Opération "île morte" à Mayotte contre la violence et l'insécurité

  • Un enfant agite un drapeau français le 19 avril 2016 à Mamoutzou pendant la marche contre la violence et l'insécurité dans le département de Mayotte à l'occasion d'une journée "île morte"
    Un enfant agite un drapeau français le 19 avril 2016 à Mamoutzou pendant la marche contre la violence et l'insécurité dans le département de Mayotte à l'occasion d'une journée "île morte" AFP - ORNELLA LAMBERTI
  • La marche contre la violence et l'insécurité à Mayotte le 19 avril 2016 à Mamoutzou
    La marche contre la violence et l'insécurité à Mayotte le 19 avril 2016 à Mamoutzou AFP - ORNELLA LAMBERTI
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Centre Presse Aveyron

Des milliers de personnes ont défilé mardi dans les rues de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, à l'occasion d'une journée "île morte" pour dénoncer les violences et l'insécurité qui règnent dans ce jeune département français, où un homme a été mortellement agressé vendredi à l'arme blanche, après plusieurs nuits de violences urbaines.

Plusieurs milliers de personnes -2.000 selon la préfecture- se sont rassemblées dans la matinée sur la place de la République à Mamoudzou, pour exprimer leur exaspération face à la violence qui frappe l'île et à l'inaction, selon eux, des pouvoirs publics.

A la suite d'un appel lancé sur les réseaux sociaux samedi, ils ont défilé dans le centre-ville. Dans le cortège, des familles, des salariés, des élus, de toutes origines. Certains agitaient des drapeaux français, d'autres des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Halte à la violence" et "Mayotte en sous-France", a constaté un journaliste de l'AFP.

Sur une banderole était accrochée la photo d'un homme de 38 ans, décédé vendredi des suites d'une agression, avec les mots: "Plus jamais ça. J'accuse Hollande et Valls de non-assistance à population en danger".

Le défilé se voulait une réaction à l'agression mortelle de ce métropolitain, poignardé par trois hommes alors qu'il allait chercher son fils à son cours de judo. L'un des agresseurs présumés, mineur, a été interpellé. Les deux autres suspects sont toujours recherchés.

Cette agression est intervenue dans un climat tendu. Un mouvement social pour réclamer l'égalité réelle avec la métropole a paralysé l'île avec des barrages routiers pendant plus de deux semaines. A ce conflit se sont greffées des violences urbaines menées par des jeunes souvent en déshérence, qui ont détruit durant plusieurs nuits habitations et voitures.

Concernant le mouvement social, un accord a été trouvé vendredi avec le gouvernement et les barrages ont été suspendus.

Le gouvernement a aussi annoncé des renforts de gendarmes. 42 doivent arriver sur le territoire en juillet, a dit le préfet de Mayotte lundi, à l'issue d'une réunion de crise à huis-clos. Une deuxième réunion exceptionnelle était prévue mardi.

-Forte délinquance juvénile-

Mayotte est confrontée à une forte croissance démographique (la moitié des 220.000 habitants a moins de 17,5 ans), à une importante pression migratoire (dont plusieurs dizaines de milliers de clandestins venus des Comores, situées à 70 km de Mayotte), et à un taux de chômage très élevé (36,6%).

L'île connaît surtout une délinquance juvénile importante: un tiers des actes de délinquance sont imputables à des mineurs. Le procureur Joël Garrigue a prédit un "cataclysme" en 2017 si cette délinquance continuait d'augmenter.

En février, des actes de violences dans des écoles ont déjà secoué l'île. Une pétition d'un "Collectif de citoyens inquiets" avait recueilli plus de 12.000 signatures.

"La particularité de la problématique de l'insécurité à Mayotte, c'est que tout le monde est concerné et personne n’est à l'abri. On est en danger et en danger immédiat la plupart de temps", a expliqué à l'AFP Bacar Ali Boto, premier adjoint au maire de Mamoudzou, qui participait mardi au défilé.

"Aujourd'hui, la balle est du côté du gouvernement", a ajouté l'élu, estimant que "la source du fléau de la délinquance et de l'insécurité, c'est l'immigration clandestine et l'immigration massive".

"Face à l'insécurité, la population doit contribuer à renseigner les forces de l'ordre sur les personnes susceptibles de semer le désordre. Qu'on nous envoie des CRS et des moyens supplémentaires car, vu les effectifs insuffisants, les forces de l'ordre risquent chaque jour leur vie", a ajouté Me El Ad Chakrina, avocat et représentant du Cosem, le conseil de quartier pour la sécurité de Mayotte.

"Les choses ont assez duré, nous ne sommes plus en sécurité", a renchéri un conseiller municipal de la majorité, sous couvert d'anonymat. "Des gamins s'en prennent à tout le monde, font la loi et font régner la terreur. Aujourd'hui, on est dans la désolation".

Source : AFP

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