Dominique Nato : «La boxe est sur la voie du retour»

  • Actuellement directeur du Creps de Lorraine, à Nancy, Dominique Nato devrait d’ici peu retrouver un poste à la Fédération française de boxe en tant que chargé de mission à l’international. Entre-temps, il pourrait bien venir assister au gala de mai à Rodez. «Ce serait avec plaisir, surtout de retrouver Fontanges», sourit-il.
    Actuellement directeur du Creps de Lorraine, à Nancy, Dominique Nato devrait d’ici peu retrouver un poste à la Fédération française de boxe en tant que chargé de mission à l’international. Entre-temps, il pourrait bien venir assister au gala de mai à Rodez. «Ce serait avec plaisir, surtout de retrouver Fontanges», sourit-il. Repro CP
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    Dominique Nato : «La boxe est sur la voie du retour»
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Mathieu Roualdés

Sacré champion de France des poids lourds, le 9 mars 1985 à Rodez, Dominique Nato est un personnage incontournable de la boxe hexagonale. Entraîneur des équipes de France, directeur technique national, durant plus de 20 ans, il se confie sur son sport à l’heure où Rodez pourrait revenir sur le devant de la scène.

Après l’arrêt prématuré de sa carrière suite à son titre de champion de France des poids lourds à Rodez en 1985, Dominique Nato est devenu un personnage incontournable de la boxe hexagonale. Entraîneur des équipes de France, directeur technique national, durant plus de 20 ans, il a formé et accompagné les plus grands champions de ces dernières années. À l’heure où Rodez pourrait revenir sur le devant de la scène pugilistique avec son gala en mai, Dominique Nato s’est confié sur son sport, ses dérives, les JO à venir, etc.

En 1985, vous êtes devenu champion de France des poids lourds à Rodez. Quels souvenirs en avez-vous ?

Un magnifique souvenir car c’était mon dernier titre... Malheureusement, juste après, j’ai dû arrêter la boxe suite à un accident professionnel alors que je me dirigeais vers le titre européen voire mondial. Donc, Rodez restera à jamais gravé dans ma mémoire. Le combat acharné face à Damien Marignan-un des rares à m’avoir battu en amateur-, la semaine passée à Fontanges, les nombreuses rencontres avec les gens du coin, tous aussi sympathiques les uns que les autres... Bref, je me souviens de tout 

Trente ans après, Rodez pourrait revenir sur le devant de la scène pugilistique en recevant un combat pour le titre continental WBA lors d’un gala en mai (lire par ailleurs). Cela vous touche-t-il 

Je ne peux qu’appuyer ce projet! Il faut aider les organisateurs car la WBA est une des plus grandes fédérations mondiales. Et elle est un gage de qualité.

Depuis tout ce temps, vous n’avez jamais quitté le monde de la boxe. Pourquoi ce choix ?

La boxe, c’est ma passion. Et quand on a la chance d’en vivre, c’est formidable. Et même si depuis 2012, j’ai quitté la Fédération, on ne devrait pas tarder à m’y revoir en tant que chargé de mission à l’international. En attendant, je commente la boxe sur L’Équipe 21. C’est un très bon exercice également.

Entraîneur des équipes de France durant plus de 15 ans (de 1985 à 2002) puis directeur technique national (DTN) jusqu’en 2012, vous avez tout vécu avec les Bleus et notamment de nombreuses médailles aux JO. Tout cela ne vous manque-t-il pas ?

C’est clair que d’être dans le coin, c’est exceptionnel! La médaille d’or avec Brahim Asloum à Sydney (en 2000) était un moment fabuleux. Mais avant les Jeux de Pékin (en 2008), je n’étais plus en phase avec la direction de la Fédé et j’ai arrêté. Je n’avais plus les mains libres. Dieu merci, les gens à la tête de la Fédération ont changé depuis.

La boxe amateur s’est toujours bien portée en France. Mais en professionnel, c’est bien plus dur. À quoi est-ce du ?

