Dans la toundra russe, deux chiots préhistoriques et une question: étaient-ils domestiqués ?

  • Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, d'une autopsie d'un chiot vieux de quelques 12.460 années
    Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, d'une autopsie d'un chiot vieux de quelques 12.460 années MAMMOTH MUSEUM/AFP - -
  • Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, d'une autopsie d'un chiot vieux de quelques 12.460 années
    Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, d'une autopsie d'un chiot vieux de quelques 12.460 années MAMMOTH MUSEUM/AFP - -
  • Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, de scientifiques rassemblés autour de la dépouille d'un chiot vieux de quelques 12.460 années
    Photo fournie par le musée du Mammouth de Iakoutsk, en Russie, de scientifiques rassemblés autour de la dépouille d'un chiot vieux de quelques 12.460 années MAMMOTH MUSEUM/AFP - -
Publié le
Centre Presse Aveyron

Les chasseurs de défenses de mammouths avaient été attirés dans cette zone reculée de la toundra russe par la recherche de vieux squelettes. Au lieu de ça, ils ont découvert un museau dépassant du permafrost, qui les y attendait depuis la dernière période glacière.

Cinq ans ont passé depuis la découverte dans le nord de la Iakoutie, dans l'Extrême Orient russe, de ce chiot parfaitement préservé et vieux de quelques 12.460 années, mais l'intérêt pour ce canidé n'a pas faibli chez les scientifiques du monde entier.

Le premier averti par les chasseurs en 2011 a été Sergueï Fedorov, chercheur à l'université de Iakoutsk et responsable du musée du Mammouth. Il est immédiatement parti à la recherche du chiot fossilisé, dans une zone reculée à près de 130 kilomètres de la mer de Laptev.

Après cette première découverte, le scientifique y est retourné l'été dernier pour des fouilles plus poussées et a découvert un deuxième chiot tout aussi bien préservé quelques mètres plus loin.

"Découvrir des mammifères carnivores intacts avec la peau, la fourrure, les organes internes... Ce n'est jamais arrivé dans l'Histoire", s'enthousiasme Sergueï Fedorov, qui a présidé mi-mars au retrait du cerveau du deuxième chiot, "une première mondiale".

"Il est très rare de trouver des chiots bien préservés car ils ont des os fins et des crânes très fragiles", explique-t-il. Les deux canidés ont été nommés chiots de Toumat, d'après le village le plus proche du site de leur découverte.

Un examen préliminaire des restes de mammouths retrouvés sur le site suggère que certains ont été découpés et soumis au feu, indiquant la présence probable de l'Homme dans les environs.

Il n'est toutefois pas certain que les chiots avaient été domestiqués.

La réponse à cette question, qui doit être déterminée après une longue reconstruction du génome des deux chiots, sera une contribution non négligeable au débat enflammé entre scientifiques sur les origines des chiens.

"Jusqu'ici, la lignée de loups qui a probablement été à l'origine des chiens n'a pas été découverte et il est possible que ces chiots soient de cette lignée", s'enthousiasme le biologiste Greger Larson, l'un des participants d'un projet qui ambitionne de découvrir comment les chiens sont devenus la première espèce à être domestiquée par l'Homme.

Nous ne savons pas si les chiens ont été domestiqués à un seul endroit du globe ou à plusieurs simultanément, et si le processus a commencé avec des chiots adoptés par l'Homme, ou avec des loups qui ont rejoint des zones d'activité humaine à la recherche de nourriture.

- Secrets du permafrost -

Les cerveaux des deux chiots doivent être analysés, comparés avec ceux de chiens et de loups modernes, tout comme les parasites retrouvés sur leur corps et dans le contenu de leur estomac.

"Lorsque nous leur avons ouvert l'estomac, nous étions très surpris. Celui du second chiot était rempli de branches et d'herbe", assure M. Fedorov. Le chiot était-il affamé ou simplement omnivore ?

Les scientifiques regrettent toutefois que le matériel biologique ait mit plus de six mois à arriver jusqu'à un laboratoire approprié en raison notamment des contraintes financières.

"Les tissus des animaux de cette période perdent un peu de leur structure à chaque seconde qui passe, même dans le congélateur", regrette M. Fedorov.

Le permafrost de l'Extrême Orient russe devrait quant à lui laisser apparaître de nouveaux secrets en raison de sa fonte, accélérée ces dernières années par un climat plus chaud et plus humide.

A mesure que les déplacements sont facilités dans la région et que la technologie appropriée devient abordable, les habitants se lancent de plus en plus dans des expéditions dans les coins les plus reculés de Sibérie. Ces recherches sont devenues pour les habitants une forme d'activité économique.

"Nos terres sont coincées dans le permafrost. Mais celui-ci commence à révéler ses secrets, petit à petit", s'enthousiasme Sergueï Fedorov.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?