Panama Papers: en Islande, le Parlement rejette une motion de censure contre le nouveau gouvernement

  • L'ex Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson à Reykjavik, le 8 avril 2016
    L'ex Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson à Reykjavik, le 8 avril 2016 AFP - HALLDOR KOLBEINS
  • Panama Papers : les personnalités sous pression
    Panama Papers : les personnalités sous pression AFP - Alain BOMMENEL, Kun TIAN
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Centre Presse Aveyron

Le Parlement islandais a rejeté sans surprise vendredi une motion de censure présentée par l'opposition contre le nouveau gouvernement, la majorité de droite soutenant toujours l'exécutif malgré les révélations des "Panama Papers" qui ont poussé le Premier ministre à la démission.

A la veille d'une nouvelle mobilisation annoncée massive par l'opposition, aucune voix n'a manqué à la majorité et la motion a été rejetée par 38 voix contre 25 au terme d'une longue journée de travaux parlementaires, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sigmundur David Gunnlaugsson, Premier ministre depuis 2013, a été le premier dirigeant dans le monde à être victime du scandale des "Panama Papers", qui ont montré qu'il avait détenu la moitié d'une société gérant la fortune de sa riche épouse dans les îles Vierges britanniques.

Il a cédé sa place à Sigurdur Ingi Johannsson, qui assure la transition depuis jeudi.

M. Johannsson, tout en reconnaissant qu'il était "naturel" que l'opposition réclame le départ d'un gouvernement qui ne lui convient pas, a critiqué la motion de censure déposée lundi contre son prédécesseur, avant sa démission. "J'aurais pensé que la défiance contre le gouvernement ne devait pas être maintenue", a-t-il affirmé.

Chaque jour apporte son lot de révélations désastreuses pour les élites islandaises. Selon un document diffusé par la chaîne de télévision suédoise SVT, partenaire du Consortium International des journalistes d'investigation, pas moins de 600 Islandais sont cités dans les "Panama Papers". Un journaliste local qui a épluché ces documents y voit un record mondial, rapporté à la population de l'île (320.000 habitants).

On y trouve, entre autres, Finnur Ingolfsson, ancien gouverneur de la banque centrale et ex-ministre de l'Industrie, Robert Wessman, PDG du groupe pharmaceutique Alvogen, et Eggert Skulason, journaliste du quotidien DV qui, ironie de l'histoire, a été le premier à publier une capture d'écran de la liste des 600.

Une autre motion, appelant à la dissolution immédiate du Parlement et donc à l'organisation d'élections en mai ou juin, a également été rejetée, par 37 voix contre 26.

- Remaniement cosmétique -

L'issue de ces deux votes ne faisait aucun doute depuis que la majorité s'était mise d'accord, mercredi, pour se maintenir au pouvoir jusqu'à des élections prévues pour l'automne.

Le gouvernement fait du neuf avec l'ancien, les ministres étant restés en place, avec simplement l'arrivée d'une nouvelle ministre des Affaires étrangères.

Les députés de l'opposition se sont succédé pour dénoncer un remaniement cosmétique, sans commune mesure avec la rupture totale de confiance de la population islandaise envers la classe dirigeante.

"Je voulais prononcer un discours classique pour une motion de défiance. Parler d'un gouvernement qui a échoué (...). Mais je ne peux plus. Je pense que ces moments exigent de nous plier à une nouvelle réalité", a déclaré le chef du groupe social-démocrate Arni Pall Arnason.

Le changement de Premier ministre a été très loin de satisfaire les électeurs islandais, qui accordent une confiance extrêmement faible à M. Johannsson (cote de popularité de 3% fin mars) et souhaitent un profond renouvellement de la classe politique.

Vendredi a été le cinquième jour consécutif de manifestation devant le Parlement de Reykjavik, avec pour mots d'ordre la démission du gouvernement et de nouvelles élections avant l'été.

Les députés ont débattu en fin de séance au son, étouffé par les murs de pierre, d'une corne de brume et des barrières métalliques frappées par les manifestants avec toutes sortes d'objets.

Le favori pour les législatives est selon les sondeurs le Parti pirate, formation créée en 2012 qui milite pour la transparence de la vie publique et plus de démocratie directe.

Source : AFP

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