Vercruysse, l’humain d’abord

La qualification en poche, l’air détendu, Arnaud Vercruysse s’en amuse : «Je vous ai fait de la belle langue de bois pendant des mois». Pourtant, l’homme est un sacré orateur et manie les mots à la perfection. Mais jamais il n’a élevé la voix ou encore piqué au vif les siens dans la presse comme il est de coutume. Les occasions n’ont pourtant pas manqué avec un début de campagne ponctué par sept revers en neuf rencontres, un leader Romain Boscus en difficulté...

Mais en restant toujours vague, voire lisse, en s’attachant parfois de longues minutes sur des détails pour faire oublier le reste, l’entraîneur savait très bien ce qu’il faisait. Avec Arnaud Vercruysse, tout est fait dans le même but, la même finalité: protéger son groupe, coûte que coûte. Car il ne fait qu’un avec ce groupe. Durant des mois, il l’a façonné, l’a soudé avec des barbecues mis en place après les entraînements, avec des longs échanges, souvent bien éloignés du rugby ou encore de nombreuses soirées au contact de ses joueurs.

«À chacun sa méthode»

L’ex-demi de mêlée aime sentir ses hommes, les connaître. Histoire d’instaurer une relation de confiance. Et d’en tirer le meilleur pour le collectif. Ça, c’est la méthode Vercruysse. Au départ, elle a quelque peu dénoté avec celle de ses prédécesseurs, Patrick Furet ou encore Lionel Viallard. Mais elle a apporté un vent de fraîcheur. Et surtout, elle s’est avérée gagnante avec un objectif rempli.

«C’est certain que cela nous a beaucoup changés ! À chacun sa méthode mais je pense que beaucoup de joueurs du groupe attendaient cela et se sentent bien dans ce modèle mis en place par Arnaud», souffle un cadre de l’équipe. Dès le départ, le message est passé auprès de tous. Les joueurs n’ont pas été avares de compliments. Et même quand les résultats n’étaient pas au rendez-vous, le jeu loin d’être au niveau et autres, personne n’a émis la quelconque critique.

«Ce n’est pas parce qu’on boit des bières avec lui qu’il ne nous défonce pas!»

«Les quatre premiers mois n’ont pas été faciles mais Arnaud a toujours été persuadé que cela fonctionnerait. Il se remet tout le temps en question. Le rugby, il le connaît sur le bout des doigts. Mais il est très fort pour juger l’humain qui a une dimension importante dans son mode de management. C’est sa force. Très rapidement, il sait sur qui il peut compter. Connaître les personnes demande beaucoup d’énergie, c’est à double tranchant. Mais au final, cela a payé», souligne l’entraîneur des arrières, Jean-François Viars. L’humain d’abord, donc. Mais attention, Arnaud Vercruysse ne baigne pas dans le monde des Bisounours ! Loin de là.

«Parfois, les murs tremblent»

«Il ouvre sa porte mais il n’y a pas de cadeau derrière. Il ne faut pas le prendre pour un c... Il le verra de suite et ne laissera pas de deuxième chance. En revanche, quand vous avez gagné son amitié et son respect, c’est une personne exceptionnelle», poursuit encore «Jeff» Viars. Arnaud Vercruysse est également un homme de paradoxe. Tantôt souriant et chaleureux, tantôt colérique et très distant. «Parfois, les murs tremblent. Ce n’est pas parce qu’on boit des bières avec lui qu’il ne nous défonce pas quand on est mauvais. Et ça, c’est incroyable car il fait parfaitement la part des choses», indique encore un joueur. Oui, Arnaud Vercruysse a un p’tit côté Mister Hyde et Docteur Jekyll. Un p’tit côté humain en somme... Dont il a fait une méthode.