Syrie: indignation après une frappe meurtrière contre un camp de déplacés

  • Une capture d'écran d'une vidéo montre la destruction d'un un camp dans la province d'Idleb, en Syrie, le 5 mai 2016
    Une capture d'écran d'une vidéo montre la destruction d'un un camp dans la province d'Idleb, en Syrie, le 5 mai 2016 AFP - STRINGER
  • Dégâts après des bombardements dans un quartier est d'Alep, en Syrie, le 4 mai 2016
    Dégâts après des bombardements dans un quartier est d'Alep, en Syrie, le 4 mai 2016 AFP/Archives - KARAM AL-MASRI
  • Des habitants d'Alep cherchent à sortir des décombres après des bombardements aériens, le 29 avril 2016
    Des habitants d'Alep cherchent à sortir des décombres après des bombardements aériens, le 29 avril 2016 AFP - AMEER ALHALBI
  • Guerre civile en Syrie
    Guerre civile en Syrie AFP - John SAEKI, Adrian LEUNG
  • Un combattant rebelle près d'Alep, le 5 mais 2016
    Un combattant rebelle près d'Alep, le 5 mais 2016 AFP - Omar haj kadour
  • Syrie : la bataille d'Alep Syrie : la bataille d'Alep
    Syrie : la bataille d'Alep AFP - Jean Michel CORNU, Thomas SAINT-CRICQ
Publié le
Centre Presse Aveyron

Une partie de la communauté internationale a accusé vendredi le régime syrien d'avoir tué 28 civils dans une frappe contre un camp de déplacés dans le nord du pays, mais la Russie et Damas ont rejeté la faute sur les rebelles et les jihadistes.

Dans le pays où les trêves peinent à tenir, des combats ont fait plus de 70 morts entre régime et jihadistes du Front Al-Nosra près de la ville septentrionale d'Alep, a indiqué vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Mais dans ce conflit, les civils continuent de payer un lourd tribut. Jeudi soir, des raids aériens ont visé un camp dans la province d'Idleb (nord-ouest), où sont réfugiées des familles ayant fui les combats dans la région voisine d'Alep. Bilan: au moins 28 morts dont des femmes et des enfants et une cinquantaine de blessés.

L'incertitude demeurait sur la partie responsable des frappes contre le camp près de la ville de Sarmada, frontalière de la Turquie, alors que le ciel syrien est encombré par les appareils du régime, ceux de la Russie et ceux de la coalition internationale.

L'armée du président syrien Bachar al-Assad, pointée du doigt par des militants antirégime, a nié toute implication, accusant les rebelles de mener des "attaques contre des cibles civiles" pour en faire assumer la responsabilité au pouvoir. Les rebelles ne disposent toutefois pas d'avions.

Son allié russe a de son côté estimé qu'il ne s'agissait pas de frappes aériennes mais de bombardements d'artillerie des jihadistes du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. "Aucun aéronef russe ou autre (appareil) n'a survolé" cette zone, a assuré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

Des vidéos postées sur internet par des militants et présentées comme celles du drame, montrent des tentes bleues en lambeaux, des flammes et d'épaisses fumées noires s'élevant du lieu et des cris d'hommes et des pleurs d'enfants.

- 'Que Dieu les maudisse' -

"Que Dieu les maudisse!", peut-on entendre dans une des vidéos. "Où sont les ONG (internationales)?", s'écrie une voix d'homme.

Des volontaires avec des seaux d'eau s'activaient dans le camp ravagé, où on peut voir des blessés, notamment des femmes, hurler de douleur.

Attribuant les frappes au régime Assad, le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond s'est dit "horrifié". "Le mépris du régime d'Assad devant les efforts destinés à rétablir la trêve est clairement visible par tous".

Pointant aussi un doigt accusateur vers le régime, la France a dénoncé vendredi un raid "révoltant et inacceptable".

Prudent, le porte-parole du département d'Etat américain Mark Toner, a jugé "que rien ne justifiait des attaques contre les civils et spécialement lorsqu'il s'agit d'un camp de réfugiés".

Sans se prononcer sur l'origine des raids, l'Union européenne a souligné que "les attaques contre des camps de réfugiés constituaient une grave violation du droit humanitaire international".

Se disant "horrifié et écœuré" le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, a réclamé une enquête sur cette attaque "choquante".

Pour sa part, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a affirmé dans un communiqué qu'il "était probable que les attaques aient été délibérées et (qu'elles) constituent un crime de guerre".

Il souligne que "des rapports préliminaires suggèrent que ces attaques ont été menées par le gouvernement syrien", mais considère que "ces informations restent à vérifier".

La guerre en Syrie, qui a fait plus de 270.000 morts, a aussi poussé à la fuite des millions de personnes depuis son déclenchement en mars 2011, provoquant un désastre humanitaire qui a atteint les portes de l'Europe.

La province d'Idleb est contrôlée par le Front Al-Nosra et ses alliés, le groupe jihadiste étant exclu, au même titre que son rival Etat islamique (EI) de l'accord de cessation des hostilités entré en vigueur le 27 février à l'initiative des Etats-Unis et de la Russie et gravement compromis.

- Alep, enjeu capital -

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis concentre ses frappes sur l'EI alors que le régime cible rebelles et jihadistes. La Russie, alliée de M. Assad, vise certains groupes rebelles et les jihadistes.

Des dizaines de milliers de civils fuyant les combats se sont retrouvés dans des camps établis près de la frontière de la Turquie qui pour le moment refuse de les laisser passer.

Ailleurs dans le pays, le Front Al-Nosra et ses alliés se sont emparés de la localité de Khan Toumane et de villages environnants après moins de 24h de combats qui ont fait plus de 70 morts selon l'OSDH.

A une dizaine de km plus au nord, dans la ville d'Alep, les marchés et les échoppes ont ouvert de nouveau avec la poursuite de la trêve de 48 heures qui doit expirer samedi à 01H01 locale (vendredi 22H01 GMT) selon le pouvoir.

Cette trêve avait été annoncée par Russes et Américains après que le cessez-le-feu global entre régime et rebelles du 27 février avait volé en éclats avec la reprise le 22 avril des hostilités meurtrières à Alep.

Deuxième ville du pays, Alep revêt une importance capitale et hautement symbolique. Pour des analystes, tant que M. Assad n'a pas repris le contrôle de la cité, il n'est qu'un "demi-président".

Source : AFP

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