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends", a répondu l'intéressé. A Lyon, son avocat, Me André Soulier, s'est montré plus véhément. "Il les prend quand il dit +je suis innocent, je n'ai jamais couvert des faits de pédophilie. Qu'est ce qu'il veut, Valls ? Qu'il démissionne ? La réponse sera non !", a-t-il confié à l'AFP.

Dans son discours d'ouverture de l'assemblée épiscopale, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, a réaffirmé "que les évêques de France ont une volonté: faire la vérité pour les victimes".

Mais le collectif La Parole libérée ne croit plus en la bonne foi du cardinal Barbarin. "Quand on occupe ces responsabilités-là, on se doit d'être dans une démarche morale et responsable qui n'est pas la sienne. Je pense que ce serait une grave erreur que l'Église laisse cet homme en place", a dit à l'AFP un des fondateurs de cette association de victimes du Père Preynat, François Devaux.

Le Vatican, par la voix de son porte-parole Federico Lombardi, a au contraire de nouveau manifesté "estime et respect" envers le cardinal, jugeant "opportun d'attendre le résultat de l'enquête" ouverte dans l'affaire Preynat.

Ce scandale pédophile est très embarrassant pour l'Église de France, qui affirme s'être mise au clair depuis la condamnation en 2001 d'un évêque, Mgr Pierre Pican, pour non dénonciation des faits de pédophilie commis par un prêtre de son diocèse de Bayeux, l'abbé René Bissey.

"Il y a eu un énorme travail fait depuis 15 ans", a réaffirmé mardi Mgr Stanislas Lalanne, qui pilote une "cellule de veille" sur la pédophilie. L'évêque de Pontoise a cependant reconnu la nécessité d'approfondir le travail sur "l'accueil et l'écoute" des victimes.

Source : AFP

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