Au Venezuela, l'opposition accentue la pression sur le président Maduro

  • Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, à Caracas, le 19 avril 2016
    Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, à Caracas, le 19 avril 2016 AFP/Archives - JUAN BARRETO
  • Le ministre de l'Alimentation du Venezuela, Rodolfo Marco Torres, à Caracas le 10 février 2015
    Le ministre de l'Alimentation du Venezuela, Rodolfo Marco Torres, à Caracas le 10 février 2015 AFP/Archives - FEDERICO PARRA
  • Une manifestation d'opposants au président Nicolas Maduro à Caracas au Venezuela, le 27 avril 2016
    Une manifestation d'opposants au président Nicolas Maduro à Caracas au Venezuela, le 27 avril 2016 AFP - FEDERICO PARRA
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Centre Presse Aveyron

L'opposition vénézuélienne a accentué jeudi la pression sur le président Nicolas Maduro en votant au Parlement une motion de défiance contre son ministre de l'Alimentation pour cause de pénuries, dans un climat de crise économique et mécontentement populaire.

Conformément à la Constitution, le texte adopté doit entraîner la destitution de ce ministre alors que des milliers de Vénézuéliens font chaque jour la queue pendant des heures devant les supermarchés pour acheter de la farine, du riz ou du café.

"Nous faisons face à la pire urgence alimentaire qu'ait connue le Venezuela", a déclaré le député Ismael Garcia, à l'origine du texte. Selon lui, la crise est due à "l'échec d'un modèle économique qui a ruiné le pays".

C'est le dernier acte en date du choc de pouvoirs qui paralyse ce pays sud-américain depuis la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre, une première en 17 ans.

La crise politique se double désormais d'un marasme économique et de sévères restrictions en matière énergétique, rendant le quotidien difficile et la situation sociale explosive.

La pression de la rue sur le président socialiste, au pouvoir depuis 2013, est maximale, des émeutes ayant même déjà éclaté ces derniers jours dans la deuxième ville du Venezuela, Maracaïbo (nord-ouest).

Norvelis Contreras, une femme au foyer de 26 ans, a attendu près de cinq heures dans un supermarché de la ville: "Je suis là depuis neuf heures du matin pour acheter du riz et de l'huile. C'est une situation très critique, nous souffrons, nous survivons".

- '600.000 signatures' -

Dans le même temps, l'opposition affirme avoir déjà collecté 600.000 signatures en une seule journée pour enclencher la première étape du processus de référendum révocatoire contre le président.

Le Conseil national électoral (CNE) a autorisé mardi l'opposition à rassembler les signatures : il lui en faut 195.721 (soit 1% de l'électorat) pour franchir la première étape.

Ce palier doit être atteint dans les 30 jours, puis validé par le CNE pour pouvoir passer à la deuxième phase : collecter quatre millions de signatures afin d'organiser le référendum, qui pourrait avoir lieu dès fin novembre selon l'opposition.

Il faudra alors dépasser le nombre des suffrages obtenus à l'élection présidentielle de 2013 par Nicolas Maduro (7.587.532) pour obtenir son départ.

Les signatures seront remises au CNE pour vérification en début de semaine prochaine.

Mercredi soir, le président avait réagi en assurant que "rien de ce qu'ils (les responsables de l'opposition) sont en train de faire n'a de viabilité politique et la révolution, ici, va continuer et ce président va rester au moins jusqu'en 2018".

Mais près de 68% de Vénézuéliens sont en faveur d'un retrait de Maduro "le plus vite possible et qu'il y ait de nouvelles élections présidentielles", selon un sondage de Venebarometro publié jeudi.

- 'Démettre' le ministre -

De son côté, le président du Parlement Henry Ramos Allup a déclaré qu'après le vote de jeudi, le gouvernement devait "démettre" le ministre de l'Alimentation Rodolfo Marco Torres de ses fonctions.

Mais le camp gouvernemental a immédiatement contesté la légalité de cette mesure.

Selon le patron des députés partisans de M. Maduro, Hector Rodriguez, cette destitution n'est pas valide car elle viole une récente décision du Tribunal suprême de justice (TSJ ou Cour suprême) qui limite les pouvoirs du Parlement.

Autrefois riche producteur de pétrole, le Venezuela est en pleine crise économique, avec la chute des cours du brut.

Ce pays pâtit également de coupures d'électricité, en raison selon le gouvernement de la sécheresse due au phénomène météorologique El Niño, l'opposition dénonçant quant à elle le manque d'investissements dans le réseau.

La gravité de la situation a poussé l'exécutif à annoncer des mesures spectaculaires afin d'économiser l'énergie : les fonctionnaires ne travailleront plus que deux jours par semaine, le lundi et le mardi. Les classes seront suspendues le vendredi, de la maternelle au lycée.

Le gouvernement avait déjà annoncé que l'électricité serait coupée quatre heures par jour pendant 40 jours dans huit Etats (sur 24), décrété une modification de l'heure légale et ajouté des jours fériés.

Source : AFP

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