Baupin: ouverture d'une enquête préliminaire sur les accusations d'agressions sexuelles

  • Denis Baupin le 4 avril 2015 à Paris à l'Assemblée nationale
    Denis Baupin le 4 avril 2015 à Paris à l'Assemblée nationale AFP/Archives - Bertrand GUAY
  • La ministre du logement Emmanuelle Cosse à l'Assemblée nationale le 4 mai 2016
    La ministre du logement Emmanuelle Cosse à l'Assemblée nationale le 4 mai 2016 AFP/Archives - BERTRAND GUAY
  • Elen Debost, députée-maire du Mans, secrétaire régionale d'EELV, l'une des quatre femmes politiques qui accusent Denis Baupin, au Mans le 9 mai 2016
    Elen Debost, députée-maire du Mans, secrétaire régionale d'EELV, l'une des quatre femmes politiques qui accusent Denis Baupin, au Mans le 9 mai 2016 AFP - JEAN-FRANCOIS MONIER
  • Denis Baupin en 10 dates Denis Baupin en 10 dates
    Denis Baupin en 10 dates AFP - Kun TIAN, Alain BOMMENEL
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Centre Presse Aveyron

Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête préliminaire sur les accusations d'agressions sexuelles visant Denis Baupin, la majorité s'en remettant à la justice alors que des politiques de tout bord demandent la "fin de l'impunité" pour ce type d'agissements.

L'avocat du député écologiste a annoncé de son côté que M. Baupin, 53 ans, déposait plainte pour "diffamation" contre Mediapart et France Inter qui ont dévoilé lundi les témoignages à charge de huit femmes à l'issue d'une enquête.

"On parle de faits qui sont d'une extrême gravité. Et si ces faits sont avérés, il faut que ça soit réglé devant la justice. Et si ces faits ne sont pas avérés, il faut aussi que ce soit réglé devant la justice", a déclaré mardi à France Info Emmanuelle Cosse, épouse de M. Baupin et ministre du Logement.

Dans l'après-midi, assise au banc du gouvernement à l'Assemblée, elle a écouté, visage fermé, Catherine Coutelle, présidente PS de la délégation aux Droits des femmes, évoquer cette affaire "qui secoue notre Assemblée" et doit "contribuer à lever l'omerta qui pèse encore sur les femmes victimes de harcèlement".

Puis la ministre des Familles, Laurence Rossignol a souligné que le harcèlement "pourrit la vie des femmes" et rappelé que "quand une femme dit non, c'est non", l'écologiste Cécile Duflot utilisant aussi le début de son temps de parole pour inviter ses collègues à "s'interroger et réfléchir".

Dans la soirée sur TF1, le Premier ministre Manuel Valls a souligné qu'il fallait que "la justice fasse pleinement lumière sur tel ou tel fait" imputé à M. Baupin, "présumé innocent". Le harcèlement sexuel doit être "combattu avec la plus grande des férocités", a-t-il lancé.

Les "allégations" parues dans la presse portent "sur des faits susceptibles d'être qualifiés d'agressions sexuelles, harcèlements sexuels, appels téléphoniques malveillants", a expliqué mardi le parquet, rappelant qu'à ce stade, "aucune plainte relative à ces faits n'a été reçue". "L'enquête va s'attacher à recueillir les témoignages des victimes présumées", a-t-on encore précisé.

Mme Cosse a assuré avoir "appris" lundi ces accusations. "J'ai été très touchée en tant que femme, en tant que compagne, en tant que mère et aussi en tant que ministre", a-t-elle déclaré, recevant le soutien de la ministre de la Santé Marisol Touraine.

- 'Levons l'omerta' -

Dès lundi, alors que les faits décrits sont prescrits, des appels avaient été lancés pour que des victimes sortent du silence.

Au lendemain d'une journée entière où l'éventuelle innocence du député écologiste n'avait été évoquée que par lui-même, le ministre des Finances Michel Sapin a dénoncé des faits "épouvantables". "C'est à la justice d'établir les faits, pas à la presse ni aux personnes", a-t-il déclaré à l'unisson du reste du gouvernement.

Lui-même mis en cause pour un geste déplacé envers une journaliste, il a dénoncé une "calomnie", semblant répondre à la demande de Delphine Batho un peu plus tôt de "faire un grand ménage".

Même le président du groupe LR Christian Jacob s'est dit sur Europe 1 "prudent". "On se trouve encore dans cette situation où le procès médiatique a lieu avant celui de la justice. Et ça c'est toujours un point qui me choque", a-t-il estimé.

Mais déjà les révélations ont dépassé les faits crus rapportés pour devenir le procès de la violence sexuelle et du sexisme en politique.

"Des centaines d'ouvrages décrivent les mécanismes qui conduisent les femmes à +s'adapter+ à la situation plutôt qu'à la dénoncer", assure le collectif "Levons l'omerta" dans une tribune publiée dans Libération, signée par de nombreux politiques (Roselyne Bachelot, Julien Bayou, Chantal Jouanno, Fanélie Carey-Conte, entre autres).

Pour ce collectif, "le silence des politiques révèle avec force l'impunité, l'absence trop souvent de mesures internes dans les partis et au-delà, la difficulté même de reconnaître que ça existe - même si mezza voce, c'est connu de tous".

A l'Assemblée le groupe écologiste s'est réuni dans une ambiance "thérapie de groupe", selon une source proche. Aucune décision n'a été prise sur la nomination d'un nouveau vice-président de l'Assemblée.

Quant au député Sergio Coronado (EELV), d'une sensibilité opposée à celle de M. Baupin, il a estimé que ce dernier "s'honorerait" en renonçant à son mandat de député.

Source : AFP

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