Le coup de sang des infirmiers anesthésistes

  • Les infirmiers anesthésistes diplômés d’État ne pratiqueront que les interventions d’urgence aujourd’hui.
    Les infirmiers anesthésistes diplômés d’État ne pratiqueront que les interventions d’urgence aujourd’hui. DR
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PH.R.

Les infirmiers anesthésistes aveyronnais manifestent depuis ce matin. 

Aujourd'hui mardi, entre deux manifestations contre le projet de loi sur le travail, une profession va tout faire pour se faire entendre, et bénéficier d’une véritable reconnaissance. Une profession modeste numériquement sur le plan national mais essentielle dans ce lieu pour le moins vital qu’est le bloc opératoire, où chaque année sont pratiquées près de onze millions d’interventions chirurgicales. Il s’agit des infirmiers anesthésistes diplômé d’État.

Les IADE. En France, ils sont 9500 environ. En Aveyron, ils sont une quarantaine, dont seize à l’hôpital Jacques-Puel de Rodez. Bien qu’ancienne, cette profession reste méconnue. Dans les blocs, ils ne se distinguent pas particulièrement. Pour autant, ils sont présents quand le patient est endormi. Ainsi qu’à son réveil. Et entre-temps assure tout au long de l’intervention le bon déroulement de l’anesthésie. S’ils sont dépendants du médecin anesthésiste, ils sont autonomes dans leur fonctionnement.

«On est vraiment entre le médecin anesthésiste et l’infirmier», expliquent Brice Ramondenc et Thierry Amarger, IADE à Rodez. Seulement voilà, dans la future loi santé, les IADE ne figurent pas dans la nouvelle classification. «Nous assistons à la création d’une nouvelle classe de paramédicaux: les professions intermédiaires, ou infirmiers de pratique avancée. Cette nouvelle catégorie se voit reconnaître autonomie, niveau d’études... Tout ce qui nous est refusé depuis si longtemps, avec en plus le risque de voir notre formation vidée de sa substance», résume, Laurent Krzyzaniak, président de l’Association des infirmiers anesthésistes de France.

Sept ans d’études

Et Brice Ramondenc d’ironiser : «Pour arriver à ce niveau professionnel, c’est sept ans d’études. On est dans le cadre des pratiques avancées. Et pour être au niveau de certaines professions intermédiaires, il n’y a finalement pas besoin d’en faire autant...» Une manière d’expliquer que la profession se retrouve désormais en danger de disparition si elle n’est pas reconnue.

«Or, depuis sa création, et je ne dis pas que c’est de notre seul fait, la courbe de la diminution des accidents durant les anesthésies correspond à celle de l’augmentation du nombre d’IADE». Reste à trouver les ressources pour sensibiliser les pouvoirs publics sur cette situation jugée «injuste».

«Nous avons écrit aux députés, nous distribuerons des tracts mardi devant l’hôpital de Rodez, car nous ne pouvons pas être à Paris. En revanche, il n’y a aucun doute là-dessus: c’est toute la profession qui sera en grève ce jour-là. Cela va ralentir sérieusement le trafic dans les salles d’opération. Mais nous ne faisons pas cela pour ennuyer les patients. C’est parce que nous sommes obligés de nous arrêter pour démontrer à quel point nous sommes un rouage essentiel dans les blocs... » relate Thierry Amarger. Une mobilisation avec, au bout, l’espoir de réveiller des pouvoirs publics, dont une partie cherche à endormir cette profession des IADE. C’est bien en tout cas ce qu’ils ressentent.

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