Leicester l'endormie, réveillée par un roi et le Dieu football

  • Un fan du Leicester City avant le match face à Swansea, le 24 avril 2016 au King Power Stadium
    Un fan du Leicester City avant le match face à Swansea, le 24 avril 2016 au King Power Stadium AFP/Archives - BEN STANSALL
  • L'enterrement du roi d'Angleterre Richard III, le 26 mars 2015 à la cathédrale de Leicester, 530 ans après sa mort sur un champ de bataille
    L'enterrement du roi d'Angleterre Richard III, le 26 mars 2015 à la cathédrale de Leicester, 530 ans après sa mort sur un champ de bataille Leicester Cathedral Quarter Part/AFP/Archives - MATT SHORT
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Centre Presse Aveyron

Plantée en plein cœur de l'Angleterre, Leicester coulait des jours paisibles, loin des circuits touristiques et de l'attention du monde, lorsqu'un roi mort il y a plus de 500 ans et le Dieu football ont sorti la ville de sa torpeur.

Son club de foot, Leicester City, a coiffé lundi la couronne de champion d'Angleterre au terme d'une épopée à peine croyable.

D'un roi à l'autre... Certains n'y voient qu'une simple coïncidence. D'autres croient à l'intervention du divin. Ce qui est sûr, c'est que depuis la découverte en 2012 du squelette de Richard III, plus rien n'a jamais été pareil dans la cité des Midlands aux 330.000 habitants.

Jusque-là, Leicester était une ville de transit sur la route du grand nord, vaguement connue pour son équipe de rugby, le groupe de rock Kasabian et ses nombreux feux rouges, record du pays apparemment.

L'office de tourisme peinait à établir un Top 10 convaincant des curiosités à visiter.

"Les gens passaient sans vraiment s'arrêter", concède l'adjoint au maire Rory Palmer.

Et puis le roi shakespearien est arrivé et a tout changé. La découverte rocambolesque des restes de Richard III (1452-1485) sous un parking municipal -les médias l'ont aussitôt affublé du surnom de "Par-King"- a subitement braqué les projecteurs sur la ville.

-Barcelone, gare à toi!-

L'affaire, émaillée de moult rebondissements, a tenu le pays en haleine pendant trois ans jusqu'à l'inhumation du roi en 2015 dans la cathédrale de Leicester sous l’œil des caméras du monde entier.

"On pensait pouvoir souffler un peu après", glisse Rory Palmer à l'AFP. C'était sans compter avec le Leicester City FC qui, après s'être traîné comme un mort-vivant, a tout à coup commencé à battre tout le monde, jusqu'à devenir le champion le plus inattendu de l'histoire.

Surnaturel ? "Je ne sais pas si on peut tout attribuer à Richard III mais il a certainement eu un impact sur la ville. On sent le buzz, les magasins sont remplis, les commerçants sont contents. Leicester est une ville qui monte", constate Emma Lay, qui gère le nouveau musée consacré à l'ex-monarque.

Fini les samedi après-midi glauques lorsque le club végétait en troisième division. Aujourd'hui, la ville découvre un nouveau sentiment: la fierté. "Désormais on est connus. On n'est pas encore tout à fait au niveau d'une ville comme Barcelone mais on s'en approche", s'enhardit Salim Seedat, 46 ans, un habitant.

"Leicester a toujours été une ville formidable mais personne ne le savait", affirme Colin Crosby qui organise depuis 22 ans des visites pour touristes dans la région.

-"Trop modestes"-

"C'est une ville chargée d'histoire, avec cinq églises du Moyen-Age, ce qui est rare. On peut faire du bon shopping ici et on a bien sûr nos trois équipes de sport de très haut niveau avec le foot, le rugby mais aussi le cricket. Sans oublier celle de basket qui est devenue champion d'Angleterre", ajoute le guide.

Partout on loue la diversité de la ville, son cosmopolitisme sans heurts. "On est une ville multi-culturelle, personne ne se marche sur les pieds", témoigne Prabha Pankhania, 62 ans.

"Ici, les gens viennent de partout", abonde Daisy Bradford, une étudiante de 18 ans. C'est visible notamment sur Narborough road, qu'une étude de la London School of Economics a désignée comme la rue la plus cosmopolite du Royaume-Uni avec ses épiceries polonaises, ses restaurants africains et ses kebab turcs.

"J'adore vivre à Leicester car c'est très coloré. Je n'ai jamais rencontré aucun problème", dit Chydo Sande, 34 ans, venue du Zimbabwe.

"Les habitants de Leicester étaient trop modestes, trop tranquilles. C'est en train de changer. Maintenant nous avons une histoire à raconter dont on peut être fiers", tranche Rory Palmer.

Selon l'adjoint au maire, les retombées économiques autour de Richard III ont fait entrer 59 millions de livres (76 millions d'euros) dans les caisses de la ville.

Il est trop tôt pour savoir combien va générer l'aventure du club de football, qui se poursuivra la saison prochaine en Ligue des champions. "Mais en termes d'image, c'est énorme, souligne Rory Palmer. Aujourd'hui Leicester est connu dans le monde entier."

Source : AFP

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