Il y a de la matière pour. Mais il faut organiser une carrière par paliers. Et surtout affronter des boxeurs de grandes qualités. Car aujourd’hui, on prend n’importe qui comme adversaire, on l’affronte et on se prend pour un champion ! Il faut arrêter avec cela. Nos jeunes doivent aller se frotter aux meilleurs de la planète comme à l’époque. Notre boxe se doit d’être plus qualitative.

Êtes-vous nostalgique de cette époque justement où la boxe brillait de mille feux ?

Bien sûr, on a tous en tête les grandes soirées boxe sur Canal+, mais il faut vivre dans le présent. Il y a eu un désengagement des diffuseurs, des médias et on a perdu le contact avec le grand public. Désormais, on doit trouver une locomotive pour relancer la machine. Elle pourrait s’appeler Tony Yoka, s’il réussit aux JO de Rio cet été. On est sur la bonne voie. Celle du retour. Il y a beaucoup de talent dans nos salles. Il suffit juste de les faire connaître. On a traversé une période creuse mais cela se passe dans tous les sports. 

Les Jeux olympiques de Rio peuvent-ils être le tremplin tant attendu ?

Je l’espère. Comme j’ai dit, on fonde beaucoup d’espoirs sur Tony Yoka. Il est déjà champion du monde amateur et il a des qualités exceptionnelles. Il peut incarner la boxe de demain. Comme tous les autres athlètes!  Car l’équipe de France à Rio aura de la gueule.

Malheureusement, l’image de la boxe a été ternie lors des dernières olympiades avec de nombreuses décisions injustes... Vous et l’équipe de France en avaient été victimes. Alors, cela peut-il évoluer favorablement ?

Cela va faire un an qu’Alexis Vastine a disparu mais il a illustré cette injustice lors des JO. Tout le monde s’en souvient. Cela a changé sa vie. Et je suis persuadé que s’il avait eu l’or à Pékin ou à Londres comme il le méritait, il serait encore parmi nous aujourd’hui... Il a été complètement détruit par ces injustices. Je l’ai vécu de l’intérieur avec lui et c’est en partie pour cela également que j’ai quitté la Fédération.

Elle n’a pas été correcte avec lui. Mais je suis optimiste pour Rio. La Fédération mondiale prône de plus en plus la clarté et la justice donc c’est positif. Maintenant, il faut faire attention également car les coaches de boxe, moi en premier, ont souvent tendance à jeter la faute sur les autres et les juges. Il y a «être volé» et «être volé». Mieux vaut analyser les erreurs commises par nos athlètes pour ne pas les reproduire. J’ai appris cela avec le temps. [

Dernièrement, la boxe professionnelle s’est également illustrée par les dérapages de ses champions, Tyson Fury et Manny Pacquiao en premier lieu pour des propos homophobes notamment. Comment combattre cette mauvaise image vis-à-vis du grand public ? 

Je crois qu’il ne faut surtout pas généraliser. Manny Pacquiao assume ses propos et, même si on ne doit pas les tolérer, il en a payé le prix avec la perte de son sponsor principal (Nike). Puis ces gens-là ne représentent pas le monde de la boxe. Et je rappelle que dans d’autres sports, des matches dégénèrent et mettent une île en feu (la Corse, suite aux échauffourées entre les forces de l’ordre et des supporters bastiais lors du match de football, Reims-Bastia, NDLR) !

Difficile avec tout cela de mettre en avant les valeurs éducatives de ce sport...

Elles existent toujours pourtant ! Grâce à ces valeurs, je suis devenu cadre A de la fonction publique alors que je venais d’un milieu très modeste. La boxe permet à de nombreux jeunes de s’insérer dans la société. Alors, les conneries que peut dire Pacquiao, on s’en fiche! Les grands champions ne sont pas forcément représentatifs. Il y en a un qui dérape mais à côté, il y en a des milliers qui font un travail d’éducateur extraordinaire. 

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