Grippe aviaire : sans canards, mais pas sans rien faire...

  • «L’inconnue, c’est la tenue du marché dès qu’il reprendra», selon Dominique Broussy.
    «L’inconnue, c’est la tenue du marché dès qu’il reprendra», selon Dominique Broussy. Repro CP
Publié le , mis à jour
PH.R.

Depuis lundi, les oies et les canards ne peuvent plus vivre en extérieur. Quatre semaines de vide sanitaire qui ne signifient pas pour autant inactivité. 

C’est une première en France : depuis hier, dans une zone comprenant dix-huit départements du grand sud ouest, dont l’Aveyron, les oies et les canards ne peuvent plus vivre en extérieur. Et ce pour une durée de quatre semaines. Ces mesures de confinement ou d’abattage exceptionnelles résultent de la stratégie prise par le gouvernement pour éradiquer l’épizootie de grippe aviaire.

Une épizootie qui, rappelons-le, n’a touché aucun élevage du département de l’Aveyron. Mais ce dernier, limitrophe de plusieurs départements où des foyers infestés ont été relevés (Lot, Tarn, Tarn-et-Garonne, etc.) a été inclus dans la zone où a été décrété un tour de vis sanitaire. Pour le groupe coopératif Unicor, principal hébergeur de la filière palmipède en Aveyron, avec près d’un million de canards, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe. «Mais rapidement, la coopérative a décidé de prendre les devants et a eu affaire à des éleveurs très réceptifs» souligne Dominique Broussy, patron de la filière.

«En Aveyron, ce mercredi, seront abattus les derniers canards. Après, il n’y en aura plus pendant quatre semaines».Il faut dire que pour Unicor, la filière canard ne s’arrête pas à la trentaine d’éleveurs aveyronnais. Elle concerne également la transformation avec la Quercynoise qui traite près de deux millions de canards.

Revalorisation

Parmi les initiatives prises rapidement par le conseil d’administration, il y a notamment le choix de revaloriser de 50 centimes l’achat du prêt à gaver, et le soutien «presque forcé» au passage en bande unique pour chaque exploitation, recommandé par le gouvernement pour ce qui concerne les mises aux normes.

«C’est un peu le pari que nous faisons» résume Dominique Broussy qui, depuis plusieurs semaines fait chauffer son téléphone. Une manière de soutenir les éleveurs mais aussi de les obliger «à aller vite». Ainsi, les quatre semaines de vide sanitaire ne vont pas se traduire par quatre semaines d’inactivités, «seules 20% des exploitations étant déjà en bande unique par chez nous», détaille Dominique Broussy.

Soutenir les jeunes

Pour Unicor, l’enjeu réside également dans le maintien d’une activité jeune. «Nous avons beaucoup de jeunes éleveurs de prêts à gaver. Ils sont installés depuis quatre ou cinq ans. Ils ont fait des investissements. Il faut les soutenir» explique-t-il. Un soutien financier dans lequel la coopérative cherche le juste équilibre pour compenser le manque à gagner qui sera obligatoirement enregistré en 2016.

«L’inconnue étant la tenue du marché dès qu’il reprendra», souffle le responsable de la filière. En attendant, les premiers dossiers d’indemnisation ont été déposés et ont reçu des retours positifs. La Région, pour sa part, s’est également mobilisée sur ce dossier. Le vice-président en charge des affaires agricoles, Vincent Labarthe a expliqué avoir abondé de 4,5 millions d’euros l’enveloppe de 130 millions d’euros de l’État (cofinancés avec l’Europe), dont 105 millions en faveur des élevages, les 25 millions étant pour les accouveurs, une réflexion au cas par cas étant engagée pour la filière aval. 

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