Rodez : le château de Canac retrouve une belle jeunesse

Perché sur sa butte, derrière son rideau d’arbres, le château de Canac attire nombre de regards des automobilistes qui circulent sur la rocade de Rodez. La belle et mystérieuse bâtisse des XVe et XVIe siècles, qui fut propriété du seigneur de Canac, trésorier du Comté de Rodez, Blaise de Sicard, avait depuis longtemps tapé dans l’œil du chef étoilé de Conques, Hervé Busset, et de son épouse, Dominique.

"Depuis que nous sommes installés en Aveyron, chaque fois qu’on venait à Rodez, on regardait ce château, on le voyait souvent fermé, et on se disait qu’il était dommage de laisser un patrimoine comme ça dépérir", explique le couple. Jusqu’au jour où, après plusieurs tentatives, le coup de cœur est devenu réalité et l’affaire a pu se faire.

Un projet passion

"Il faut avoir l’envie, c’est un projet un peu fou, plus un projet passion qu’un projet business", résume le chef du Moulin de Cambelong, qui a pas mal payé de sa personne pour mener à bien ce délicat chantier. La transaction immobilière s’est concrétisée en 2014 et après de longs mois de travaux, Dominique, Hervé et Henri, leur fils de 21 ans, viennent tout juste d’accueillir leurs premiers hôtes, en ces murs séculaires, chargés d’histoire, où l’on a comme l’étrange et douce impression d’actionner la machine à remonter le temps et de replonger quelques siècles en arrière.

Dans l’esprit de l’époque

Après d’importants travaux de restauration (électricité, plomberie, chauffage, réfection des toitures, sols et plafonds), et quelques mauvaises surprises inhérentes à ce type de projet (au final l’investissement devrait être de l’ordre de près de 2 millions d’euros), le château de Canac est prêt à vivre une seconde jeunesse en compagnie de ses nouveaux et heureux propriétaires. Trois chambres d’hôtes - Napoléon, Louis XIV et François 1er qui aurait fait étape à Rodez- ont été aménagées (pour l’instant) et meublées, dans l’esprit de l’époque, tout en apportant l’indispensable confort moderne. Une cuisine associant ancien et moderne, un salon, ainsi qu’une grande pièce commune, dotée d’une magnifique cheminée rehaussée des armoiries de Canac, et dans laquelle figurent plusieurs tapisseries originelles, complètent cet ensemble réparti sur 750 mètres carrés.

Dominique et Hervé Busset ont principalement fait appel à des artisans locaux, comme le menuisier ébéniste de Nauviale, Pascal Delagnes, qui a fabriqué une imposante table en chêne de plus de 4 mètres de long, ou le tapissier decazevillois Jacques Souyri, un habitué de la maison. La peintre coloriste de Valady, Scarlett Bonhoure, qui travaille pour les Bâtiments de France, a également apporté sa touche créative, notamment pour la décoration des plafonds en bois.

Soulages, le «déclencheur»

"Le musée Soulages a, quelque part, été le déclencheur", avoue Hervé Busset, qui n’a pas vraiment le temps de s’accorder une pause, alors que la saison touristique de Conques vient de redémarrer. Pour un couple, le prix d’une nuit dans l’une des chambres d’hôtes du château de Canac, incluant un copieux petit-déjeuner, varie de 200 à 300 euros.

Plusieurs autres formules pouvant associer un repas gastronomique à la table d’Hervé Busset sont également proposées. Comme un nouveau trait d’union à la fois touristique, gastronomique et artistique entre Conques et Rodez. Avec en toile de fond, le riche passé des deux cités, et l’œuvre considérable de Pierre Soulages.

Aussi... 4, comme le nombre de chefs étoilés qui sont aujourd’hui présents sur le piton ruthénois. Dans le domaine de la restauration, avec Jean-Luc Fau et Sébastien Bras, dans celui de l’hôtellerie, avec Nicole Fagegaltier et, donc, Hervé Busset. On pourrait même presque ajouter Isabelle Auguy, l’ancienne chef étoilée de Laguiole. Une vraie constellation.